Chapitre 4

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À sa grande surprise, Elanne constata qu’elle pensait toujours par elle-même et comprit alors que le Drac était un traitre qui s’était déguisé en Garoc. « J’ai bien fait de l’achever alors ! » se félicita-t-elle. Elle baissa alors la tête vers ses mains. Celles-ci étaient devenues poilues et visqueuses et elle était à présent vêtue de haillons.

Le Garoc qui l’avait attaquée il y a un instant la regarda d’un drôle d’air, en penchant la tête sur le côté. Elanne l’imita donc et le Garoc la regarda d’un drôle d’air.

Ne sachant pas quoi répondre, Elanne lui asséna un gros coup sur la nuque grâce à une branche qu’elle avait ramassée par terre, et il tomba, mort. Elanne ramassa l’épée du Garoc puis enleva ensuite l’amulette de son coup en pensant : « Pouah ! Vivre dans la peau d’un Garoc, ce n’est pas du tout fait pour moi ». Mais elle garda tout de même l’amulette, en se demandant si d’autres Garocs qui étaient en train d’envahir Shanima en portaient, et si des amulettes permettant de se transformer en une autre créature qu’un Garoc existaient, et surtout, elle se demanda d’où venait cette amulette, et qui l’avait fabriquée.

Elle tira le corps du Drac avec elle dans le souterrain où elle voulait aller avant l’attaque du Garoc, et elle étala son corps.

Même si c’était un traitre, Elanne l’enterra, car il ne fallait pas que quelqu’un voie un Drac mort en plein milieu de Shanima.

Elle prit le temps de souffler un peu une fois son forfait accompli, mit ensuite l’amulette dans sa poche de manteau, sortit du souterrain, grimpa dans un arbre, banda son arc, et attendit. Si un Garoc passait par là, elle pourrait lui tirer dessus.

D’ailleurs, un Garoc arriva, il était immense, plus grand que tous ceux qu’Elanne avait rencontré, et il était recouvert de poils gris et bouclés. « Celui-là, il ne faut pas que je le ratte ! » pensa Elanne.

Alors, elle visa, mais malheureusement, la flèche se planta dans un buisson juste à côté de sa cible, et cela attira son attention.

« Oh mince ! » pensa Elanne en regardant le Garoc grogner et chercher qui avait lancé la flèche.

Elle décida d’en encocher une autre, c’est ce qu’elle fit. Cette fois, elle attendit un moment avant de tirer et quand elle pensa que c’était le moment opportun, elle lâcha la corde de son arc, libérant la flèche qui fendit l’air. Celle-ci alla se planter dans le dos du Garoc, entre les omoplates. Elanne se réjouit d’avoir réussi mais elle réalisa que cela n’avait fait qu’attiser la colère du Garoc, qui se releva en hurlant de rage.

Du haut de son arbre, Elanne constata avec effarement que sa flèche n’avait fait qu’une petite plaie dans le dos du monstre, même si elle l’avait tirée avec puissance. Elle pensa avec consternation « Comment vais-je réussir à l’abattre ? ».

Elle se ressaisit et se concentra. Elle voulait élaborer un plan.

Pendant qu’elle réfléchissait, le Garoc, lui, l’avait repérée. Il se mit à s’approcher de l’arbre où elle s’était perchée en avançant d’un pas lourd et résonnant qui faisait trembler les murs. Autour de lui, les autres Garocs continuaient leur sinistre besogne en étant sans pitié, massacrant tout ce qu’ils trouvaient.

Quand Elanne s’aperçut que le Garoc était là, elle se retint de crier et garda son calme en se disant que de toute façon, vu son poids, il ne grimperait pas aisément à l’arbre. Et c’est ce qui se passa, il ne le fit pas mais il se posta à côté et commença à le secouer, ce qui fit trembler ses branches, y compris celle où Elanne était perchée. Celle-ci s’agrippa fortement au tronc pendant qu’en bas, l’autre continuait.

Alors Elanne prit une décision, une décision assez suicidaire. Quand elle fut prête, elle lâcha le tronc et sauta de l’arbre. Le Garoc continuait à secouer le tronc, il n’avait même pas remarqué ce qu’elle avait fait.

Elanne réfléchit au fur et à mesure qu’elle chutait, elle se souvint de la technique de sa mère adoptive lorsqu’elle était tombée dans la poubelle. Elle avait atterri les mains en avant, ce qui lui avait causé une douleur au poignet, Elanne n’allait donc pas procéder de la même manière. Elle allait faire en sorte d’atterrir dans un buisson, l’arrière train en avant et en espérant de ne pas se casser le coccyx.

Quand elle atterrit, elle sera les dents pour ne pas crier. Elle s’en tira plutôt bien. Elle n’avait eu que quelques bleus à l’endroit où elle avait percuté le buisson et quelques coupures sur ses jambes.

Le Garoc, lui, l’avait vue et Elanne s’était mise à courir se cacher, malgré la douleur qui lui tiraillait les muscles. Elle se mit à l’abri derrière une maison en ruine, il ne la remarqua pas.

Elanne se mit à réfléchir à toute vitesse. Comment tuer ce Garoc alors qu’une flèche tirée à pleine puissance ne lui causait qu’une légère coupure ? Elle pensa que son arc ne lui serait d’aucune utilité. Elle pensa à l’épée qu’elle avait ramassée, qu’elle considérait maintenant comme sa propre épée. Si elle se trouvait suffisamment près du Garoc en lui portant un coup avec cette épée, elle pourrait l’affaiblir, voir le tuer. Enfin, elle l’espérait. Mais elle se dit qu’un combat au corps-à -corps avec le Garoc serait vraiment dangereux. Alors elle pensa à aller chercher de l’aide. Elle se dit que c’était la meilleure option, et elle voulut y aller, mais elle tomba nez-a-nez avec un Garoc.

Ce n’était pas celui qu’elle cherchait à tuer, et elle s’en réjouit, mais c’était quand même un redoutable adversaire.

Le Garoc sortit son épée crasseuse et voulu la toucher à la jambe, mais Elanne esquiva le coup et sortit son épée. Les deux lames s’entrechoquèrent, puis Elanne dégagea son épée de celle du Garoc et roula sur le côté car celui-ci ripostait.

Enfin, dans un mouvement désespéré, elle lui fit une grande entaille à la jambe.

Le Garoc s’effondra, et poussa une grande plainte qui cassa les tympans d’Elanne. Elle se dépêcha de l’achever, mais trop tard ! La plainte avait rameuté trois Garocs qui s’avançaient vers elle.

Elanne savait qu’elle ne pourrait pas en venir à bout, donc elle sortit l’amulette de sa poche et la passa autour de son coup.

Grâce à l’effet de surprise, elle put venir à bout des deux premiers sans trop de problèmes, mais le troisième fut plus compliqué à abattre, mais elle y parvint quand même, en s’en tirant avec une coupure au bras gauche, heureusement que ce n’était pas celui avec lequel elle tenait son épée !

Elanne se recacha derrière la maison en ruine, enleva l’amulette, et constata en regardant autour d’elle qu’elle ne pourrai pas aller chercher de l’aide, car le passage était bouché par un début d’incendie provoqué par les torches enflammées des Garocs. Elle devrait donc combattre le gros Garoc, qu’elle considérait comme leur chef, toute seule.

Elle repensa à l’amulette, elle pourrait peut-être se faire passer pour un Garoc pour s’approcher de lui en toute discrétion, et une fois assez près, elle pourrait lui porter un coup. Mais ce serait quand même risqué. Elanne se dit qu’elle devait quand même tenter, et enfila l’amulette.

Alors qu’elle se dirigeait en direction du « chef de commandement » Garoc qu’elle avait repéré, Elanne entendit quelqu’un crier :

« Au Garoc ! A l’attaque ! »

Elle se mit à courir de plus belle en pensant « Et mince, je n’avais pas pensé à ce détail ! Les soldats elfes me prennent pour une Garoc, ce qui est un peu normal en fin de compte. »

Une fois devant le grand Garoc, elle regarda derrière elle pour voir si les soldats elfes ne l’avaient pas suivie, elle constata avec soulagement qu’elle les avait semés.

Le Garoc la vit et s’approcha d’elle en grognant, Elanne brandit son épée devant elle et le Garoc se rendit compte qu’elle avait une amulette, il ne la considérait pas comme un de ses soldats, alors il sortit sa propre épée et le combat commença.

Le Garoc lui asséna un coup sur l’épaule gauche mais elle ignora la douleur et frappa à son tour le Garoc. Celui-ci esquiva sans difficulté son coup et riposta. Elanne évita de justesse son coup en frappant en direction de la gorge de son ennemi mais il plongea sur le côté et lui fit un croche patte en même temps. Elle trébucha et s’étala par terre.

L’autre s’était déjà redressé et frappa à son tour vers la gorge d’Elanne, celle-ci roula sur le côté en évitant de justesse le coup puis elle se redressa avec hâte. Il essaya de frapper sa jambe pour l’empêcher de bouger mais elle mit sa lame sur la sienne en parant son coup. Il dégagea son épée et la força à reculer. Elanne, ne pouvant lutter car il mettait toute sa force dans ses coups, fut contrainte de reculer jusqu’à l’endroit où les flammes de l’incendie se propageaient, elle était coincée.

Alors elle constata que ses mouvements étaient moins fluides que d’habitude. Le Garoc lui asséna un coup sur l’épaule droite, cette fois-ci. Elle tenait à présent son épée à bout de bras, luttant contre la douleur.

Tout à coup, elle comprit. Elle n’était pas assez habile car elle était dans la peau du Garoc, pas dans la sienne. Alors elle retira l’amulette et la remit dans sa poche puis elle esquiva juste à temps le coup que le Garoc lui avait destiné et qui aurait pu lui être fatal.

Elle comprit ensuite que si l’amulette l’avait affaiblie, elle affaiblirait aussi le Garoc car il serait moins grand et moins résistant. Tout en plongeant sur le côté pour esquiver une nouvelle attaque du Garoc, Elanne se dit qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur et lança l’amulette le plus précisément possible.

Celle-ci tournoya un moment dans les airs et, alors qu’Elanne retenait son souffle, s’enroula autour du cou du Garoc et, avant qu’il ne comprenne la situation, il se mit à rétrécir.

Elanne profita de l’effet de surprise pour lui asséner un coup à la gorge, il para juste à temps son attaque mais il fut trop lent pour éviter la deuxième et il tomba donc, avachi sur le sol, mort.

Elanne s’approcha de lui en haletant et en titubant, affaiblie. Elle lui retira l’amulette et la rangea dans sa poche tout en regardant les troupes de Garocs partir, effrayés par la mort de leur commandant d’armée. Elanne poussa un soupir de soulagement et voulu s’assurer que son père adoptif était en vie.

Elle partit en laissant le corps sans vie du commandant Garoc et s’aventura parmi les corps des soldats, par terre. Elle baissait les yeux en cherchant du regard celui de son père adoptif, en espérant d’ailleurs qu’il ne s’y trouvait pas. Elle ne voulait pas qu’il soit mort.

Elle l’aperçut enfin vers un groupe de soldats, ils aident les femmes et les enfants à sortir du souterrain, d’autres encore aidaient les blessés. Le dernier groupe rassemblait les morts pour faire le deuil.

Elanne vit sa mère adoptive qui sortait du souterrain et se dirigeait vers son mari, le père adoptif d’Elanne.

Elle croisa leur regard en pensant, soulagée « ils sont en vie » puis elle s’évanouit, épuisée par son combat.

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