Hanna s'avança doucement mais sûrement vers le rebord en pierre. Souriante, elle parlait avec son amie.

- Dis Hanna, tu crois que les autres comprendront que Nic Craith n'a rien à faire ici ? demanda-t-elle.

- Peut-être...

- J'en ai marre, Han, souffla-t-elle.

- Je sais, je sais.

- Quand est-ce qu'ils comprendront ? s'indigna-t-elle en soupirant.

- On le saura bientôt, ne t'en fais pas, promit Hanna en lui prenant la main.

- Tu crois qu'ils vont m'en vouloir ? s'inquiéta Adélaïde en entortillant une mèche de cheveux bruns autour de ses doigts.

- Enfin, Addie. Tu sais bien que depuis qu'elle est là, ils n'en ont plus rien à faire de toi, lui assura son amie.

- Elle m'a tout pris, grogna Addie en serrant les dents.

- Pas tout, je suis encore là, moi, lui sourit sa meilleure amie.

- Oui, tu ne m'abandonneras jamais, hein ?

- Bien sûr que non, fit-elle en la serrant contre elle.

Addie sourit, elle se sentait tellement vivante dans les bras de sa meilleure amie, son étreinte réconfortante, elle se savait en sécurité.

- Comment je ferais sans toi, moi ? s'exclama-t-elle.

- C'est pour que ça n'arrive jamais qu'on va le faire, Ad' ! s'écria Hanna.

- Doucement, on risque de t'entendre, s'inquiéta la brune.

- Mais non, tu n'as pas de soucis à te faire pour ça.

L'adolescente fronça les sourcils. Pourquoi était-elle sûre que personne ne l'entendrait ?

- Je ne veux pas te perdre, Han, s'affola la jeune fille.

- On sera ensemble. Pour l'éternité, c'est promis.

Elle marchait dans les graviers qui recouvrait le toit du bâtiment principal de l'Académie. Elle atteignit enfin le bord et regarda en bas, c'était vraiment haut, pensa-t-elle. La chaleur de la main d'Hanna dans la sienne lui donna du courage. Elle ferma les yeux, inspira un grand coup et avança d'un pas, se rapprochant un peu plus de la délivrance.

- Addie ! Non ! hurla quelqu'un derrière elle.

Elle se retourna brusquement et fixa le blond qui s'approchait d'elle à pas lents.

- T'approches pas ! Lenny, recule, ordonna-t-elle en reculant son pied droit.

- Stop ! C'est bon, je bouge plus. Fais pas ça, Addie, je m'en remettrais pas, supplia Léonard en mettant ses mains devant lui.

- Je dois le faire, Len'.

- Non, t'as pas besoin de faire ça, promit-il.

- Si, là-bas, personne ne m'abandonnera. Et puis, on y va avec Hanna, je serais pas seule, lui assura la jeune fille, un grand sourire sur le visage.

Lenny se figea, c'était pourtant évident. Depuis sa mort, Addie était hantée, le fantôme d'Hanna, par l'adolescente, la poussait à toutes sortes de décisions hâtives. D'abord la bagarre, puis le verre de jus renversé, l'accident au paintball, ses paroles horribles aussi, l'incident pendant leur partie de basket, et puis, l'accusation incensée de l'agression de Lydia. Tout s'assembla dans l'esprit du jeune garçon, Slany avait en quelque sorte pris la place d'Hanna, et pour Addie, cela s'apparentait à une déclaration de guerre. Elle voulait venger son amie, et parce qu'elle était bien trop respectueuse et gentille en temps normale pour faire une chose pareille, elle se persuadait qu'Hanna l'y poussait. Cependant, ce qu'elle s'apprêtait à faire était totalement inconcevable pour Lenny qui ne supporterait pas de la perdre elle aussi.

- Addie, ne fais pas ça, je t'en prie.

- Pourquoi ? Parce qu'il faudrait me remplacer moi aussi ? T'en as marre que ton équipe disparaisse peu à peu !? cracha-t-elle.

- Ad', je te parle pas en temps que leader, mais en temps que grand frère, déclara Léonard.

- Mon frère, tu as arrêté de l'être quand tu es devenu leader !

- Addie, je suis et je serais toujours ton frère, assura le jeune homme.

- Mensonge ! Tu n'as fait que t'éloigner de moi ! cria-t-elle.

- Addie...

- La ferme ! Je vais partir avec Hanna !

- Je t'en supplie, fais pas ça ! s'écria Lenny en tombant à genoux.

- Addie, il faut y aller, souffla Hanna.

- J'arrive, Hanna. J'ai pas de temps à perdre avec lui.

- Sage décision, répondit la défunte.

Un sourire rayonnant prit place sur le visage d'Addie, rougit par le froid et la colère.

- Addie ! L'écoute pas ! s'exclama Jonas qui arrivait en courant accompagné de Ricardo et Léah.

Quand Adélaïde vit son amie, le visage ravagé par les larmes, elle sentit son cœur se serrait dans sa poitrine. Elle ne voulait pas lui faire du mal, elle ne le méritait pas, pas après tout ce qu'elle avait endurer.

- Addie ? Le temps presse, s'impatienta Hanna.

- Une seconde, Hanna. Je peux pas partir sans lui dire au revoir, décida-t-elle.

Léah regarda son amie, affolée et terrifiée.

- Approche, Léah. S'il te plaît, fit-elle en baissant la tête, la main tendue vers l'avant.

La blonde courut vers son amie, ralentissant quand elle approcha du bord. Elle la serra dans ses bras, refusant de la lâcher, de peur qu'elle se jette vraiment dans le vide.

- Ne m'en veux pas, s'il te plaît. Je serais toujours là, je te surveillerais, assura-t-elle en pointant le cœur de sa cadette.

Cette dernière secoua vivement la tête.

- P...pas...ques...questi...tion, murmura-t-elle.

- Tu parles ? sourit la brune.

- Non, répliqua Léah.

- Si, si, rigola Addie en la soulevant rapidement dans les airs.

- Arr...rête ! s'exclama-t-elle.

Adélaïde la prit une dernière fois dans ses bras avant de la repousser brutalement au sol.

- Bye Léah, fit la brune en se retournant.

Léah réagit au quart de tour, elle se releva, hurla et se jetta sur Addie au moment où elle se retournait, se décalant légèrement. Peu, mais assez pour voir son amie basculer par-dessus le rebord du bâtiment.

- Léah ! s'écria Rico.

En bas, une bonne cinquantaine d'élèves regardaient, horrifiés, le spectacle qui s'offrait à eux. Parmi eux, Océane et Slany, qui après avoir rendu visite à Mia et Inès, étaient sorties.

Mais que se passait-il ? C'est la question qui traversa l'esprit des deux étudiantes à cet instant même.