5 août 2022

3 minutes de lecture

Ma chère petite mamie...


Si tu savais. Si tu savais tout ce qui me passe par la tête, toutes ces pensées qui me traversent l'esprit. J'ai beau essayer d'oublier, de faire comme si de rien n'était, tout me ramène toujours à la réalité. C'est triste à dire, mais j'aurais aimé ne jamais être née. Je ne regrette rien, c'est juste trop dur de vivre... Je ne parle pas de ma qualité de vie, tu sais. Ce serait bien trop égoïste de me plaindre de cela. D'ailleurs, c'est égoïste de me plaindre tout court. Je parle de toute cette conscience qu'on essaie tant bien que mal de nous enfoncer dans le crâne. J'aurai aimé ne pas savoir. Ne rien savoir. En mourir s'il le faut, mais rester à jamais dans cette bulle de réconfort, loin, bien loin des malheurs du monde. J'aurais préféré être bête. Certains penseront que cette idée est prétentieuse. À vrai dire, je n'en ai que faire de ce que peuvent penser les autres en ce moment-même.

Est-ce que tu sais pourquoi je me sens si seule ? C'est comme un gouffre qui m'attire irrémédiablement vers le bas. J'essaie parfois de remonter à la surface, d'ignorer ce sentiment qui m'étreint, mais je perds trop vite mes forces. Je suis faible. C'est trop facile de se voiler la face, de mentir tout le temps à tout le monde. Alors je me dis : et si j'explosais ? Et si je disais, pour une fois, tout ce que je pense tout haut, sans me soucier des représailles ? Ce serait si reposant. Et pourtant, ça n'arrivera jamais. Pourquoi ? Parce que ça ne mènera à rien. Il y aura toujours quelqu'un pour me gâcher la vie. Non, en fait, ce n'est pas ça le problème. C'est que, la vie, je me la gâche toute seule. Peu importe ce que je fais, ce que je ressens, ce que j'imagine, je m'en veux. C'est bien beau de rejeter la faute sur les autres, de ne jamais se sentir assez comprise et aimée. De quoi ai-je besoin pour être satisfaite ? Tout ce que je chéris, je finis par le perdre. Partout, il y a des défauts que je n'accepte plus. Alors je sais que mes idéaux existent, mais combien de temps me faudra-t-il encore pour les trouver ? J'ai beau tout faire pour essayer d'être meilleure avec tout le monde, je finis chaque fois par me prendre une claque. Je me garde bien de l'exprimer, à quoi bon semer le chaos autour parce que je ne vais pas bien ? Non, vous ne savez rien. Personne ne sait ce qu'il se passe dans ma tête et tout le monde me détesterait si le contraire était vrai. Alors je me demande pour la énième fois pourquoi je me sens si seule, ce que j'ai encore fait de mal et si un jour je parviendrai à ne plus penser aux autres.

C'est si facile d'aller mal. Il suffit de laisser ses pensées divaguer, ne rien faire pour les retenir, seulement les écouter et se persuader que tout est contre soi. Oh non, ne surtout pas faire d'effort pour se relever. Ce serait bien trop compliqué. Je regarde ce plafond vierge, je suis immobile, et je vais mal. Je me laisse aller mal parce que je n'ai pas envie d'aller bien. L'espoir n'est même plus présent. Il en a marre de m'accompagner à chaque seconde alors il est parti pour quelques temps. Je ne peux pas lui en vouloir, je n'ai rien fait pour le garder à mes côtés.

Dis, mamie, j'espère pour toi que les morts ne voient pas tout. J'espère que tu ne m'observes pas. Que tu ne sais pas qui je suis vraiment. La façade est toujours bien plus belle...

Je t'aime et je t'aimerais toujours.

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