Le geste

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Tranquillement, arrière-garde du groupe, je traîne. Je tourne la tête à gauche, à droite, ou le contraire, ne regardant absolument rien de particulier, me contentant d’être souriant, bienheureux, ou un peu niais diront les plus sarcastiques.

Est-ce donc mon humeur de l’instant ? Mon état d’esprit un peu embrumé ? Qu’est-ce qui me pousse, de nous tous, à être le seul à l’allure si désinvolte ? Car oui, les autres sont plus soignés, ils semblent plus attentifs, ont une posture adéquate.

Adéquate pour quoi, me demanderez-vous ? J’ai dorénavant le sentiment que nous sommes une sorte de patrouille, assurant de notre présence la sécurité du riverain. Mais aucune maison alentour, seule une route, cette route en ligne droite et le trottoir que nous ignorons superbement. Au delà : rien.

Je suis catégorique je ne suis pas armé ! Je ne suis pas en tenue de policier, gendarme ou militaire. Suis-je dans une sorte de milice ? Allez savoir, de toute façon, ce que je suis, je n’ai pas l’impression que cela ait un intérêt quelconque. Mais ma tenue importe ! Notre tenue, car nous sommes uniformes dans l’accoutrement. Nous sommes… je vais plutôt rester centré sur moi car, vous l’avez peut-être déjà deviné, mes collègues n’ont que… peu d’importance. Ils s’évanouiront, se volatiliseront bientôt. Leur rôle est anecdotique, ils sont le décorum, l’apparat. L'escorte pour que j'arrive là où il se doit. Là où l'on me mène.

Mon costume, ça pourrait s’y apparenter : un pantalon noir avec des bandes rouges sur le côté. À l’image des carabiniers ; je ne suis pas italien. Mais je pourrais être n’importe quoi, la providence veut que pour cette histoire je reste français. L’ai-je toujours été et le resterai-je ? Et puisque je suis sûr que vous voulez tout savoir, jusqu’à l’intime, mes chaussures sont de ville, noires, en cuir, basiques. Mais l’essentiel est ailleurs : ma veste !

Je la tiens négligemment d’une main, rejetée sur l’arrière de mon épaule. Je ne porte guère d'intérêt à de nombreux détails mais ce porté de veste, ce porté précis, d’apparence anodine, qui, quand j’y repense, ne me correspond absolument pas – je ne tiens jamais ma veste ainsi –, est essentiel et apparaît être le prélude de tout ce qui suivra ! Incroyable, non ?

Tout est presque broutille mais ce geste, ce porté, est capital pour la finalité !

Sans ce geste, qui sait si tout cela se serait produit ?

Si je n'avais pas tenu ma veste ainsi, je crois maintenant que je serais passé à côté de quelque chose… ou devrais-je dire de quelqu'un, mais nous aurons tout le temps d’y revenir.

Nous marchons et c’est alors que, au détour d’une rue, nous tombons sur une bien étrange procession.

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