Je ne sais même plus d’où vient ce sentiment. Il est là, tapis tout au fond de moi, à chaque seconde. Je suis impuissante. Totalement impuissante. Ça me submerge tout d’un coup, comme une vague prête à tout détruire sur son passage. J’essaie de lutter, je te jure que j’essaie... Ou plutôt non. Je ne lutte pas. Je tente de me persuader que je suis forte, que je suis quelqu’un de bien. Mais je sais que c’est faux. Je sens ces pensées malsaines émerger dans mon esprit à tout moment et je me rends compte que je suis un monstre. Voilà ce que je pense. Demain, lorsque l’aube aura pointé son nez, j’oublierai. Je me considèrerai de nouveau comme quelqu’un qui vaut quelque chose. Comme si le simple fait de me rendre compte que le contraire est vrai me tuerait.

Je voudrais être capable de l’ignorer. Savoir être sincère, tout simplement. Lui dire que j’y pense tous les jours, que je lui en veux, que j’aimerais faire partie de sa vie à d’autres moments que pour lui remonter le moral quand il n’y a personne d’autre à ses cotés. C’est si dur, ce que je demande ? Une petite attention, une seule… Simplement pour me montrer que tu tiens à moi, et pas seulement pour ça. Pourquoi y a-t-il toujours ces choses que je ne supporte pas ?

J’ai besoin de plus. Je veux que ça change, je ne veux plus être celle qui est derrière, celle qui n’intéresse personne parce qu’elle essaie de se fondre dans un milieu qui ne lui convient pas. J’espère tellement de choses de l’avenir… Mais j’ai peur de cet espoir. J’ai peur de la déception qui le suit trop souvent. Je ne supporte plus de m’être trompée. Je vois toujours ces mêmes têtes, et il y a toujours ces mêmes rêves qui les accompagnent. Certaines plus que d’autre. Je voudrais ne plus être la moi qu’on connait. Je voudrais devenir celle que j’imagine. Celle que je serai capable d’aimer. Je me déteste tellement d’être si faible. Je m’abandonne à des choses que je m’étais promis d’éviter, comme le mouton dont on figure si souvent l’être humain. Je ressemble à tout le monde, alors même que je souhaite plus que tout être différente.

Ce sont toujours les mêmes pensées, les mêmes envies, les mêmes rêves qui tournent en boucle dans ma tête. Il fait nuit, j’observe les étoiles et je ne sais plus ce que je veux vraiment. Qui je suis ni même ce que je deviendrai. Je n’ai plus de contact avec personne, avec rien, et bizarrement, je me sens moins seule. Je laisse le vent frais s’engouffrer dans mes cheveux. Je pense à lui, je pense à elle, je pense à toi. Puis je ne pense plus. J’observe simplement. Je m’imagine en haut d’une montagne, solitaire, au beau milieu de l’essence même de la vie. C’est là que je veux être. Je n’en peux plus de me lamenter et de ne rien faire pour changer. Je souhaite des choses sans réellement les entreprendre. Je me pose toujours des centaines de questions, et j’attends. J’attends que le temps passe ; j’attends ce jour où je pourrai enfin vivre comme je l’entends. Peut-être arriverais-je un jour à ne plus être passive.

Bonne nuit, mamie.