Sous le masque familiale

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Mickaël
L'après-midi du 25 février


Cette nuit a été épouvantable, je ne cesse de ressasser des vieux souvenirs encore et encore. L'emprise de ma famille sur toute mon existence, hante dorénavant continuellement mes rêves, et mon esprit se perd dans les méandres de mes pensées. Depuis que je suis allé me rendre sur la tombe de ma mère, tous ces souvenirs enfouis me sont revenus, en y réfléchissant, j'estime aujourd'hui que c'était une mauvaise idée.

La Doctoresse Aurora est en ville, alors que je ne pensais plus la revoir. À l'époque, elle avait été poussée à quitter la ville par ma famille. Que peut-elle bien faire à Paris et me vouloir ? J'espère qu'elle ne va pas essayer de remuer dans le passé, elle pourrait ne pas y survivre. Il y a bien pire dans cette ville que mes tendances psychopathes, comme une vieille famille aristocratique, et ses sombres secrets. Il faut impérativement que je la retrouve, afin de la forcer à partir de cette ville. Je suis entièrement responsable de tout ce qu'elle a pu voir, ce soir-là. Je n'aurais pas dû m'impliquer là-dedans, elle ne pouvait pas comprendre la situation, et elle ne le pourra jamais.

Le café, où j'ai donné rendez-vous à ce Samuel, n'est qu'à quelques pas. D'où je suis, je ne peux qu'apercevoir une femme, à travers la vitrine du magasin. Elle doit avoir la quarantaine d'années, elle me rappelle curieusement une personne. Elle possède un style simple sans extravagance, pourtant sa posture singulière, et ses petites lunettes rondes éveillent certains souvenirs de ma mémoire. Et si cet énigmatique Samuel désignait une affabulation, pour que la Doctoresse Aurora dissimule son identité ? En tout cas, je préfère largement que Samuel soit Aurora, qu'une aventure de Célia. J'entre dans le café, et je vais me poser sur la banquette, devant la Doctoresse Aurora. Ses yeux, écarquillés de peur, croisent mon regard, et elle me somme de m'écarter. Elle me traite de meurtrier, puis insinue que je pourrais faire autant de mal à Célia, que j'en ai fait à ma tante Isabelle et Ayano Shiraishi.

Je lui glisse un sourire et lui indique à l'aide d'un chèque, qu'elle devrait quitter Paris, pendant qu'il en est encore tant. Je l'avertis que je lui laisse une chance, pour passer son chemin et oublier mes histoires, sinon ses enfants perdront leur mère. Un accident semble si vite surgir à l'ombre d'une rue. Son regard me paraît déconcerté, elle range immédiatement la photo de ses enfants dans son sac à main. Toutefois, elle ne s'avère pas être résignée à disparaître de ma vie et de cette ville. Elle veut faire découvrir à tout le monde ce qu'il se cache, sous le masque familial parfait, que j'incarne autant que mon sang. J'empoigne sa main, afin de lui souhaiter bonne chance dans sa quête de justice, et lui formuler mes adieux. Tout cela n'est plus de mon ressort, ceux qui provoquent des problèmes à ma famille, ne sont pas des personnes valeureuses, seulement des suicidaires. Je respecte cette femme, et cela me plairait qu'elle vive une belle et longue existence, mais elle est libre de se sacrifier à la faucheuse, sur l'autel d'un idéal de justice.

Cette voix, transperçant les époques et les âges, m'obsède, les paroles de La Môme Piaf résonnent à chaque instant au plus profond de mon être. Je revis toutes mes erreurs passées et tous mes futurs tourments. Je ne peux plus vivre ainsi, et surtout revenir à ce genre d'agissements répugnants comme menacer Madame Aurora. Quoi qu'il en soit, blâmer ma vie ne m'apporte uniquement qu'une indéfinissable torture, il ne me reste alors qu'à accepter ce que j'ai été, et ce que ma famille a pu faire. J'ose espérer que toutes ces victimes ont réussi à atteindre la paix, même si m'accrocher à cela n'arrange clairement pas le deuil de leurs proches. Sandrine, Ayano et sûrement tant d'autres disparus qui ne seront jamais vengés pour protéger les membres d'une puissante vieille famille. Pour ma part, je m'efforce d'aborder la vie à sa manière : non, rien de rien, non, je ne regrette rien.

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