Chapitre 37 - Saorsa

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Cela m’agaçait profondément, le comportement de ce loup. J’avais pu lire sa lignée en un battement de cil, il avait vu la mienne, mais il n’avait rien voulu dire. Et je notai le regard de Liliraele sur la jeune barde brune. Elle avait sacrément bon goût, la rouquine semblait être une boule de nerfs, mais je me retournai complètement vers les Bardes et Conteurs pour apprécier leur spectacle. Je levai ma chope vers elles :


« Qu’allez-vous nous raconter ? Maîtresses des chants et des histoires ?

- Et bien, et bien ! Fille de guérisseuse, que dirais-tu de l’histoire du père des princes. »


J’en recrachai ma bière par le nez et Liliraele me tapota le dos, la barde brunette rit doucement et la rousse fit une cabriole, la blonde s’approcha du feu.


« Les princes n’ont pas de père !

- Laissez-moi vous conter cette histoire alors ! »


La brunette pivota sur elle-même en écartant les bras, la rousse se coula à son côté et les flammes se mouvèrent au centre de la taverne pour former le tableau de l’histoire.


« Ce matin-là, les princes étaient partis à la chasse, Eoran avait un grand faucon sur son épaule, Itham son arc et Aolis l’imitait. Ils avaient onze et treize ans nos fiers princes, vêtues de leur cape de fourrure, de leur armure de cuir et chevauchant avec fierté leur Tyrolt jusqu’aux cœur de la forêt. Ils chassèrent quelques lapins dans la neige du printemps avant que le son de corne ne leur fasse faire demie-tour. Hâtivement, ils remontèrent vers le château, galopant aussi vite que le vent avant de s’arrêter en bord de route pour regarder les étendards.


« Le clan de l’aigle ? »


Fit le prince Itham, les sourcils froncés, en regardant avec attention les guerriers. Eoran, l’imita, portant à ses yeux sa main pour éviter un reflet du soleil.


« Ils sont nombreux, Aolis ? Mama les avait invités ?

- Pas que je sache. Allons-y ne traînons pas.»


Les princes talonnèrent à nouveau leur monture qui grimpèrent courageusement la côte et un cri résonna dans l’air froid du midi :


« Aalrika ! »


Les trois frères échangèrent un regard avant d’arriver dans la cours, l’homme, le chef du clan, braqua son regard sur les trois jeunes hommes, leur mère descendait tranquillement les marches avec son épée et son poignard pendant à son flanc.


« Steinkeel, de la tribu de l’aigle, qu’est-ce que tu viens faire ici ? »


L’homme était encore à cheval alors que les jeunes garçons s’avançaient également à montures en fronçant les sourcils. Leur mère restait très calme alors que l’homme semblait s’agacer.


« Je veux parler de mes fils.

- Tes fils ?

- Je suis le père légitime des princes, je souhaite les avoir ! »


Les frères se regardèrent, surprit, et descendirent de cheval, Itham souleva son frère sur son dos. Aalrika observa ses fils.


« Eoran, Itham, Aolis ? Souhaitez-vous aller avec lui ? »


Les trois frères se regardèrent avec attention, sachant ce qu’ils devaient dire et ce qu’ils voulaient dire. Aolis prit simplement la parole :


« Nous n’avons pas de père.

- Rentrez à l’intérieur. »


Ordonna la reine avant de faire signe, la porte se referma derrière les princes et celle de la forteresse l’imita. Le sang abreuva la terre de la cour ainsi l’aigle ne vola plus. »


Je finis ma bière. Elle avait fait massacrer un clan… en même temps réclamer la paternité des princes c’était pas une bonne idée. Je hochai la tête, il eut des rires et des applaudissements, je les imitai, la brunette avait une voix très douce, emplis d’intelligence… J’aimais bien, je donnai un petit coup de coude à Liliraele. La rousse, accroupie sur une table, applaudie à son tour et la blonde arrêta les flammes qui retournèrent sagement dans la cheminée.


« Après l’histoire, laissons notre adorable Abi reposer un peu sa voix ! Chantons et dansons ! Yieepi Yiipiii ! »


Elle claqua des mains et ses compagnons musiciens se mirent à jouer lyre, flûte et tout cela en cœur, la rouquine sauta au sol, se débarrassant de sa cape, dévoilant ses bras nus et tatoués avant qu’elle ne se mette à danser avec ses compagnes. La langue était vive, les jeux de mots amusant, une simple chanson de question réponse et plusieurs se mirent danser avec elle, la brune chanta également à nouveau. Je ris en applaudissant joyeusement, la brune se faufila entre les gardes, attrapa la main de ma sœur et je la poussai pour l’obliger à aller danser un peu. Ce fut la rousse qui vient m’arracher de ma place avec un rire. Ça faisait du bien de retrouver ce genre d’ambiance.


Et autant dire que le lendemain, j’avais un peu mal à la tête, mais rien à voir avec les fluides, juste un petit manque de sommeil et un peu trop de boisson. Si dans le sud Sadralbe pouvait faire ce qu’il voulait, ici, les gens étaient bien plus près les uns des autres et attentifs. Et avec des loups… Je reniflai l’air en rajustant ma cape autour de mes épaules, les loups, il y en avait dans le coin. Nombreux ? Non, deux… Nous étions surveillés… La route se poursuivit calmement, les plaines et les plateaux se succédèrent suivit de forêts.


Il n’y avait pas toujours d’auberge alors parfois on devait dormir chez l’habitant. Je finis par me redresser sur ma selle, observant la chaîne de montagne, les sourcils froncés :


« Il y a un problème ? »


Wilkin. Je secouai la tête et désignai un édifice en ruine et brûlé :


« Il y avait une tour de garde avant, la Tour grise, elle n’y est plus.

- Pourquoi ? »


Je me tournai vers Sadralbe, une moue méprisante étirant mes lèvres :


« Si je le savais, je ne serais pas étonnée de la voir détruite. La dernière fois que je suis venue, elle se dressait… »


Quoi que si les loups gardaient les frontières… Mmph… Je regardai le fleuve sur lequel naviguaient barques, et autres bateaux. Je caressai doucement l’encolure de mon cheval qui s’ébroua. On arrivait enfin au château, debout sur une montagne, les flancs étaient couverts de la forêt et je savais que le lac était pas loin. Mais en soit, une seule route montait jusqu’au château. J’eus un large sourire, le décor n’avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois. Je regardais les tours, les murailles épaisses, mélange de pierre et de bois… Il s’élevait aussi bien dans le ciel, qu’il s’enfonçait dans le sol. Cela avait été ma maison sur un an en tout… Je fermai les yeux en inspirant profondément pour repousser quelques souvenirs, la longue tresse blondes cendrées de ma mère, piqué d’herbe…


Le glatissement d’un aigle me fit lever la tête et je souris avant de tourner la tête en entendant un bruit de cavalcade dans les bois, des cris s’élevèrent autour de nous. Une ombre passa et je talonnai mon cheval en poussant un cri. Il bondit en avant et je me mis à galoper en direction de la forteresse, alors que deux ombres jaillirent des bois, les jumeaux, sur leur Barbe aux membres, au galop, rentrant d’une partie de chasse. Je me fichai du reste du convoi, qui de toute manière suivait à son rythme, j’étais rentrée à la maison, j’étais enfin rentrée à la maison.


Je ne comptais pas repartir.

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