III

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C'était au milieu de la nuit, la veille du jour décidé. Une main vint secouer mon épaule et j'ouvris les yeux pour découvrir les contours du visage de Julia, penché sur le mien.

- Mais qu'es-

- Prépare tes affaires. On y va.

Je me souviens de son sourire, j'avais appris à le reconnaître : c'était celui qu'elle faisait toujours avant de tenter ses diables. Et je sais qu'elle reconnut le regard que je lui fis en réponse : j'avais déjà peur et j'avais raison.


En silence, je me levai et commençai à me changer. Mes gestes me paraissaient hésitants et flous, comme si je n'avais pas cessé de rêver. Julia était déjà sortie, elle m'attendait dans sa voiture - le temps de regretter de lui avoir donné la clé de mon appartement, je la rejoignais.

Le trajet se déroula en silence, Julia gardait ses yeux sur la route et moi je fixais le ciel. La piscine était située dans un village voisin et nous ne nous y étions plus rendues depuis des mois. C'était comme si l'endroit avait été rayé de ma mémoire après la disparition de ma grand-mère. Un moyen de faire face comme un autre, par le silence.

La voix de Julia rompit quelque chose, dans la nuit.

- Tu sais qu'elle n'a pas été la seule.

- A ?

- Disparaître. Comme ça, d'un coup.

Elle parlait avec agressivité, de grands gestes venant compléter ses mots. J'avais ramené mes genoux contre moi et la fixais, encore mal réveillée.

- Tu as vu ça où ?

- Dans le journal. Les faits divers.

- Ça s'est passé quand ?

- Ces derniers mois. Elle a été la première.

Un temps.

- Je sais que tu rêves de ça, Opale.

Je me suis raidie.

- De quoi tu parles ?

- La piscine. Je sais que tu en as rêvé aussi.

Je restai muette quelques instants.

- C'est vrai.

Une inspiration.

- Comment tu sais ?

Julia haussa les épaules.

- Un instinct.

Le reste du trajet se déroula en silence. Sous la lumière d'un lampadaire, Julia fit arrêter sa voiture.

- On sort là.

- Ok.

Le bruit de portes qui claquent, le coffre que l'on ouvre en un clic et un clac.

- Tu sais forcer des serrures, toi ?

Elle me sourit : j'avais ma réponse.

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