CHAPITRE 4

8 minutes de lecture

“Open your eyes now

Open your eyes now

It’s time to leave

It’s time to leave me” [1] — Open your eyes de Andrew Belle


DAVID


Ce soir j’ai terminé plus tôt le travail, je profite de l’absence de Ryan pour vérifier quelque chose dans la chambre. Il y a de ça quelques jours, il était là à remettre l’armoire à sa place, je me suis convaincue qu’il m’avait dit la vérité. Mais je n’ai pas arrêté d’y penser et j’ai besoin de savoir que j’ai psychoté pour rien. Jusqu’à maintenant je n’ai pas eu l’occasion d’être seul pour le faire et c’est le moment ou jamais.

Sauf qu’à présent je ne sais pas quoi faire, je suis là à la regardé espérant qu’elle réponde à toute mes questions. Il ne m’a jamais menti, mais il a changé et maintenant je dois m’attendre à tout. C’est en prenant mon courage à deux mains que je déplace l’armoire.


Ce n’est pas vrai, est-ce qui lui apprit ? Il y en a partout, des photos, des articles de journaux, des post-its, des e-mails et j’en passe, ils recouvrent intégralement le dos de l’armoire et le mur derrière. Il a entouré en rouge toutes les fois où le prénom de Drew est marqué, sa photo est entourée avec une cible sur la tête, des centaines de carrée jaunes répètent la même chose « Pourquoi ? », « pourquoi il n’y a aucune preuve ? » « Pourquoi qu’on ne l’arrête pas ? » cetera. Je reste bouche bée devant tout ça, je savais qu’il n’allait pas bien, mais pas à ce point-là. Cette vengeance tourne à l’obsession, il est en roue libre dominé par son impulsivité qui le mène droit vers la folie et la mort. Je tape contre l’armoire, je le déteste, je me déteste j’aurais préféré avoir tort, qu’il aille bien et que je m’inquiété pour rien.


Assis sur le lit j’attends son retour, pas question que je ferme les yeux. Il faut qu’on ait une discussion et vite, parce que ça ne peut plus continuer comme ça, continuer de faire semblant que tout va bien.

— Je suis rentré, dit-il, David t’es là ?

— Oui dans la chambre, je réponds la tête entre mes mains.

Quand il voit l’armoire déplacer et son secret mis à nu, son visage se décompose, je le regard gravement et il répète ses mots qu’on a entendus tellement de fois.

— Je peux tout expliquer.

— Pas besoin. Tu as changé et on le sait tous les deux, cependant je pensais encore que celui que je connaissais été là, à ce battre. Tu dis que tu fais ça pour nous protéger, mais c’est pour toi que tu le fais. Je n’ai jamais eu mon mot à dire, j’ai essayé, tu ne m’as jamais écouté. Tu ne m’as jamais laissé t’aider, tu n’as fait que me mettre à l’écart encore et encore. Pas pour me protéger, non, pour que j’évite que je te mette des bâtons dans les roues. Tu ne vis que pour cette enquête et rien d’autre.

— Tu ne sais pas de quoi tu parles, c’est pour ça qu’on en jamais discuté avant, je savais que tu réagirais comme ça, que tu voudrais que j’arrête tout. Mais je ne peux pas.

Avec colère je me lève du lit, il dépasse les bords.

— Je ne sais pas de quoi je parle, Drew m’a fait souffrir aussi, pas comme toi certes, mais il m’a kidnappé, m’a frappé et il a menacé de me tuer. Oui je veux qu’il aille en prison pour tout ce qu’il nous a fait. Mais pas au prix de m’emprisonner là-dedans. Je veux juste que tu prennes conscience d’où tu en ais, tout ça ne fait de bien à aucun de nous et au fond de toi tu sais que j’ai raison. Je crois… (Je pris une grande inspiration, pourquoi ces mots ont tant de mal à sortir) je crois qu’on devrait… qu’on devrait se séparé (je ne veux pas croire que j'ai dit ça) L’homme que j’aime est parti et je doute qu’il revienne. Tu n’as plus besoin de moi Ryan.

Ma voix se brise, il me regarde sans y croire, les larmes aux yeux et pour tout dire je suis dans le même état. J’ai eu le temps d’y réfléchir, j’espérais ne pas en arriver là, à quitter celui que j’aime encore. Mais son combat est devenu plus important que sa vie, que nous. Aussi douloureux qu’elle soit j’ai pris ma décision. Je passe la porte et me dirige vers l’entrée.

— David, s’il te plait, tu ne peux pas me laisse comme ça. Je ne voulais pas te blesser, je t’aime, j’ai besoin de toi. Ne m’abandonne pas s’il te plait, on peut trouver une solution, ça ne peut pas ce terminer comme ça. Je ferais tout ce que tu veux, mais reprends moi.

Je ne me retourne pas, si je le regarde je ne pourrais plus partir, avec une grande inspiration, mes larmes refoulées je passe la porte. Je reste un moment sur le palier, devant cet appartement qu’on a acheté tous les deux. Je me souviens de tout ce qu’on vécu ensemble, de notre premier chez nous dans le Minnesota et de la joie d’un nouveau départ, nos premières disputes, du premier je t’aime le jour de la Saint-Valentin, de l’amour dans ses yeux chaque fois qu’il me regardé et le pilier qu’il était dans ma vie. Avec lui tout a été une première, avec lui je n’avais pas peur qu’on m’abandonne. On a tout vécu et tout surmonté à deux et ça fait longtemps que je ne me suis pas retrouve tout seul. Le pire s’est de l’entendre, taper contre la porte, me suppliant de revenir, d’entendre ses larmes. Je finis par partir parce que le faire souffrir me fait mal, parce que j’ai envie d’ouvrir cette porte de le prendre dans mes bras et de l’embrasser avec l’amour que j’ai pour lui.


Je suis sur la route, allant tout sauf dans un bar même si j’aurais bien besoin d’être saoul. Je n'ai pas envie d'être seul, mais ma mère s'inquiéterait et me posera mille questions, Eliott a une famille il n'a pas besoin de problème supplémentaire, Liam habite sur la côté ouest, il doit bien être vingt-deux heures chez lui, il dort probablement. Il ne reste que Thomas, ma dernière bouée de sauvetage. Je parviens à trouver son adresse et sonne à son appartement.

— Salut David, est-ce que tout va bien ?

J’ai les yeux rougis, j’ai l’air d’une épave et je ne sais plus où j’en suis.

— Non, est-ce que je peux loger chez toi quelque temps ?

— Oui pas de problème. Raven tu peux nous prends des bières.

— C’est comme si c’était fait.

Je remarque alors un apéritif sur la table et une jeune femme assise dans un fauteuil.

— Oh merde je viens de gâcher ta soirée. Je suis désolé, vais trouver un endroit pour dormir.

Je me lève, mais Thomas me retient.

— David, je ne sais pas ce qui t’arrive, mais il ne faut que tu restes seul. Au fait, elle s’est Sophie la petite amie de Raven. Sophie je te présente David un ami et un collègue de travail.

— Enchanté, je suis désolé de ce qui t’arrive. Euh tu veux en parler on ait là, me dit-elle

— C’est gentil, mais si je le dis ça deviendra réel.

Elle hoche la tête compréhensive et je m’assois sur le canapé. À peine les bières ramenées par Raven, que j’en porte une à mes lèvres. J’ai envie de pleurer, mais je n’arrive pas à ouvrir les vannes. C’est comme si, mon cerveau n’assimiler pas le fait, que j’ai mis fin à la seule histoire d’amour que j’ai vécue. Comme s’il voulait me faire croire que je changerai d’avis. Cette sensation est tout simplement horrible, elle te prend toute ton énergie essayait de te faire croire que tout finira par s’arranger ou pire que tu as pris la bonne décision. Mais y a-t-il une bonne décision quand les sentiments sont toujours là ? Qu’on doit les enfermer quelques parts pour ne pas s’autodétruire ? Quand on s’en veut d’avoir blessé ou devrais-je dire anéantir la personne qu’on aime ? Horrible s’est le mot qui me définit actuellement.

À l’exception de Thomas, on a passé la soirée à boire ou plutôt ils m’ont regardé vider un pack de bières entier, l’air inquiet. Ils ne cherchent pas à m’arrête, juste à m’empêcher d’atteindre le coma éthylique. Je me souviens qu’ils m’ont aidé à me coucher et c’est tout.


RYAN


Je suis resté assis contre cette porte, le regard dans le vide, je n’ai pas eu le courage de me lever. On dirait qu’il a aspirait toute mon énergie, qu’il a tout prise. Je n’arrive même pas à être en colère, j’aurais dû retourner l’endroit, le détester, me haïr de l’avoir fait fuir. Mais tout ce que j’arrive à ressentir c’est de la tristesse, celle de l’avoir perdu, de l’avoir mis de côté. Cependant, je ne peux pas lâcher cette enquête pour Jack, pour David, pour moi. Je ne peux pas les abandonner, Drew le fera souffrir même si on a rompue, après tout il toujours été mon point faible et il le restera. On ne peut pas mettre onze ans de vie commune, d’amour à la poubelle, ne plus rien ressentir à son égard s’est impossible.

À une autre époque, je me serais tourné vers Jack. Ça fait des années que je n’ais pas eu besoin de lui ou de le voir. Je voulais que cette histoire soit dernière moi pour lui dire que j’avais réussi. Mais David m’a planqué et à par lui je n’ai personne d’autre. Je m’accroupis, enlevant les quelques feuilles tombées sur sa pierre tombale

— Jack, il est parti, je n’ai plus personne pour m’aider à rester dans le droit chemin. Maintenant il n’y plus rien qui me retient, je vais partir en vrille, je le sais et je le sens au fond de moi. J’aimerais que tu puisses m’empêcher parce que tu détesterais ce que je suis devenue. Tu n’aimerais pas non plus les décisions foireuses que je vais prendre parce qu’elle se bouscule dans ma tête. Je dois arrêter Drew pour le récupérer à n’importe quel prix…

[1] « Ouvre les yeux maintenant

Ouvre les yeux maintenant

Il est temps de partir

Il est temps de me quitter »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Jess2000 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0