Chapitre 30

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Seed, Dalkia, Utopia, 9 juillet 1990, 14h environ

Zack, le lieutenant Robb et leurs équipes respectives, couraient pour se mettre à couvert derrières des barricades improvisées. Celles-ci avaient été placées il y a quelques jours par la Résistance alors qu'elle contrôlait encore la ville. Malgré la présence de certains bâtiments en ruines, et le fait que la bataille en cours était la quatrième que connaissait Seed en quelques mois, dont trois ces dernières semaines, la ville avait subi relativement peu de dégâts matériels. Du moins pour le moment.

La première bataille entre l'armée dalkienne et l'armée efdéème avait vu une capitulation rapide de la première, empêchant donc le Efdéème de tout raser. La deuxième, celle durant laquelle la Résistance ne reprit la ville que pour quelques heures, avait engendré plus de destructions. La troisième, celle qui commença avec le débarquement de l'armée du capitaine Neg, avait littéralement ravagé la côte. Et cette quatrième bataille qui se déroulait en ce moment laissait présager un bilan encore plus lourd que la précédente, du fait de la présence des deux plus grandes armées utopiennes.

La première chose que firent les résistants, une fois à couvert, fut de contacter l'équipe de Grant Kodyn pour connaître leur position.

—Kodyn ? Ici Zack... vous me recevez ?

—Cinq su Cinq, répondit Grant quelques secondes plus tard.

—Où êtes vous ?

—Dans un immeuble près d'un lycée... le lycée Arisson Delos, quelque chose dans le genre.

—Le lycée Arisson Delos... reprit Zack en parlant à son équipe... ça vous dit quelque chose ?

Olympe secoua la tête de gauche à droite pour dire qu'elle ne le connaissait pas. Jack non plus. Mais Dwayne lui, oui.

—C'est mon ancien Lycée... Enfin l'un de mes anciens lycées. Je n'y ai fait que sept mois avant de me faire virer.

—Et tu saurais le retrouver à partir d'ici ? lui demanda Zack.

—Ouais... Bien sûr.

Zack s'adressa à nouveau au commandant MOCH.

—Ok, on arrive vers vous... On est avec une équipe Impériale. On va vous retrouver et...

—Non ! répondit Kodyn, interrompant Zack. Négatif, restez sur votre objectif... Vous êtes sûrement là pour reprendre le palais pendant que les vaisseaux s'occupent de la frégate efdéème... Ne vous inquiétez pas pour nous. Ils n'ont pas réussi à nous avoir... Dirigez vous vers le palais. C'est à nous de vous rejoindre.

—Mais...

—Fais nous confiance Zack... On se retrouve au palais présidentiel dalkien...

Zack lança un regard au lieutenant Robb. Ce dernier, qui avait entendu la conversation, lui fit un signe de la tête signifiant qu'il était d'accord avec le commando MOCH.

—Compris Kodyn, termina Zack avant de ranger la radio dans l'une de ses poches.

Les deux équipes reprirent leur route. Après quelques minutes de marche, ils n'avaient toujours pas croisé le moindre soldat ennemi. Ils se remirent à couvert derrière des blocs de bêtons, déposés au travers de la route par la Résistance après la dernière bataille.

—C'est encore loin ? demanda le sergent Matthieu Todd, membre de l'équipe d'Ewan Robb. Todd était assez grand, près d'un mètre quatre-vingt dix, les cheveux bruns, environ vingt-cinq ans, équipé d'une mitrailleuse lourde.

—Oui... On est dans une capitale... dit Jack. La ville est grande et on n'a pas été déployés tout près du palais.

—Normal, compléta Ewan Robb, apparemment votre palais présidentiel se trouverait pas très loin de leur frégate. Nous déployer juste à côté du palais aurait été compliqué. On se serait facilement fait allumer par l'artillerie anti-aérienne du vaisseau.

—Oui... C'est exact, répondit Zack avant qu'une balle vienne se loger sur le bloc de béton derrière lequel il était caché.

Tous le monde se recroquevilla encore plus.

—Le tir... Il venait d'où ?! demanda Zack.

—D'une fenêtre de l'immeuble d'en face... dit un soldat Impérial.

—Quoi ? Ça ? C'est pas un immeuble... C'est un centre-commercial ! cria Zack.

—Peu importe, ils sont là dedans... dit le sergent Todd.

—Moi et Jack on pourrait l'avoir, dit Hal... Mais ce serait risqué On ne sait pas combien ils sont.

En effet, Hal et Jack aurait pu, grâce à leurs pouvoirs, tenté de jeter sur le tireur l'une des nombreuses voitures présentes dans les environs, ou même n'importe qu'elle autre objet. Mais soulever une voiture par la pensée était trop compliqué, surtout pour Jack qui ne maîtrisait pas encore totalement son potentiel. De plus, ça les aurait exposé à d'éventuels autres tireurs.

Les deux équipes n'étaient pas au bout de leurs surprises. Un char efdéèmois s'avança vers eux. Autant ils étaient à l'abri des tirs de fusils, autant ils ne tiendraient pas face à un tir d'obus.

—Merde ! cria Robb, On dégage !

Un obus en provenance du char vint s'écraser sur la barricade. Celle-ci explosa et des débris volèrent dans tous les sens. Deux soldats Impériaux furent tués dans l'explosion. Un soldat efdéèmois ouvrit l'écoutille du char et commença à tirer sur les fuyards à la mitrailleuse lourde. il réussit à abattre un autre soldat et à en blesser un second. Mais ça n'était qu'une blessure superficielle. La balle l'avait juste frôlé au niveau du bras. Une simple pression avec n'importe quel tissus devrait suffir à stopper le saignement. Le lieutenant Robb prit sa radio pour demander un soutien aérien.

—Ici le lieutenant Robb, code X43B, Notre route est bloquée par un char et des tireurs embusqués dans un centre commercial. Nous subissons des pertes... Demandons soutien aérien d'urgence.

—Bien reçu X43B, envoie du soutien aérien sur votre position.

Le lieutenant Robb rangea sa radio dans une poche puis se tourna vers les résistants.

—Ça va pleuvoir... leur dit-il.

—Quoi ? demanda Olympe.

Quelques secondes plus tard, trois chasseurs Impériaux arrivèrent à proximité de leur position. L'un d'entre-eux verrouilla le char efdéèmois. les deux autres le centre commercial. Les avions de chasse Impériaux produisaient un bruit assez important. Impossible de ne pas manquer leur arrivée. Les trois appareils tirèrent chacun un missile. S'en suivit alors une assez grande explosion. Il ne restait plus grand chose du char efdéèmois... et du centre commercial non plus d'ailleurs.

Le sergent Todd jeta un coup d'oeil. Plus aucun signe d'activité ennemie dans la zone.

—On peut y aller... dit-il.

Les deux équipes se remirent en marche vers le centre-ville, là où se trouvait le palais présidentiel, là où devaient converger toutes les équipes déployées.

***

Pendant ce temps, le capitaine Neg gérait l'armée efdéème depuis la passerelle de son vaisseau.

—Monsieur... l'interpella une jeune officier, les deux vaisseaux ennemis se dirigent droit vers nous.

—Alors préparons nous à les accueillir... Virez à quatre-vingt-dix degrés tribord.

—Mais capitaine... dit Vangélios, Nous sommes seuls. Ils sont deux...

—J'ai dit préparez vous au combat ! répéta t-il furieusement

—Oui capitaine, répondit timidement l'officier Vangélios, avant de relayer l'ordre au personnel présent sur la passerelle.

Neg scrutait au loin les deux vaisseaux en train d'arriver. "Ils ont perdu la tête", se dit-il "Ils vont se risquer à ça".

Les deux vaisseaux se déplaçaient assez lentement. Leur chemin était remplit d'embûches, l'artillerie efdéème au sol leur tirant dessus et les chasseurs rouges les ralentissant, Il était très probable qu'à l'approche de la frégate efdéème, ils soient déjà bien endommagés .

Le vaisseau efdéèmois pivota à quatre-vingt-dix degrés vers la droite pour pouvoir tirer sur les deux vaisseaux avec ses canons de bord, soit les canons les plus puissants dont il était équipé.

***

Le général Timéli avait décidé de participer personnellement aux combats. Sa navette avait réussi à atterrir à moins de trois kilomètres du palais. Des dizaines de soldats véerèmois entouraient leur général. Son équipe était accompagnée de quelques résistants et de véhicules blindés ayant réussis à franchir la ligne de défense établie par le Efdéème aux frontières de la ville.

—Mon général... d'après les résistants, le palais est droit devant nous, à moins de trois kilomètres.

—Très bien... Dites aux chars d'ouvrir la route.

—À vos ordres !

Timéli sorti une paire de jumelle pour scruter les environs. Il regarda les bâtiments, pour voir une éventuelle présence de tireurs embusqués. Rien. Mais il devait tout de même rester prudent. Des tirs se faisaient entendre, et juste au dessus d'eux, l'aviation véerème et Impériale se battaient contre celle du Efdéème. Il risquait donc d'y avoir des attaques de la part de l'aviation ennemie et des chasseurs des deux camps risquaient d'être abattus avant de s'écraser sur eux. Autre problème, la frégate ennemie n'était elle non plus, pas très loin d'eux. Même si visiblement elle s'était focalisée sur les deux autres vaisseaux, elle restait tout de même dangereuse. Des canons, spécialement conçus pour les frappes air-sol, étaient présents sous la frégate.

Après quelques centaines de mètres, l'équipe de Timéli tomba sur une embuscade ennemie. Des méchas et des chars se mirent à les arroser. Les chars et blindés véerèmois répliquèrent. Les deux camps subirent des pertes.

—Général ! Il faut vous mettre à l'abris, vite ! dit un soldat avant de se prendre une balle perdue.

Timéli vit ce soldat s'effondrer devant ses yeux. Il se mit à couvert derrière les reste d'une voiture citadine dalkienne.

—Détruisez ces engins ! criait-il.

Les efdéèmois avaient la supériorité numérique. Trois chars du Véerème explosèrent quasiment simultanément sous les missiles et roquettes ennemies.

Un soldat véerèmois épaula un lance-roquette et en envoya une droit sur un mécha ennemi le détruisant en une fraction de seconde. Puis le soldat rechargea l'engin. Alors qu'il s'apprêtait à tirer, sur un char, il fut abattu par un tireur d'élite qui l'avait repéré lorsqu'il avait tiré la première roquette.

Trois bombardiers Hirondelle véerèmois dont les pilotes avaient vu depuis leur cockpit la scène, se dirigèrent vers eux, suivis par deux chasseurs efdéèmois qui les prirent en chasse.

—Ils sont derrière nous ! dit l'un des pilotes. Ils nous collent au train !

Les chasseurs efdéèmois ouvrirent le feu. Deux bombardiers furent détruits et s'écrasèrent sur les épaves de chars véerèmois. Le troisième eut le temps de larguer ses bombes, avant de se faire détruire lui aussi.

Les bombes, éliminèrent une bonne partie des méchas et chars efdéèmois. Mais les bâtiments eux, grouillaient toujours de tireurs ennemis.

—Restez sur vos gardes ! cria un soldat. Les bâtiments ! Il reste des tireurs !

Trois soldats véerèmois se précipitèrent vers le général Timéli, toujours à couvert derrière la même épave de voiture. Un autre soldat vit un efdéèmois au bord d'une fenêtre s'apprêtant à tirer avec un fusil de précision. Le soldat Véerèmois l'abattit avant qu'il n'ait eu le temps de presser la gâchette.

—Il faut rejoindre d'autres équipes... dit Timéli. Sans char, on n'ira pas loin...

***

Zack, Ewan Robb et leurs équipes arrivèrent dans un quartier résidentiel. La zone semblait calme, sans aucune présence hostile.

—Restez sur vos gardes, dit le lieutenant Robb.

Les Impériaux et les résistants avançèrent prudemment. Il leur restait moins de trois kilomètres avant d'arriver au palais présidentiel. Ils étaient étonnés qu'il n'y ait pas de troupes ennemies dans cette zone.

La porte d'entrée de l'une des maisons s'ouvrit.

—À neuf heures ! cria un Impérial.

Derrière la porte se trouvait une petite fille, qui devait avoir entre six et huit ans. Elle ne représentait aucune menace pour les résistants et les Impériaux.

—Ne tirez pas ! cria Robb, c'est une enfant !

Deux soldats se dirigèrent vers elle, suivit par Olympe qui s'accroupit devant la petite pour lui parler.

—Tu es seule ? Où sont tes parents ?

La jeune fille resta muette. Des larmes se mirent à couler le long de ses joues.

Olympe regarda ce qui se trouvait derrière elle. Elle se releva et devina ce que la fillette essayait de lui dire.

—Et merde, se dit Olympe à elle-même.

Un chasseur efdéèmois s'était écrasé dans le jardin de cette famille, probablement après avoir été abattu par un chasseur véerèmois ou Impérial. Le nez de l'appareil était entré dans la maison, écrasant les parents de la jeune fille qui se trouvait là au même moment.

Ewan Robb et Zack arrivèrent vers Olympe.

—Et merde, dit à son tour le lieutenant impérial.

Olympe se tourna vers lui.

—Qu'est-ce qu'on fait ? On ne peut pas la laisser là...

—Elle sera plus en sécurité ici, dit Zack.

—Oui mais, commença Olympe avant de continuer en parlant moins fort pour pas que la fillette ne l'entende. Si elle reste ici, elle restera face à ses parents... face à leurs cadavres... On ne peut pas la laisser.

Ewan entendit Olympe. Elle avait raison. Cette fillette serait plus en sécurité ici qu'avec eux, mais il ne pouvait pas la laisser là. Cette scène avait du la traumatiser et rester ici ne ferait qu'empirer ça.

—Ok ! dit-il, on l'emmène avec nous et on fait toutes les maisons pour voir s'il y a quelqu'un. On la dépose à la première maison occupée.

—Et si elles sont toutes vides ? demanda Zack.

—On l'emmènera avec nous... jusqu'à trouver un autre endroit où elle serait en sécurité.

Olympe se baissa à nouveau pour s'adresser une nouvelle fois à la jeune fille.

—Comment tu t'appelles ?

—Emma, répondit timidement la jeune fille.

—Emma... tu va venir avec nous. On va te mettre en sécurité.

—Mais les gens en rouge, ils ont dit à moi et maman et papa qu'on devait rester à la maison.

Les "gens en rouge". Emma parlait de l'armée efdéème. Ewan Robb tourna la tête vers la fillette.

—Les "gens en rouge" ? reprit Olympe... Ils sont passés par ici ?

Emma fit un "oui" de la tête.

—Ils ne sont pas restés ? lui demanda Robb.

—Non... Il y a eu des explosions et ils ont dit à tous le monde de rester à leur maison et de ne pas sortir. Et puis ils sont partis avec leurs chars.

"Des explosions" pensa Olympe. Probablement les charges qu'elle avait placés avec son équipe et celle de Kodyn. Les forces efdéèmes présentes dans ce lotissement avaient certainement entendus les déflagrations avant d'être appelées sur place.

—Alors la zone est sûrement bien vide de efdéèmois, dit le lieutenant Impérial au sergent Todd.

Jack lui, était focalisé sur quelque chose... Depuis que le groupe s'était arrêté pour s'occuper de cette fille, son attention était braquée sur un ensemble d'arbres et de buissons un peu plus loin dans le lotissement. Il ressentait quelque chose... Comme si quelqu'un les observait depuis cet endroit.

Inconsciemment, il se dirigea lentement vers ces buissons. Alors qu'il n'était plus qu'a une dizaine de mètres de ces derniers, une main se posa sur son épaule droite, l'empêchant de continuer. Il s'agissait de Hal.

—Qu'est-ce que tu fait ? lui demanda t-il. Où tu vas ?

—Nulle part... Je crois qu'il y a quelque chose derrière ces buissons. J'allais voir c'est tout.

Hal regarda les buissons. Jack n'avait pas tort. Lui aussi ressentait une présence. Mais elle ne venait pas de derrière les buissons. Ou du moins pas seulement. En fait, c'était un peu partout. Là, derrière les buissons, dans certaines maisons, derrière des murs,... Jack ne maîtrisait pas encore ses perceptions aussi bien qu'Hal maîtrisait les siennes. Mais le simple fait qu'il arrivait à ressentir, même une seule présence, prouvait qu'il avait un fort potentiel. Peu de paranormaux y arrivaient. Jack avait ressenti une présence, mais il y en avait d'autres.

Hal finit par comprendre que c'était un guet apens... Emma avait certainement bien vu les hommes du Efdéème partir... Mais c'était ce qu'ils avaient voulu faire croire aux derniers habitants du quartiers.

—Ils ne sont pas tous partis... se dit Hal pour lui-même, avant de se tourner vers autres... C'est un piège !

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