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IIII IIII IIII IIII III

Ma chère, ma très chère

Cela fait deux cent soixante treize jours que vous m’avez quitté, toi et tous les autres.

De toi je n’ai plus que des souvenirs - tout ayant disparu ce jour là - qui s’estompent petit à petit à mesure que ma folie grandit. J’ai ramassé une poignée de terre humide hier et l’ai sentie jusqu’à en perdre haleine. C’est étrange, ton odeur est la seule chose qui me soit restée intacte, ton visage, ton corps nu, la caresse de tes doigts, même ton sourire, tout se brouille, devient flou les jours passant. Et ta voix, je ne me souviens plus de ta voix, ni de celle de quiconque d’ailleurs, je n’ai plus que mes murmures et mes marmonnements qui se font un peu plus bestiaux chaque jour. Mon unique lien avec mon humanité, ce sont ces lettres que j’écris puis brûle dans le vent en espérant qu’elles te parviennent, où que tu sois. Mais je ne trompe personne - j’en suis certain puisqu’il n’y a plus que moi à tromper - avec ces vains espoirs, l’idée de Dieu(x), de paradis ou de toute cette sorte de foutaises est partie en fumée avec vous autres ce jour la, je sais que vous n’êtes plus. Tu n’es plus.

Depuis plusieurs mois je suis en route pour l’Auvergne, j’espère y retrouver intacte la petite maison en pierre que mes parents avaient acheté des leurs. Tu t’en rappelles surement de cette petite bicoque où nous avions passé notre premier été. Moi c’est l’un des rares souvenirs que je garde intacts, je me souviens du fauteuil où nous faisions l’amour et de l’herbe encore chaude de la journée où nous nous allongions avec pour seuls spectateurs les pierres et les arbres. Je me souviens des champs couverts de fleurs, je t’en avais offert une d’ailleur, de la Jasione d’un bleu intense et profond, ma préférée. Et puis les forêts, à perte de vue, du vert pâle des tilleules au vert foncé des sapins, des hêtres, des chênes, des charmes et bien d’autres encore. J’ai petit espoir que ceux ci n’ont pas brûlé, ça me foutrait un coup. Et puis il y avait ce ciel, la nuit, je ne crois pas avoir jamais vu autant d’étoiles dans un ciel, nous y inventions des constellations inconnues, comme seuls les amoureux savent le faire. D’où je suis, je n’en vois aucune, tout est brouillé par la fumée, tout est noir, tout est cendre.

Bientôt je te rejoindrai, adieu ma chère, ma très chère.

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