019 Installation

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  - Et Maintenant, je vais vous emmener dans le local qui vous est réservé : trois bureaux, une salle de réunion, et un local technique, comme vous me l’avez demandé.

Le Président faisait visiter les différents bâtiments de la mine à Christa Kalenberg depuis plus d’une heure. Elle avait tout d’abord été impressionnée par le dispositif de sécurité, placé à l’entrée par Steve Maroco. Ses hommes étaient à la fois lourdement armés, et équipés de moyens de communication ultra-modernes. Elle avait fait semblant de ne pas connaître Steve, ce qui avait eu l’air de l’amuser beaucoup. Heureusement, leur client commun n’avait rien remarqué.

Elle avait ensuite rencontré les contremaîtres encore présents, malgré l’arrêt de l’exploitation. Enfin, après la visite des locaux qui lui étaient réservés, ils se retirèrent dans le bureau du Président, pour définir le travail à réaliser.

  - Voilà, vous avez fait le tour des installations. Pour tout problème d’accès ou de sécurité, voyez avec Steve Maroco. Pour l’accès aux puits, vous connaissez maintenant les contremaîtres responsables. Si vous avez des besoins complémentaires, adressez-vous à mon bras droit, M. Donério Dornier. Il ne vous manque rien ?

  - Rien, sinon la définition du travail que vous attendez précisément de moi.

  - J’allais y venir. Il est évident que nous connaissons très bien le sous-sol de la mine. Cependant, les derniers glissements de terrain ont pu bouleverser les strates. Je vous demanderai donc de vous intéresser au puits N° 4 et, plus précisément, à ce qui se trouve autour de la zone moins cinq cent dix mètres. Recherchez, en particulier, toute anomalie qui pourrait se trouver à proximité, même s’il ne s’agit pas de filon exploitable.

  - Il ne s’agit donc pas de juger de l’opportunité de rouvrir ou non la mine.

  - Absolument pas. Je vous le confirme. Quel planning pouvez-vous me proposer ?

  - Hum…Deux jours pour nous installer et remonter notre matériel qui est en partie en pièces détachées dans des caisses, plus deux jours pour effectuer un premier relevé depuis la surface. Est-il possible de descendre dans le puits ?

  - Actuellement ? non. Mais une équipe est prête à vous ouvrir un chemin, pour vous rapprocher autant que faire se peut de la cote –510.

  - Pour cet examen approfondi, la durée de l’opération dépendra des conditions de travail, et aussi de la nature de ce que nous trouverons. Je dirais 6 jours, si nous pouvons approcher à moins de 150 mètres de la zone concernée.

  - Cela me convient. J’ajouterai une dernière précision : vous ne rendrez de comptes qu’à moi-même. Pour mes collaborateurs, vous êtes là pour estimer les dégâts causés par le glissement de terrain. Il va sans dire que je vous demande la plus extrême discrétion sur les résultats de votre travail.

Christa sourit.

  - J’ai toujours estimé que ma plus-value s’appuyait sur deux choses : ma compétence et ma discrétion.

  - C’est pour cela que vous êtes chère !

  - Le juste prix n’est jamais trop élevé. Il correspond à un type de prestation particulier, et si j’ose dire sur mesure. Dans quatre jours, vous aurez mon premier rapport sur votre bureau.



En sortant de chez le président, elle croisa Steve Maroco.

  - Alors, le patron a donné ses instructions ?

  - Oui, et ne comptez pas sur moi pour vous en parler.

Steve eu un petit rire.

  - Je ne vous le demande pas. Mais au moins, est-ce très éloigné de ce que je vous ai raconté au bar des Sirènes ?

Son regard était presque moqueur. « Il se fout de moi » pensa Christa . Pourtant elle n’arrivait pas à lui en vouloir. Elle fit une petite moue.

  - Dans l’ensemble vous étiez dans le vrai.

  - Ce que je traduirai par : « j’ai mis en plein dans le mille ! ».

Agacée Christa haussa les épaules. Il ne la laissa pas protester.

  - Je vous attendais pour préparer les badges de votre équipe. Venez avec moi.

Il l’entraîna dans son bureau.

  - Permettez d’abord que je vous présente mon équipe d’officiers. Tout d’abord Erin, mon bras droit.

Erin était une grande femme, plus d’un mètre quatre vingt, mince, le crâne rasé, la peau matte. Son visage n’exprimait aucune émotion et sa poignée de main était énergique.

  - Carlos, mon pilote. Un as en acrobaties aériennes, à l’aise aux commandes de tout ce qui vole roule ou flotte. Son surnom est « petit torro », et d’après les femmes, ce n’est pas seulement à cause de sa musculature avantageuse.

L’allusion graveleuse tira un petit sourire à Christa. Le « petit torro » était de type hispanique comme son prénom le laissait prévoir, pas très grand mais solide. Et plutôt mignon ! La présentation faite par son chef n’avait pas l’air de le déranger, mais il garda une attitude réservée.

  - J’ai encore deux officiers, non présent à cette heure, Rob, notre artificier et Anton notre médecin. Vous aurez l’occasion de les rencontrer plus tard. Tous les noms que je viens de vous donner sont en fait des pseudonymes. Je suis le seul à œuvrer sous ma vraie identité. Mais, par pitié, appelez-moi Steve, et surtout pas Monsieur Maroco ! Enfin, j’ai quatorze soldats qui assurent les gardes et les rondes. Si vous avez un besoin quelconque concernant la sécurité, vos interlocuteurs sont Erin et moi-même. A défaut, et en cas d’urgence, les autres officiers. Les soldats ne sont pas habilités à prendre des décisions.

Steve remis à Christa un document résumant les procédures de sécurité mises en place, et lui fit remplir les documents d’identification permettant de réaliser les badges de son équipe. Une fois ceux-ci remplis elle s'apprêta à retourner vers son équipe.

Christa prit rapidement congé:

  - Je vous laisse. J’ai beaucoup de travail en perspective et un timing très serré.

Elle partit d’un pas décidé. Steve la regarda s’éloigner, admirant autant son tempérament que ses courbes gracieuses, malgré le vêtement strict.

  - Comment la trouves-tu ? - demanda-t-il à Erin.

  - Pas mal…Tu aurais pu éviter le coup du « petit torro » !

  - Je voulais voir comment elle réagirait. Visiblement elle n’est pas bégueule. Allez, on les fait ces badges ?



Un peu plus tard, Christa était en pleine installation lorsque Steve et Erin vinrent lui apporter les précieux sésames. Dans une grande salle, de nombreuses caisses avaient été ouvertes, et tout le monde était affairé à remonter des machines aux fonctions mystérieuses pour les mercenaires. Visiblement chacun connaissait son rôle et s’activait sans paniquer. Christa, au milieu de tout ce chantier, donnait des indications courtes et précises, d’une voix mesurée. Steve remarqua que, bien qu’elle soit plus jeune que ses employés, personne ne discutait ses décisions. Il jeta un coup d’œil à Erin qui murmura :

  - Une poigne de fer dans un gant de velours !

Il hocha la tête. Les apercevant, Christa leur sourit et fit quelques pas vers eux. Steve montra les badges.

  - Ils sont quasiment finis. Il ne manque plus que les photos. Vos employés n’auront qu’à passer dans mon bureau, quand ils auront cinq minutes, nous avons tout ce qu’il faut pour les réaliser.

  - Compris. Je vous les enverrai un par un, pour ne pas vous déborder, ni nous faire perdre trop de temps.

  - Je pourrais quand même vous parler deux minutes en aparté ?

  - Oui, bien sûr. Venez dans mon bureau.

Une fois la porte refermée, Christa s’enquit du problème justifiant cette précaution.

  - Vous avez dans votre équipe un certain Gérard Lepin.

Elle fronça les sourcils.

  - Oui, effectivement.

  - Travaille-t-il depuis longtemps avec vous ?

  - Six mois environ. Pourquoi ?

  - Cela m’ennuie de mettre la question sur le tapis, mais savez-vous qu’il a eu des démêlés avec la justice ?

Christa soupira.

  - Je ne pensais pas que ceci allait ressortir si vite. Comment le savez-vous ?

  - Je vous avais déjà dit sur Ursianne que j’avais l’habitude de vérifier où je mettais les pieds. Si je veux assurer la sécurité de ce site je dois connaître le «pedigree» de tous ceux qui y travaillent. Et ce Lepin me pose problème. Est-ce un point faible possible ?

Christa réfléchit quelques secondes.

  - Savez-vous pourquoi il a un casier judiciaire ?

  - Pas encore, mais c’est une question de temps. Vous l’ignorez ?

  - Non. Je l’ai embauché en connaissance de cause.

  - Qu’a-t-il fait ?

  - Une affaire de mœurs. Il aimait un peu trop les très jeunes filles…

Steve Maroco ne cacha pas sa surprise.

  - Et ça ne vous a pas arrêté ?

  - Il ne s'agit pas de viols, mais disons qu'il savait y faire pour les approcher. Il a été jugé, il a fait de la prison, il a même suivi un traitement psychiatrique volontairement. Mais, dans notre société, cela ne suffit pas. Quand on est un vilain petit canard, on le reste toute sa vie ! En sortant de prison, il n’a pas réussi à trouver du travail, et lorsque je l’ai rencontré, il était à bout, à la limite de la clochardisation. J’estime qu’il a droit à une seconde chance. Et depuis que je l’ai embauché, je n’ai rien eu à lui reprocher. Mais c’est vrai qu’il lui est très dur de se réinsérer. Ses collègues ne l’aiment guère, bien qu'ils ignorent son histoire, et lui-même est un peu…sauvage. Il a beaucoup souffert en prison, et après aussi d’ailleurs. Je compte sur votre discrétion : si notre client l’apprenait…

  - Le problème n’est pas là, je ne lui dirai rien. C’est vous qui avez la responsabilité de votre personnel. Cependant je compte garder un œil sur toute personne susceptible d’être un point faible.

  - Et bien sûr, le fait qu’il ait un casier judiciaire fait de lui un suspect. Gunther pourrait avoir des dettes de jeu ou Rangoon une maîtresse dispendieuse, mais comme ils sont propre sur eux…

  - Ne vous énervez pas. Je voulais m’assurer que vous étiez au courant. Puisque c’est le cas, je vous laisse seule juge.

Devant la vive réaction de la jeune femme il préféra ne pas insister. Cet homme serait surveillé et on verrait bien ce qu'il fait..ou pas.

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