On

2 minutes de lecture

Plus qu’une simple procession, parlons plutôt d’un bien étrange défilé. Le caractère religieux disparaissant à mesure que, mes collègues et moi-même, nous nous en rapprochons.


Des filles, des garçons, en nombre conséquent – je laisse libre interprétation ce qu’est, pour vous, "conséquent" –, forment une sorte de chaîne.


Mettons de côté l'aspect soudain de leur apparition et, jusque-là, des filles et des garçons s’ébrouant dans une rue, pourquoi pas. Mais jusque-là seulement car le "sorte" – sorte de chaîne – vous a à coup sûr mis la puce à l’oreille sur une étrangeté que je vais m’empresser de vous décrire :

De là où je suis – considérons un nombre de mètres peu conséquent – tous me paraissent avancer de côté. Non pas d’un pas chassé classique, non ; ce serait juste amusant ; alors que... ils sont dérangeants ! Ils sont rigides, ils sont en deux dimensions ! Comprenez-vous seulement ce que j’énonce ? Vous rendez-vous bien compte de l’énormité de la chose ? Je n'en suis pas du tout certain.


Tout cela est grotesque et perturbant. Tous ces gens semblent être inconsistants ! Ils sont comme faits de papier ; et je ne parle pas d’un bel origami, ils sont juste du papier découpé qui bouge ! Je secoue la tête, cligne des yeux, rien n’y fait, ce n’est pas une illusion, pas plus un effet d’optique et je ne suis pas le jouet de mon âme torturée déjà fort mise à mal par la situation initiale.


Comment parfaire mon explication pour que vous puissiez avoir l’image la plus nette, la plus distincte possible, de ce qui se trame ?

Ouvrons par l’esprit un livre d’histoire. Le fameux, celui que nous avons tous eu au collège, le classique. Ouvrez-le à la page de l’Égypte ancienne et concentrez-vous sur les représentations des égyptiens, dessinés, peints ou gravés, sur une pierre ou un papyrus. Voyez-vous ces égyptiens comme ils sont plats ? Et bien les filles et les garçons que j’ai sous les yeux sont tout aussi plats qu’eux ! Et, je répète, ils se déplacent de côté ! Et, pire, puisque le "grotesque" ne vous a pas échappé, ils ont tous, comme tout bon égyptien caricaturé, une main à l’équerre devant leurs yeux et l’autre tout autant à angle droit mais derrière leur cul !


Peut-être, finalement, se joue-t-on de moi ? Ce "on" est décidément bien facétieux. Mais "on" n'est pas mauvais car je ne suis en rien bouleversé par l'ensemble. Sur le coup, quoi de plus normal ? Quoi, de plus... normal ?


La symbolique, je pense que "on" veut que je m'en imprègne. Alors quelle est-elle, cette symbolique ? Peut-être en aurez-vous une toute autre, il est possible que je me fourvoie, mais le message est – si je ne l'avais jusque-là pas encore compris – que ce tout irreprésentable est stellaire, nous sommes face à un phénomène, si ce n'est paranormal, au moins paradoxal.



Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Grunni ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0