7:  LES DÉMONS DU DESRT

5 minutes de lecture

Quand il se réveilla, Nahul sentit que quelque chose n’allait pas. Ouvrir les yeux lui procura une douleur intense. Après quelques instants, il se rappela tout : Isha attaquée par un scorpion, son sacrifice et leurs douces déclarations... Mais où se trouvaient-ils désormais ?

Reprenant ses esprits, il regarda autour de lui. Il était allongé dans une tente où dormait Isha et une dizaine d’hommes en guenilles. Il portait des fers aux pieds et aux mains, tout comme les pauvres gens qui l’entouraient.

— Ah, ça y est, tu es réveillé, lui lança l’un d’entre eux avec le sourire. Heureux de voir que mes cataplasmes ont été efficaces.

— C’est toi qui m’as sauvé ?

— Oui. Je n’étais pas sûr que ça marcherait, mais apparemment il faut croire que je n’ai pas perdu la main.

— Sans toi… Je ne saurais jamais comment te remercier…

— Ah ah ! ce n’est rien. Je m’appelle Tomir, mais appelle-moi Tom.

— Moi c’est…

— Nahul, je sais. Ta petite amie nous a assez parlé de toi. Tu as de la chance, elle a l’air vraiment amoureuse !

— Ah oui ? dit-il en rougissant.

— Ça oui, tu peux me croire.

Nahul sourit un instant.

— Mais où sommes-nous ?

— Nous sommes prisonniers des tarkens, les terribles hommes du désert ! Nous sommes leurs esclaves.

Isha se réveilla.

— Oh, Nahul. J’ai eu si peur pour toi !

— Je t’avais dit que tout s’arrangerait… Heureusement que Tom était là.

— Que tout s’arrangerait ? demanda Tom, dubitatif. Je crois que vous ne mesurez pas la situation catastrophique dans laquelle on se trouve.

— Mais Nahul est vivant, c’est tout ce qui compte !

Alors que les deux amoureux se retrouvaient enfin, ils ne remarquèrent pas le prisonnier qui les observait avec attention.

C’est alors que Terak, le chef des tarkens, entra dans la tente. Un frisson parcourut les jeunes gens et leurs compagnons d’infortune. Il portait une grande barbe sombre en broussaille, des cheveux noirs avec des tresses épaisses. Tout chez lui était effrayant, jusqu’à son regard intense et cruel. Les nombreux couteaux qu’il arborait ne faisaient qu’ajouter à ce sentiment de terreur.

C’était donc eux les fameux démons du désert. Des hommes, des hommes terrifiants, mais juste des hommes…Voilà pourquoi personne ne revenait du désert. Ils faisaient prisonnier tout être osant braver ce vide de sable.

— Actuellement vous n’êtes rien, éructa Terak. Mais il ne sera pas dit que Terak ne laisse pas le choix à tout être, aussi misérable soit-il !

Dans la tente un sentiment d’incompréhension et d’inquiétude dominait.

— Maintenant que vous avez connu la vie d’esclave, vous pourrez savourer la liberté que je vous offre. Voilà le choix : ou vous rejoignez mes troupes ou vous serez passés par les armes…Vous voyez, vous êtes libres, ricana-t-il.

— Alors, qui veut être des nôtres ?

Tous les prisonniers gardaient la tête baissée. Une main se leva, puis tous se décidèrent à rejoindre ces pirates du désert. Nahul, Isha et Tom se regardèrent. Ils n’avaient pas vraiment le choix. Ils levèrent une main hésitante.

— Sage décision ! dit Terak d’une voix puissante. Quand nous serons assez nombreux, je lèverai une véritable armée et partirai à la conquête de toutes les terres connues. Nous allons construire un véritable empire ! Vous n’avez plus besoin de ces fers... Mais sachez que je punirai impitoyablement la moindre trahison !

Les deux hommes qui l’accompagnaient détachèrent les nouvelles recrues avec un rictus qui leur déformait le visage, telle une balafre. Tous sortirent de la tente, enfin libres.

Nahul était encore un peu faible. Il resta dans la tente, assisté d’Isha et de son sauveur. L’homme qui les observait toujours depuis tout à l’heure, profita du départ des autres pour s’approcher du trio.

— Bonjour, mon nom est Asmel, fils d’Assur...

Sa peau était plus bronzée que celle des tarkens, noire presque.

— Et que nous veux-tu Asmel, fils d’Assur ? demanda Tom, méfiant.

— Je t’ai entendu répéter la même phrase dans ton sommeil. Tu délirais certainement, mais les mots que tu prononçais sans cesse, « la montagne qui brille dans la nuit », m’ont interpellé. Ma tribu vit au cœur du désert, des terres que personne ne connaît, hormis les initiés. Même les tarkens, qui restent au bord du désert, ne nous connaissent pas. Et cette montagne dont tu parlais, je pense savoir où elle se trouve.

Isha et Nahul se regardèrent.

— C’est le destin qui t’envoie ! Je dois à tout prix me rendre à cet endroit.

— Effectivement, je pense que c’est le destin qui nous a réunis. J’ai quitté le cœur du désert à cause d’une prophétie. Et si je n’y croyais pas complètement au début, je pense que tu es celui que je recherchais.

— C’est bien beau tout ça, lança Tom, goguenard, mais sous cette pseudo-liberté que nous offre Terak, nous lui appartenons. Nous sommes des tarkens à sa solde, et le trahir pourrait s’avérer dangereux.

— Nous n’avons qu’à nous enfuir dans la nuit, proposa Isha

— Ils nous rattraperaient ou, peut-être pire, il nous laisserait cuire sous le soleil de ce maudit désert.

— Il y a une solution, rétorqua Asmel, il nous suffit de voler quatre de leurs montures et suffisamment d’eau. Je saurai vous mener jusqu’au cœur du désert, jusqu’à la montagne qui brille dans la nuit. Je connais le désert et ses points d’eau par cœur, bien plus que Terak et toute son armée.

Asmel avait l’air sûr de lui, et les jeunes gens avaient envie de lui faire confiance.

— Et comment allons-nous voler quatre de leurs montures sans qu’ils s’en rendent compte ? demanda Tom, toujours aussi dubitatif.

— Tu connais les plantes, non ? rétorqua Asmel. Ne connaîtrais-tu pas un moyen d’endormir les gardes ?

— Je suis à court de plantes... Mais j’y pense, ajouta-t-il triomphal, je peux peut-être utiliser les quelques gouttes de venin de scorpion que j’ai pu extraire !

Isha et l’étrange Asmel quittèrent la tente pour donner le change. Ils se mêlèrent à la troupe de pirates, où ils apprirent que le départ se ferait le lendemain, quand les bêtes et les hommes seraient enfin prêts à repartir. Ils dirent aux hommes de Terak que Tom finissait de soigner Nahul. Au milieu de l’après-midi, la potion était prête.

À la tombée de la nuit, Nahul et son nouvel ami quittèrent la tente pour partager le repas et faire semblant d’appartenir à la troupe. En tant que femme, Isha fut chargée, comme ils l’avaient prévu, de servir les hommes en viande et en boisson. L’alcool aidant, personne ne remarqua le poison qu’elle versa discrètement dans les verres des gardes qui allaient surveiller le campement cette nuit- là. Le repas terminé, tous rejoignirent leurs tentes afin de se reposer et d’être en forme pour le départ le lendemain à l’aube. Les quatre dissidents feignirent d’aller se coucher. La peur les prenait aux tripes. Ils n’auraient pas droit à l’erreur.

Très tôt le matin, ils quittèrent leur paillasse pour vérifier que la potion avait fonctionné. Ils trouvèrent les gardes inconscients. Alors en faisant le moins de bruit possible, ils montèrent sur les cheroks, ces animaux du désert qui pouvaient tenir de nombreuses semaines sans avoir besoin de s’abreuver. Ils s’éloignèrent dans la nuit, soulagés que leur plan ait marché.

Terak serait fou de rage, mais l’avance qu’ils avaient prise les maintenait hors de danger. Maintenant, il fallait juste faire confiance à Asmel et à sa connaissance du désert.

Mais ce qu’ils ne virent pas, tout à leur joie de s’être échappés, c’est l’oiseau noir qui volait en tournoyant au-dessus d’eux dans le jour naissant.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Aloysius May ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0