21 janvier 2022

3 minutes de lecture

Chère mamie,

Je suis vraiment nulle, tu sais… J’ai l’impression qu’à chaque fois que j’adresse la parole à quelqu’un, à chaque fois que j’expose mon point de vue, c’est pour causer des dégâts. Est-ce qu’un jour je serai capable d’anticiper et de fermer ma bouche ? De cesser de semer la pagaille autour de moi ? Parce qu’on a beau me répéter que je n’y suis pour rien, que ce n’est pas ma faute, je sais que tout le monde pense le contraire, sans se l’avouer. J’aimerais me foutre de tout. J’aimerais pouvoir me prendre toutes les insultes du monde à la gueule et les ignorer, continuer mon chemin en ne pensant qu’à mon bonheur. Parce qu’au fond, tout cela a-t-il un sens ? J’aurais beau m’excuser mille fois, les cœurs auront déjà été fissurés, et les cicatrices ne disparaissent pas.

Si, je suis nulle. Ne me dis pas le contraire. Je voudrais vivre dans un monde où la pitié n’existe pas. Seulement la compassion. Ce que je souhaite le plus en ce moment présent, c’est de me blottir dans tes bras et de pleurer toutes les larmes de mon corps. Je veux te hurler toute ma douleur pour que tu la captures et que tu m’offres tout ton amour en réconfort. Si tu étais encore là, est-ce que tu m’écouterais ? Tu me manques. Tellement… Je ne me rappelle plus de ton odeur. Je voudrais m’en imbiber. La graver dans ma mémoire. Ne jamais oublier tes gestes tendres, ton visage doux, ta voix délicate. Est-ce qu’il est possible de faire revenir les morts ? Si tu savais combien de fois je me suis posée cette question. Combien de fois je l’ai imaginé. Moi, à dix ans, postée devant ma fenêtre, laissant les larmes dévaler mes joues en rêvant de te serrer à nouveau dans mes bras, revenir d’un monde qui n’existe que dans les cauchemars. Je repense à tous ces moments. Pourquoi est-ce que les souvenirs sont si flous, si brefs, si éphémères ? Six ans, c’est peu, tu sais. Bien trop peu. N’aurais-tu pas pu rester un peu plus longtemps ? Simplement pour que le reflet de ton sourire puisse rester collé à ma rétine.

J’y pense encore. Toujours. Ça me ronge le cœur. Je ne crois plus aux promesses. Elles sont faites de cristal. Au moindre accroc, elles se brisent en mille éclats. On croit pouvoir les tenir, puis le temps les efface, et on finit par les laisser tomber sans même s’en rendre compte. On oublie. Les seuls à en pâtir sont ceux qui ont perdu la confiance. Qui se sont fait trahir. Tu sais, il suffirait de se taire pour que rien de tout cela n’arrive jamais. Après tout, sans langage, pas de promesse, et sans promesse, pas de souffrance. Parfois, les promesses sont muettes. On pense être en accord. Puis on se rend compte qu’on a mal jugé, qu’on s’est trompé, qu’on s’est fait duper.

Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? Est-ce que je dois encore laisser les gens atteindre mon cœur ? L’amour, c’est de la souffrance. Mais pourquoi faut-il souffrir quand on aime ? On me dira que ça en vaut la peine parce que le nombre de sourires est supérieur aux larmes. Peut-être que j’accorde trop d’importance aux mots. Peut-être que je devrais simplement les écarter de mon chemin. Passer à autre chose, les empêcher de se frayer un chemin jusqu’à mon cœur.

Je ne devrais pas pleurer. J’entends sans cesse parler d’horreurs autour de moi, et je suis encore capable de pleurer, malgré tout ce qu’on m’a déjà offert. Pourquoi suis-je incapable de me satisfaire de ce que j’ai ? Les roses poussent toujours au creux de mon cœur, avant d’y planter leurs épines. J’ai beau les arracher, elles ont semé leurs graines, et il ne me reste plus qu’à rire avant de pleurer, pour de nouveau rire, et de nouveau pleurer. Avant que les épines ne se soient trop profondément plantées, et de succomber.

Je t’aime…

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