Chapitre 3

4 minutes de lecture

Écrit en écoutant notamment : Jaz von D – Introfuse

Je repose mon bouquin et m’allonge dans mon lit. Je ne me trouverai pas de mec de sitôt, par contre ma main gauche, elle, ne me lâchera pas. En plus, ça fait un moment que je n’ai pas maté un film X ; je peux bien me l’autoriser ce soir. Je commence d’abord par quelques caresses en passant sur mes cuisses, mes abdos, puis sur mes fesses. Cette dernière zone particulièrement sensible achève de m’exciter pour de bon.

Je fais défiler les pages d’un site de films gays et sélectionne rapidement une scène avec un acteur dont j’ai déjà vu le nom et qui me plaît bien, Nils Foxx. Son jeu d’acteur n’est même pas si mauvais, comparé à celui de son partenaire, qui se contente de réciter son texte tel un collégien devant sa classe. Faisant sûrement honneur à son nom, il enfile un costume de renard avant de se mettre à quatre pattes sur le lit. La pose est… étonnamment séduisante.

***

Mon réveil sonne à sept heures et demie. Je prends un bon quart d’heure pour émerger définitivement et préparer mes affaires pour la journée de stage. Quand j’étais encore en cours, je profitais en général d’au moins une grasse matinée par semaine, avec un premier cours à dix heures… Désormais, même régime chaque jour. Un arrêt à la boulangerie sur mon chemin est le bienvenu, car cette fois-ci, mon estomac crie véritablement famine.

Bien que notre open space soit situé au cinquième étage du bâtiment, j’emprunte comme d’habitude les escaliers : c’est le minimum lorsqu’on passe sa journée assis devant un ordinateur. Je vais saluer les collègues de mon équipe ainsi que mon manager, qui me lance un grand sourire.

Mon poste favori, dans un coin le long de la baie vitrée, est encore libre. J’aime bien pouvoir rêvasser de temps en temps en jetant un regard aux grands arbres qui se dressent à l’extérieur. Normalement, je ne devrais pas trop m’arracher les cheveux aujourd’hui, il s’agit simplement de constituer ma présentation pour vendredi, après-demain.

***

Une pause-café initiée par la secte des drogués du petit noir m’entraîne vers la cafétéria vers dix heures et demie. Alors qu’un collègue un peu trop volubile me retient en otage depuis dix minutes avec des détails incompréhensibles sur ses projets, mon manager passe et m’intime de le suivre. Timing parfait !

  • Viens, j’ai réservé une petite salle de réunion pour notre point.

Je vais enfin pouvoir signer ce contrat, ça fait plutôt plaisir ! Il referme la porte derrière moi et se laisse tomber sur un des quatre sièges de la salle.

  • Alors Martial, parlons de ton avenir chez nous.
  • Yes, allons-y !
  • Tout d’abord, je souhaite te féliciter pour ton travail de grande qualité au cours de ces cinq derniers mois. J’avoue que ta contribution aux projets a même bien dépassé mes espérances.
  • Merci, en même temps, les sujets étaient vraiment passionnants. J’ai hâte de découvrir mes nouveaux sujets de travail.
  • C’est précisément là que je voulais en venir. La conjoncture pour le deuxième semestre n’est pas bonne, car un partenaire nous a lâchés sur un très gros appel d’offres. Ce qui fait que la direction a décidé de geler les recrutements jusqu’à nouvel ordre, et ce dans toutes les équipes.
  • Quoi ? manqué-je de m’étrangler.
  • Crois-moi que je suis tout aussi déçu que toi, je crois que beaucoup de monde aurait apprécié que tu restes parmi nous.
  • Mais c’est pas tombé du ciel du jour au lendemain, si ?
  • Non, effectivement, la direction en parle depuis un mois et demi, mais on ne pouvait rien dire tant que la décision n’était pas officiellement prise. Tu comprends ?
  • Oui, évidemment.
  • Je suis certain que tu trouveras très facilement un poste tout aussi intéressant ailleurs. Je pourrai même te filer deux ou trois contacts.
  • Ah, merci…
  • Et donc, la revue de projet pour vendredi, ça avance ? …

Je quitte la salle de réunion après avoir marmonné un « ouais… ». Bordel, tous ces efforts pour rien… c’était juste le taf parfait pour moi ! Et puis quel faux-cul, ce mec ! Il me faisait encore de grands sourires ce matin en sachant pertinemment ce qu’il allait m’annoncer. En plus de ça, il voudrait que je continue à travailler docilement comme si de rien n’était !

Je me rassieds devant mon ordinateur sans la volonté de taper sur la moindre touche du clavier. Mon regard se perd au-dessus de l’écran ; tout cet espace que je m’étais approprié, les collègues avec qui j’ai déjà noué des liens, tout ne sera bientôt plus qu’un vague souvenir. Je fais semblant de travailler jusqu’à midi, en changeant d’onglet toutes les quelques minutes pour parfaire l’illusion. De toute façon, à quoi bon me fatiguer une heure de plus pour eux ? Je me suis déjà assez fait exploiter avec mon salaire misérable et mes heures supplémentaires.

Une notification m’indique que mes collègues ont ouvert un sondage pour choisir le restaurant de ce midi. Je n’ai strictement aucune envie de participer ; avec la gueule que je dois avoir, je serais capable de plomber une fête de mariage entière. Je préfère les informer que je ferai mon après-midi en télétravail et quitte déjà le bureau à onze heures cinquante. L’avantage, c’est qu’à cette heure-ci, les bus ne devraient pas être bondés.

En arrivant chez moi, je laisse tomber mon sac dans l'entrée et m’affale directement sur mon lit en empoignant un coussin. Pourquoi est-ce que je suis obligé d’être si malchanceux ?

Je n’ai strictement rien envie de faire cet après-midi, alors pour ne pas trop éveiller de soupçons, je me crée quelques réunions Teams factices afin de paraître indisponible. Je n’aurais qu’à répondre une ou deux fois aux éventuelles sollicitations... si on a besoin de moi, ce qui ne semble vraiment pas être le cas.

Un message de Sarah s’affiche sur mon téléphone :

  • Alors, t’as signé, c’est bon ?

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