II

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Eté comme hiver, les lieux nous voyaient grandir et hiver comme été, nos personnalités s'affirmaient. Avec le temps, ma soeur se faisait de plus en plus intrépide, constamment attirée par les défis les plus farfelus. A profiter de notre lien pour m'entraîner partout avec elle malgré mes peurs. Rongée par l'angoisse, je la suivais dans ses sorties les moins sûres, ses expéditions les plus risquées : elle était assez téméraire pour ne jamais reculer mais assez astucieuse (ou chanceuse) pour ne jamais avoir d'ennuis. Ce qui ne m'empêchait pas d'avoir peur pour nous, de la supplier de reculer jusqu'à ce que nous franchissions l'obstacle. Et après, toujours, elle me rassurait tout en se moquant de mes sangs d'encre.

Si elle avait su.


Toujours était-il que ni mes ongles rongés ni toutes les fois où nous faillîmes nous attirer des ennuis ne l'empêchèrent de recommencer sans cesse et moi de la suivre. C'était comme un mouvement perpétuel, dont je me plaignais sans parvenir à l'arrêter.


Lorsque notre grand-mère tomba malade, nous continuâmes de nous rendre à la piscine, seules. Le jour où elle disparut, nous décidâmes d'un commun accord, aussi tacite que fort, de nous arrêter de nager.


La période qui suivit cette décision fut étrange, floue à bien des égards. J'y repense un peu comme si elle avait été une sorte de rêve, un grand flou avec au centre, l'absence de ma grand-mère. Je me souviens que Julia s'est perdue dans ses extrêmes, m'oubliant - pour une fois - alors que je me retrouvais à chercher du réconfort dans le sommeil et les rêves.


Ces derniers étaient récurrents, précis et assez obsédants pour que je me surprenne à y penser même de jour. Je rêvais des mains de grand-maman, de sa voix, de nos moments passés ensemble. Mais surtout, je rêvais de la piscine, du bassin profond. Je la voyais plonger dedans pour y disparaître à jamais, je l'entendais qui m'appelait à l'aide.
Puis je me réveillais, systématiquement en larmes.


Un jour, Julia à table me proposa de retourner sur les lieux : les images me revinrent en tête et je me surpris à accepter sans discuter, comme si la piscine saurait rendre espoir à ma famille, nous révéler des secrets dont nous n'avions pas idée. Les nuits qui suivirent, mes visions s'intensifièrent, se précisèrent.

Jusqu'à ce que, cette nuit-là, quelqu'un les interrompe.

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