Ecrire, écrire, écrire. Telles sont les choses que j'ai à faire. Mais l'inspiration ne vient pas. Les mots ne viennent pas. Sur cette page blanche, il n'y a rien qui puisse m'aider. L'heure indiquée m'interpelle, me fait signe que je n'ai plus que deux heures devant moi avant de rendre un devoir digne de ce nom à ce philosophe assis à son bureau. Il ne fixe personne, il est plongé dans un livre dont nous avons déjà discuté. Sur le rêve de Freud... Le rêve... Une chose fascinante n'est-ce pas ?

"Le rêve est la satisfaction d'un désir"

Cette citation me fait réfléchir. En quoi peut-elle être la satisfaction d'un désir ? Si je m'en souviens bien, les désirs qui n'ont pas été réalisé peuvent être déguisé afin de se réaliser par l'intermédiaire des rêves... Je crois que mon professeur aurait dit "C'est pas faux, mais quoi d'autre ?", je me trompe ? Je ne sais plus. Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien. Citation de notre bon vieil ami Socrate.

Pourquoi mes cours sont éparpillés de cette façon dans ma tête ? Je soupire légèrement et décide de rendre ma feuille utile. J'écris. Qu'est-ce que j'écris ? Une lettre. Je la poserai sous la table, dans le casier. Si quelqu'un est assez joueur, il se prendra au jeu. Mais je ne pense pas que quelqu'un répondra. C'est la dernière heure de la journée et l'horloge m'indique que je n'ai plus beaucoup de temps. Qu'importe. J'ai essayé. Mais je n'y arrive pas. Mes pensées sont concentrées sur cette lettre que je compose.

" Chère personne qui tombera sur cette lettre,

Je te souhaite le bonjour. Je me demande si tu vas bien ? Si tu as des amis ? Où habites-tu ? Personne ne donnerait des informations pareilles à une inconnue pas vrai ? He bien, je vais te raconter ma journée.

Aujourd'hui, c'était une journée d'école particulièrement normale. Quelques personnes m'ont poussée parce qu'ils ne m'ont pas vue sur le chemin, ils ne m'ont pas remerciée car ils ne m'ont toujours pas vue par terre et sont partis comme si de rien n'était. Le prof de sport a oublié de m'appeler et je suis restée sur le banc à regarder les autres jouer au basket. Je ne suis pas très endurante alors ça m'arrange d'être oubliée des profs quelques fois. C'est maintenant que je m'en rends compte... Si personne ne fait attention à moi, même les profs, pourquoi je fais ce devoir de philosophie ? Actuellement, je suis en plein devoir mais le prof ne fait pas du tout attention à moi. Je me lève, il ne sourcille même pas. Il est complètement dans son livre... Tu vas sûrement te dire que je peux sortir du cours si tout le monde m'oublie. Mais je ne suis pas comme ça. Je veux apprendre même si j'ai l'air d'un fantôme.

Exactement. Je suis un pauvre fantôme qui ne fait qu'aller en cours tranquillement sans demander son reste. Du moment que je suis instruite, ça m'arrange.

En tout cas, tu as également compris ma journée. J'ai été ignorée. Hier. Demain. Les jours suivants. Je serai toujours ignorée. Suis-je morte ? Non. Ma soeur me voit. Elle me parle, elle joue avec moi. Mes parents m'appellent quelques fois pour savoir si je vais bien. Oui, je suis vivante. Je suis juste ignorée de tous. A l'exception de ma famille bien sûr..

Ceci met fin à ma lettre. Est-ce que tu vas m'ignorer, écraser ce bout de papier et le jeter ? Si c'est ton intention, fais le. Je ne suis qu'un fantôme habitué à être ignorée. J'espère t'avoir fait passer le temps en tout cas.

Un petit fantôme. "

La sonnerie. Elle retentit dans tout l'établissement. Je range mes affaires et pars, ayant pris soin de laisser la lettre dans le casier.

Ce qui est sûr... C'est que chez moi, ce sera la même rengaine. J'écrirai, encore et encore. Pourquoi suis-je obsédée par cette envie de taper mes doigts sur un clavier ? Cette sensation de tenir un stylo dans ma main endolorie par le froid ? Je ne sais pas... Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien. Pourquoi se poser de telles questions alors ? Je soupire et continue mon avancée vers la maison, puis les bisous et les câlins avec ma famille avant de m'isoler telle une prisonnière dans ma chambre et écrire.

Ecrire, écrire, écrire. Je ne fais qu'écrire dans l'espérance d'avoir quelqu'un, quelque chose qui me répondra à l'aide de sa plume pour me tenir compagnie. J'écris, j'écris, j'écris.