Introduction

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NOTE DE L'AUTEUR:

Ce chapitre est une réécriture quasi-totale du premier chapitre qui sera effacé une fois que je serai satisfait de cette nouvelle mouture (je le garde à titre de comparaison car je pense que mon style a un peu évolué, et que mes idées sur l'intrigues sont plus précise qu'au moment ou j'ai écrit ce premier chapitre).

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Prologue

Un rire démoniaque résonna aux oreilles de l’assassin. Il ne se retourna pas. Il savait trop bien ce qu'il verrait. Son pied heurta un rocher, la douleur l'obligea à ralentir sa course mais il ne tomba pas. Il savait maintenant qu'il n'avait plus la moindre chance d'échapper au combat.

Il ferma les yeux et se concentra sur les bruits de course de son poursuivant. Et soudain, il se jeta sur le côté et fit tournoyer son sabre à l'endroit précis ou il se trouvait une seconde auparavant. Sa lame ne rencontra que le vide.

L'homme-loup était maintenant devant lui. Il se tenait debout sur ses pattes arrières et tenait à la main un long sabre recourbé.

— Tu es toujours aussi lent ! Il faut te rendre à l'évidence, je te surclasse : je suis plus rapide, plus rusé et plus fort que toi. Je pourrais même te battre à l'épée, un domaine dans lequel tu as la prétention d'être imbattable.

— Approche donc ! répliqua l’assassin. Et je te montrerai à quel point tu te trompes.

Pour parfaire son apparence monstrueuse, l'homme-loup portait un pantalon de toile noir, une cape et un chapeau de même couleur. On aurait dit un de ces croque-mitaines de conte pour enfants. Cependant ce n'était pas un héros de conte mais un adversaire bien réel, digne du meilleur assassin du Kytar.

— Je n'ai pas besoin d'approcher, fit l'homme-loup. C'est à toi de venir à moi. C'est toi qui doit m'affronter pour réussir l'épreuve. L'aurais-tu oublié ? Mais j'y pense, tu as déjà échoué...

Sur ces mots il disparu, l’assassin se trouvait à présent dans une sorte de serre-laboratoire ou cornues et éprouvettes cohabitaient dans le plus grand désordre avec des plantes en pot de toutes les sortes et de toutes les couleurs.

Au milieu de la grande table de travail trônait un sablier

La voix de l’homme-loup résonna à ses oreilles.

— Tu as trois minutes pour trouver le remède, Fizran. Trois minutes !

Quel remède ? Était-il malade ou blessé ? Une goutte de sang tomba sur le sol. Sur le bras de l’assassin était dessiné en rouge vif une mâchoire de loup.

Alors il comprit…

Il se mit frénétiquement à fouiller parmi les plantes et les étagères, Bellodane, Bedallone, Beldolane… aucune potion n’était la bonne, mais toutes y ressemblaient. Il n’eut pas plus de chances avec les plantes, fleur rouges et violettes, fleurs vertes et bleues, baies pourpres et bordeaux dansaient devant ses yeux sans se laisser attraper… puis, une brindille de belladone ornées de baies passa en trombe devant lui et se laissa emporter par le vent. Il se lança à sa poursuite.

Aussitôt, les autres feuilles, fleurs et arbustes s’unirent pour lui barrer la route. Usant de son sabre comme d’une machette, il se fraya un passage, reprit sa course, trébucha sur le cadavre d’un vieux magicien, mais il se releva et se remit à courir.

Ses épreuves étaient loin d’être terminées car un chameau s’était mis de la partie. Lui aussi convoitait la plante magique. Cependant, l’assassin avait retrouvé toute sa vigueur, il lacéra l’animal de ses griffes et planta sa mâchoire dans sa gorge. Personne ne pouvait se mettre en travers de sa route !

— Le temps est écoulé, ricana l’homme-loup.

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— Fizran ?

Malgré l’insistance de cette voix juvénile, l’homme ne semblait pas décider à s’éveiller, il se retourna dans son sommeil… mais une brusque douleur au flanc le fit sursauter. Il se redressa d’un bond, se palpa les côtes et en extirpa une fine fléchette en métal qu’il porta à son nez. Après l’avoir humée comme un amateur d’herbe à pipes, il la jeta négligemment à travers les barreaux de la cage.

— Jus de nébuleuse grise et graines de pavot. J’ai l’impression que tu n’as pas lésiné sur la dose.

— C’est la première fois que je dois neutraliser un loup-garou, répliqua la jeune fille. Alors j’ai doublé les doses… De toute façon, tu n’es pas le genre d’homme à mourir d’un soporifique mal dosé si j’en juge par les potions que tu prends régulièrement.

— Ah mes potions... c’est toi qui me les as volées ?

Il tenta de se redresser, mais la taille de la cage lui permit tout juste de se cogner la tête contre un barreau métallique.

— Je ne pense pas que tu me les aurais donné de bon coeur.

— Joli résultat ! Combien d’hommes ai-je tué cette nuit ?

— Juste un chameau, et tu as un peu bousculé le chamelier qui a immédiatement alerté la garde avant de se rendre au dispensaire des journaliers. Tu ne l’as pas mordu, j’ai vérifié en personne… et pour ne pas que cette visite suscite de question, j’ai fait le tour des malades et distribué des aumônes…

Elle se mit à rire.

— Et à présent, les habitants du quartiers de la Porte de Sable me prennent pour une sainte… ou ils s’imaginent que j’ai un crime abominable à expier.

— Je pencherais pour la seconde option.

— Toute la garde te recherche, coupa-t-elle redevenant brutalement sérieuse. Ou plus exactement, elle cherche un loup sanguinaire. Il n’y a pas de quoi plaisanter.

— Il ne fallait pas voler mes potions.

— Ces potions auraient tué dix fois un homme ordinaire, elles te tueront ton aussi !

— Peut-être, grogna le prisonnier, mais le sort qui m’attend si je cesse de les prendre est encore pire. Est-ce que l’Ancien est au courant ?

— C’est lui qui m’a fourni le poison et la cage, mais tu le connais : il fera semblant de ne rien savoir. D’ailleurs, il veut te voir, et c’est une simple réunion de travail à ce qu’il m’a dit… Bon je dois te laisser, L’émir Mazir est arrivé au palais ce matin et le Prince Ahmed m’a chargé de lui servir de guide.

— Hé, pas si vite !

— J’aurais oublié quelque chose ?

— Oui. Je suis tout nu dans une cage.

* * * * *

Le souterrain n’était éclairé que par quelques torches disséminées à intervalle irréguliers le long du couloir. Par endroit, il était possible de marcher quinze ou vingt mètres dans l’obscurité totale alors que certains lieux étaient éclairés par trois ou quatre torches. Mais l’homme masqué qui parcourait ce souterrain avançait sans la moindre hésitation. Il aurait pu tout aussi bien faire ce trajet dans l’obscurité totale.

Il arriva à une porte en chêne gardée par deux hommes portant des masques de cuir noir semblables au sien.

— Salut camarade, fit un des deux hommes. Quelles sont les nouvelles ?

— Le loup a mangé un chameau, répondit le nouvel arrivant.

Les gardes s’écartèrent et l’homme passa la porte. L’Ancien avait un curieux sens de l’humour dans le choix de ses mots de passe.

L’homme entra dans un petit bureau aux murs recouverts de cartes et d’étagères remplies de livres de toutes les tailles. Ce n’était pas le véritable repaire de l’ancien, mais juste un endroit ou il recevait ses lieutenants et ses visiteurs, hôtes de marque ou rebuts de la société.

Car n’importe quel gibier de potence savait que le maître des masques noirs avait son repaire dans les souterrains de la ville, et les mieux renseignés en connaissaient le chemin. Mais pour rencontrer l’ancien, il fallait être attendu et présenter un mot de passe différent pour chaque invité.

— Assieds-toi, masque noir, fit une voix sombre.

L’homme obéit sans prononcer un mot et attendit.

De l’autre côté du bureau se tenait un homme vêtu de sombres vêtements d’aristocrate breton. Le haut de son visage était caché par un masque de corbeau qui dissimulait également sa chevelure et l’arrière de sa tête. Le bas de ses joues ridées et les mèches blanches qu’il laissait dépasser ne laissaient que peu de doutes sur un âge avancé.

Et un vieil assassin est un assassin particulièrement dangereux.

— J’ai un travail pour toi, fit enfin l’homme-corbeau. Ton ancien employeur a encore besoin de tes services. Il semblerait que Nécros, un des hommes que tu étais chargé d’exécuter, soit toujours en vie et il souhaite que tu l’en débarrasse définitivement.

— Pourtant il était bien mort quand je l’ai quitté… la dose de poison aurait tué un géant des glaces. Et je lui ai ouvert la gorge pour être sûr.

— C’est tout le problème avec les magiciens, ils mettent beaucoup de mauvaise volonté à mourir… De toute façon, le résultat est là : l’homme que tu as tué est vivant et ton employeur veut que tu le tues une seconde fois. D’après son message, tu as des chances de le retrouver auprès d’un chevalier de ses connaissances, un certain Eadrom Iontach. Tu l’as déjà rencontré ?

— Oui, mais je les imagine mal ensemble… ils ne semblaient pas en très bons termes.

— Dans ce cas il est préférable que tu sois près de lui avant ce Nécros et… j’allais oublier un dernier détail.

— Lequel ? Demanda le masque noir avec une pointe d’inquiétude dans la voix.

— Ne demande pas d’argent à ton employeur. Demande lui seulement de te soigner, je suis sûr qu’il en a les moyens.

* * * * *

— Allons Hector, plus vite !

— J’essaie maître, mais ce n’est pas facile avec une jambe pourrie.

Éclairés seulement par l’éclat de la pleine lune, les deux hommes cheminaient sur une route forestière. Le premier portait une élégante robe de mage pourpre, Un noble de Brocéliande l’aurait volontiers accueilli dans un salon s’il n’avait pas eu un teint aussi pâle, et cette plaie béante au cou aussi nette que si son porteur venait d’être égorgé. Le second voyageur portait un suaire blanc comme ceux qu’on pose sur les morts au moment de les enterrer. Sa jambe droite était effectivement pourrie, on pouvait en distinguer les os.

— J’en conviens, répondit le maître, mais cela n’en est pas moins très ennuyeux. Peut-être devrais-je t’abandonner et poursuivre seul… C’est dommage car tu as été un bon apprenti et tu es toujours un bon serviteur.

— Pourquoi ne pas voyage le jour et la nuit, Maître ? Nous gagnerions du temps.

— Parce que nous sommes morts, mon brave mais stupide Hector. Je suis devenu un spectreliche d’une espèce que je n’arrive pas moi-même à identifier et je t’ai relevé sous forme de goule. Nous ne pouvons donc pas nous balader de jour sur les routes et fréquenter le commun des mortels comme nous le faisions auparavant. Si par malheur des voyageurs signalent notre présence aux autorités, quelles qu’elles soient, nous risquons d’être…

— Tués ? Poursuivi l’apprenti.

— Retardés ! Corrigea le maître.

Les deux voyageurs n’étaient cependant pas passé totalement inaperçus. Éveillé par le raclement de la jambe d’Hector traînant sur le sol, un lutin avait suivi les deux créatures et n’avait rien manqué de leur conversation. Prudemment, il se dissimula dans un buisson et attendit qu’ils se soient éloignés avant de se précipiter vers l’arbre creux qui lui servait de logis et qu’il partageait avec deux autres lutins célibataires.

— Misku ! Sokrin ! Réveillez-vous !

— Quoi ? c’est le matin ? Laisse-nous dormir, Shavari.

— Écoute-moi Misku, c’est important ! Le sorcier noir est revenu.

— Quoi !? s’exclama un des dormeurs en se redressant brusquement.

— Ne l’écoute pas, fit le troisième lutin en tirant discrètement la couverture à lui. Tout le monde sait que le mage noir est mort.

— Je sais bien qu’il est mort, proclama Shavari, il le dit lui même… il est mort mais il est quand même revenu.

Le troisième lutin se décida enfin à se réveiller.

— Shavari ! Je t’assure que si c’est encore une plaisanterie, je te promets…

— Est-ce que j’ai une tête de pixie ?

Tout le monde sait dans le monde des êtres féériques que les pixies sont enclines aux plaisanteries, généralement de mauvais goût, alors que les lutins sont appréciés pour leur sérieux et leur sens de l’honneur.

— D’accord, admit finalement Sokrin. Je te fais confiance pour cette fois ! Parce qu’un mort qui marche, je n’en ai jamais vu ! Enfin… jamais depuis la mort du mage noir, mais ça fait très longtemps.

— C’était le mois dernier, précisa Misku.

Pleinement réveillés, et conscients de la gravité de la situation, les trois lutins s’élancèrent sur les traces des intrus et suivirent leur piste jusqu’au carrefour des quatre-forêts… où les traces s’arrêtèrent net.

— Ils ont disparus ! s’exclama Shavari,

— Ils se sont cachés, émit Misku

— A moins que Shavari ne vienne de se découvrir une ascendance pixie, s’interrogea Sokrin.

— Attendez, reprit Shavari ! Le mage noir a dit à l’autre qu’ils ne pouvaient pas voyager le jour… ils se sont donc forcément cachés.

— On aurait dû accepter les guetteurs pixies quand les elfes l’ont proposé.

— Ah non, on ne va pas revenir là dessus !

— Mais dans les cas extrême…

— ATTENTION !

L’avertissement de Shavari vint trop tard. Un éclair bleuté fondit sur les trois lutins, se sépara en trois branches pour toucher chacun d’eux et les réduisit instantanément en cendre.

De ces cendres se dégagea un flux verdâtre d’énergie magique qui retourna vers deux sorciers mort-vivants, Ce flux s’enroula lentement autour de la jambe pourrie d’Hector et s’y aggloméra avant de redevenir chair.

— Merci Maître, Merci ! Fit la goule.

— A présent, nous pouvons reprendre la route, répondit simplement le spectreliche, et je crois que nous allons rattraper le temps perdu.

Sur ce petit chemin qui sentait la noisette

Y’avait trois petits lutins qui me faisaient des misères

J’y ai mis trois boules de feu, c’était vraiment super

Plus de petits lutins pour me prendre la tête

— Maître ?

— Oui ?

— Vous chantez rudement bien.

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