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Ma chère, ma très chère

Cela fait deux cent quatre-vingt-quatre jours que vous m’avez quitté, toi et tous les autres.

Pardon de ne pas t’avoir écrit plus tôt, je n’en ai pas eu le temps. Avancer vers le centre du pays est compliqué, partout le sol est encore chaud, quelque chose attise la fournaise et le vent répand les braises sans discontinuer. J’ai dû rebrousser chemin après avoir longé un mur de flammes qui s’étendait à l’horizon. Je n’ai pas pu en trouver le bout. J’ai beaucoup de mal à me nourrir aussi, heureusement j’ai trouvé dans une ville un ancien magasin que le feu n’avait pas encore attaqué. J’ai pu filtrer de l’eau de pluie hier, elle est tombée noire, comme toujours.

J’aimerais tant que tu sois là, chaque jour qui passe ton absence se fait plus pesante. Je ne sais pas combien de temps je pourrai tenir encore. J’ai besoin de toi. J’ai besoin de quelqu’un.

Bientôt je te rejoindrai, adieu ma chère, ma très chère.