Chapitre 5

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Elanne entendait des voix. Elle n'aurait su dire lesquelles car elles étaient trop distantes, mais familières. Elle essaya de se lever pour savoir quelles étaient ces voix, mais elle n’y parvint pas.

Soudain, elle sentit quelqu’un la serrer contre lui, et Elanne reconnut le parfum d’Amerline, mais les voix étaient toujours présentes.

Elanne essaya de parler et constata avec satisfaction qu’elle y parvenait, alors elle demanda à sa mère adoptive :

« Où suis-je ?

  • Tu es dans l’hôpital principal de Shanima, car tu t’es évanouie, on a dû te récupérer et te transporter le plus vite que l’on pouvait, répondit Amerline d’une voix calme et posée.
  • Et où est papa ?
  • Il est de l’autre côté de la porte de ta chambre d’hôpital, mais ne t’avise pas d’aller le voir, tu es encore trop fatiguée. »

Elanne leva les yeux au ciel même si au fond elle savait bien que sa mère avait raison, et se dit que les voix venaient de son père, qui devait sûrement parler avec les elfes soigneurs et les soldats.

Sa mère partit après lui avoir expliqué qu'elle allait voir comment se portaient les autres blessés dans la salle d’à côté et proposer son aide aux soigneurs.

Elanne essaya une nouvelle fois de se lever, et miracle ! Elle y parvint et décida d’aller écouter la conversation de son père.

Elle s’extirpa tant bien que mal de son lit et se plaça près de la porte le plus discrètement possible, et attendit.

Au début, personne ne parlait et Elanne supposa qu’ils devaient boire un verre de Gördánarh, une liqueur elfique très forte que seuls les hommes les plus robustes aimaient boire.

Puis, une voix qu’Elanne reconnut comme celle du chef du Bataillon Elfique de Shanima entama la conversation et déclara :

« Ah ! Ces Garocs n’étaient vraiment pas facile à combattre, et beaucoup d’entre nous sont morts. Mais j’aimerais quand même faire un point sur ce combat, car il faut que l’on devine le maximum des stratégies de l’ennemi, et que l’on puisse, peut-être grâce à ces informations, trouver quelques remèdes contre le poison qui se trouve parfois sur la lame de certains Garocs. Alors qui se lance pour décrire son combat ?

  • Moi, répondit Erlun, le père adoptif d’Elanne.
  • D’accord, on t’écoute, autorisa le chef du Bataillon Elfique de Shanima.
  • Et bien, il y a beaucoup de choses à dire. Ils sont venus armés de diverses armes, de torches enflammées, tous recouverts d’une solide armure en métal, mais vous le savez déjà, et je pense donc que vous avez déjà déduit qu’ils avaient tout prévu pour l’attaque. Je laisse donc la parole à d’autres. »

Erlun but une gorgée de Gördánarh après avoir parlé.

« Moi, je voudrais aborder une chose, annonça un soldat qu’Elanne ne reconnut pas car elle ne pouvait pas voir sa tête, il y a un point que je voudrais aborder sur les Garocs. J’ai remarqué que l’un d’eux était plus grand, plus fort, plus menaçant, et mieux protégé car il portait une armure polie et doublement renforcée et un casque solide. Il semblait être leur chef de bataillon. Mais le point qui m’inquiète le plus est que je ne sais pas s’il est encore en vie, et que s’il l’est, il peut très bien comploter avec les Garocs survivants contre Shanima, car je pense que de tous les Garocs présents, c’est le plus à même d’élaborer un plan construit. »

Elanne se demanda si elle devait ou non leur expliquer qu’elle l’avait tué, mais le bruit qu’elle causa en se cognant accidentellement contre la porte mit fin à ses hésitations car la porte s’ouvrit et Elanne déboula en plein milieu des soldats et des elfes guérisseurs.

Les elfes furent hébétés, et c’est Erlun qui réagit le premier en s’exclamant :

« Elanne ! Que fais-tu ici ? Tu étais sensée te reposer dans la salle d’à côté, et tu sais que tu n’as pas le droit d’écouter aux portes enfin ! C’est malpoli ! »

Elanne n’essaya même pas de nier qu’elle avait écouté à la porte et répondit :

« Désolée, mais c’était plus fort que moi, et votre conversation m’intéressait, et…

  • Ah, parce que le fait qu’une conversation te plaise te donne le droit d’écouter aux portes ! cingla Erlun à la figure d’Elanne.
  • Encore une fois, désolée, je ferais mieux de retourner dans ma chambre d’hôpital, fit Elanne d’un air dépité et abattu. »

Elle s’attendait à ce que son père adoptif lui fasse une remarque comme : « Alors, dépêches-toi d’y aller et la prochaine fois que tu écoutes aux portes ça va barder ! », mais à sa grande surprise, ce ne fut pas Erlun mais le chef du Bataillon Elfique de Shanima qui lui adressa la parole :

« Attend, tu as bien participé au combat, n’est-ce pas ?

  • Euh, oui, répondit Elanne, profondément surprise.
  • C’est bien ce que je pensais, alors tu devrais rester, car tu peux toujours nous fournir des informations sur ton combat, et qui sait, nous aider grandement.
  • Merci beaucoup…, chef, fit Elanne qui ne savait pas comment appeler le chef du Bataillon Elfique de Shanima.
  • Au fait, tu peux m’appeler Ardh, répondit l’intéressé, mais parles-nous maintenant de ton combat. »

Elanne essaya de se rappeler de l’intégralité de son combat tout en voyant le regard concentré d’Ardh et celui agacé d’Erlun.

Quand elle arriva au moment où elle avait aperçu le Grand Garoc, les elfes se figèrent, et Ardh lui fit remarquer :

« Pourquoi ne nous as-tu pas tout de suite parlé de lui ? Je sais bien que tu écoutais quand on parlait d’un Garoc du même type, alors pourquoi ?

  • Oh…, répondit Elanne d’un ton d’excuse, c’est que je me demandai si je devais où non vous parler de lui avant que je tombe un peu brusquement, donc on peut dire que cette maladresse à mit fin à mes hésitations !
  • On peut dire ça comme ça, oui, grommela Erlun.
  • Bon, revenons à ton combat, Elanne, proposa Ardh. »

Elanne décida de ne pas parler de l’amulette, et elle raconta qu’elle avait gagné car le Grand Garoc était tombé dans les flammes.

« Eh bien ! s’exclama Ardh, tu t’es très bien battue, dommage que l’on ne puisse pas recruter de femmes comme toi dans notre armée.

  • Ardh, n’y pense même pas, intervint Erlun d’un ton autoritaire.
  • Oui, bon, Elanne, tu peux disposer.
  • Et n’écoute plus nos conversations ! la réprimanda encore une fois Erlun. »

Elanne se dirigea vers la sortie de la pièce le sourire aux lèvres, mais elle n’eut pas le temps d’apercevoir une drôle d’amulette autour du coup d’un des elfes guérisseurs de la pièce.

Une fois hors de la pièce, Elanne décida de sortir de l’hôpital, elle se sentait mieux et elle pouvait marcher, mais ses jambes restaient quelque peu en compote. Le seul inconvénient était qu’elle se trouvait au troisième étage et que par conséquent, il fallait qu’elle prenne le long escalier en colimaçon qui menait au rez-de-chaussée à pied. C’est alors qu’Elanne eut une idée. Elle regarda autour d’elle car ce qu’elle avait en tête ne méritait pas d’être vu.

Quand elle fut assurée que personne n’était là, elle s’assit en amazone sur la rampe de l’escalier et se laissa glisser jusqu’en bas. Elle ne vit personne dans le couloir du deuxième étage et elle continua de se laisser glisser.

Au premier étage, elle vit deux infirmières qui parlaient de leur travail :

« Cette guerre dure depuis des éternités et toujours autant de patients à soigner !

  • Tu m’étonnes, je viens d’en sauver deux à la limite de la mort. Malheureusement, trois autres sont décédés ce matin. »

Elanne décida de s’arrêter au premier étage, la conversation l’intéressait. Elle se faufila derrière une petite étagère qui contenait des flacons et tendit l’oreille pour entendre la suite.

« Si ça continue comme ça, je crains que Shanima finisse par tomber, les Garocs sont de plus en plus nombreux et les Gogems, de plus en plus puissants !

  • Je crois même que Shanima est dans leur ligne de mire, ils veulent éliminer les elfes avant toute chose, je ne sais pas pourquoi mais j’ai vraiment l’impression qu’ils ont une dent contre notre peuple.
  • Tu crois que ce serait en rapport avec la prophétie ?
  • Tu veux dire la prophétie dont Erlun nous a parlé ?
  • Oui, celle-là, elle est très intrigante. »

En entendant ces mots, Elanne ragea intérieurement : « Une prophétie ! Une prophétie ! Et mon propre père adoptif ne m’a rien dit alors qu’il était au courant ! » Elanne ne put s’empêcher de taper du pied, ce qui eut pour effet de faire trembler l’étagère derrière laquelle elle s’était cachée. Sous l’effet des tremblements, un flacon tomba et se brisa bruyamment au sol, répandant une substance jaunâtre au sol, ce qui alerta les infirmières.

« Oh non ! s’exclama l’une d’entre elles.

  • C’était la fiole de Gördánarh que je devais apporter à Erlun et au chef du Bataillon ! termina la deuxième. »

Profitant de leur désarroi, Elanne fila ni-vu, ni-connu vers l’escalier, reprit sa position et glissa à nouveau vers le rez-de-chaussée.

Arrivée en bas, Elanne sauta de la rampe et courut jusqu’à la sortie, ses jambes menaçaient de lâcher à tout instant.

Une fois dehors, Elanne reprit son souffle et se mit à réfléchir : « Mon père est dans l’hôpital, il connait une prophétie qu’il a visiblement répétée à toute la population sauf moi. Sauf que pour obtenir des informations, il me faut retourner dans l’hôpital alors que je viens d’en sortir et d’y renverser une fiole de sa boisson préférée. Il ne me reste donc qu’une seule solution, le faire sortir ! »

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