Deuxième lettre

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A son réveil, Anaëlle ne savait toujours pas quoi faire de la lettre. Elle décida donc de se rendre à la plage, son lieu de méditation de prédilection. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver une bouteille identique à celle de la veille. Sa curiosité reprenant le dessus, la demoiselle s’en empara et sortit la lettre qui se trouvait à l’intérieur. L’écriture était semblable à celle trouver précédemment, même style et même finesse. Anaëlle n’attendit pas plus longtemps pour la lire.


Jeudi 12 juin 1997

A toi qui as trouvé ma lettre, sache que tu lis la lettre de Kuro DABURU, le grand artiste à l’origine du Massacre de l’île Ritō, un pur chef d’œuvre selon moi.

Les nuits orageuses sont vraiment mes préférées, et ce, depuis mes 21 ans, le vendredi 13 juin 1992. Tout le monde affirme que les vendredi 13 portent malheur, mais ils sont pour moi synonyme de libération et de renouveau. Depuis que j’ai été délivré des chaînes que représentait mon corps, je ne me suis jamais senti aussi bien. Les meurtres et les massacres jusqu’à maintenant n’étaient que des échauffements, des préparations pour mon œuvre ultime sur cette île.


Anaëlle pouvait voir d’ici la tête de psychopathe que faisait l’auteur au moment où il couchait ces mots sur le papier, ses yeux vitreux embués par un plaisir malsain, ses lèvres étirées dans un sourire effrayant. Cette image était bien loin de celle qu’elle avait eue la veille.


Les voir hurler et trembler de peur était si jouissif, un vrai plaisir. Et tout ce sang ! J’en ai encore des frissons. J’ai décidé de commencer par mes cousins et cousines. Après tout, ne dit-on pas honneur aux plus jeunes. Ils tremblaient tellement qu’ils étaient tétanisés, les yeux agrandis d’effroi et les tuer a été simple comme bonjour. Par la suite, j’ai planté un pieu dans le cœur de mes oncles et de mes tantes pendant leur sommeil. Leur visage crispé de douleur lorsqu’ils ont senti la vie les quitter était une pure merveille. J’ai ensuite arraché les membres un par un de mes parents en me délectant de leurs cris de douleur et je leur ai ouvert le ventre pour laisser pendre leurs boyaux. Et j’ai fini en brûlant vif mon grand-père pour ne laisser de lui que des os et sa bague attestant de son identité.

Tu te demandes sûrement pourquoi personne n’a tenté de se défendre ou de me tuer avant que ce ne soit leur tour. Il est vrai qu’ils auraient dû entendre les cris de mes premières victimes mais les murs des chambres étant insonorisés – merci papi – personne n’a rien entendu à part moi.

Le but de cette lettre est de dévoiler au grand public l’auteur de cette exquise œuvre d’art. Ne me cherche pas, tu ne pourras jamais me retrouver, car je n’existe plus. J’ai décidé de mettre fin à mes jours après avoir accompli ma plus grande création, sachant que je ne pourrais jamais la surpasser. Mais si tu veux mon corps, il repose dans les profondeurs de l’océan bordant les côtes de l’île.


Anaëlle ne savait plus quoi penser de tout ça. La veille, elle trouvait une lettre exprimant d’immenses regrets et aujourd’hui une autre disant que le massacre était un pur plaisir ainsi qu’une véritable œuvre d’art. De plus, les dates étaient différentes selon les lettres, provoquant le doute quant à la véracité de la première puisque ce Kuro DABURU était censé s’être suicidé avant d’avoir pu écrire la deuxième, en imaginant bien sûr qu’il ne mente pas sur le jour de l’écriture chacune. Et sans la description de la scène de crime des enquêteurs, la demoiselle ne pourra jamais savoir laquelle est susceptible d’être vrai. Mais le plaisir malsain décrit dans la deuxième lui faisait de plus en plus penser à un canular d’un psychopathe étant tombé par hasard sur un article et ayant voulu s’approprier ces meurtres. La brune prit finalement la décision de n’en parler à personne et de garder ces lettres précieusement au fond d’un tiroir, là où personne ne les trouverait. Qui sait, peut-être que la scène de crime serait divulguée un jour, lui permettant de savoir si une de ces lettres est vraie ou non. Et pour le moment, tant pis pour l’enquête, elle restera un mystère aux yeux de tous. Sauf pour elle, en admettant que ce soit bien ce Kuro DABURU qui ait fait cette chose horrible. Quelle lettre pourrait-elle donner ? On la traiterait de menteuse ou bien de folle et on penserait qu’elle les avait créées. Il valait mieux que le monde n’apprenne pas l’existence de ces écrits, du moins tant qu’elle ne connaîtrait pas les détails de l’affaire.

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