Je me souviens des étés à la piscine couverte.

Je me souviens de tout : la route pavée qui y menait, l'odeur entêtante du chlore, le chahut dans les vestiaires : ma soeur et moi étions toujours ravies de faire trempette et notre grand-mère n'aimait rien de plus que de s'asseoir au bord du bassin pour nous regarder - je savais qu'elle-même y retournait pour nager, lorsqu'elle était seule. Elle avait pris l'habitude de nous y amener chaque vacance et été comme hiver les lieux nous voyaient grandir.

Dans le bâtiment carrelé reposaient 4 bassins : le premier, pataugeoire destinée aux enfants, accueillit nos premiers jeux. Situé un peu à l'écart des autres, nous le préférâmes longtemps car nous n'avions pas besoin de savoir nager pour y jouer. Jusqu'à ce que nous apprenions et qu'un tout nouveau monde s'ouvre à nous : celui des autres bassins, où seuls les grands venaient jouer. A cette époque, je me doutais bien que nous y passerions du temps. (Je ne pouvais juste pas me douter d'à quel point.)

Le deuxième bassin, d'une profondeur normale, était réservé à ceux qui ne voulaient ni plonger ni faire des longueurs. A sa gauche, il y avait une longue piscine pleine de lignes et d'hommes à bonnets. C'était au fond du bâtiment que se tenait le bassin qui nous impressionnait le plus : celui avec l'eau la plus bleue, le grand plongeoir turquoise.

Il n'y avait, usuellement, pas grand monde dans cette eau-là : il fallait dire que le réservoir n'avait pas d'autre intérêt que sa profondeur, propice pour ceux qui voulaient plonger.

Julia était de ceux-ci.