Chapitre 15

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Zack, Olympe et les autres restèrent plantés là, en plein milieu des hautes herbes, des pointeurs laser sur le torse. Ces hommes portaient des armures et des casques à l'expression froide et intimidante, probablement des mercenaires. Cependant, ils n'arboraient pas les couleurs du Efdéème.

Jack avait les bras tendus et les poings serrés. Il mourrait d'envie d'agir pour sortir ses amis de cette situation.

— Non, laisse tomber, lui dit Hal en lui tenant le bras droit. Ils sont trop nombreux.

L'Exotien en avait compté une vingtaine. Lui et Jack, avec leurs pouvoirs, pourraient peut-être en venir à bout mais ils ne pourraient sans doute pas protéger leurs compagnons qui se feraient certainement abattre par ces hommes.

Encerclés, les résistants n'eurent d'autres choix que de baisser leurs armes face à la supériorité numérique de ces inconnus.

Soudain, un autre individu arriva en courant. Il portait lui aussi une armure et un casque similaire à celui des autres.

— C'est bon ! Baissez vos armes, ce sont des résistants dalkiens ! cria-t-il.

À peine eut-il terminé sa phrase que les autres s'exécutèrent. « Sûrement leur chef » pensa Olympe.

— Suivez-nous, dit-il aux résistants. Vous n'êtes pas en sécurité ici.

Il était grand, portait une armure noire, un casque ébène, la visière teintée en rouge. Deux bandes rouges partaient du bas de la visière jusqu'au bas du casque, le distinguant des autres. Il portait également une courte cape de couleur pourpre. Les résistants les suivirent jusqu'à leur campement à quelques centaines de mètres de la prairie.

— C'étaient eux, dit Jack à Elena, en parlant des individus qu'ils avaient repérés l'autre jour près de la base Lima.

Elena hocha la tête pour confirmer.

Ils entrèrent, tous, à l'intérieur d'une immense tente. L'individu à la cape retira son casque. Les résistants furent surpris de voir qu'il s'agissait d'un homme assez jeune, environ la trentaine. Blanc, les cheveux noirs.

— Je suis Grant Kodyn, commandant des commandos MOCH. Désolé pour tout à l'heure, on a affronté des troupes efdéèmes à plusieurs reprises depuis notre arrivée. Vous n'aviez pas d'uniformes ou d'armures efdéèmes mais vous portiez leurs armes. Mes hommes se sont méfiés.

— Les Commandos MOCH ? Mais qu'est-ce que vous faites ici ? demanda Olympe. D'après ce que l'on raconte, vous travaillez régulièrement pour l'Empire, le Véèrème ou le Nord-Véèrème. Ce sont eux qui vous envoient ?

— C'est le Véerème oui. Ils ne veulent pas déclencher une nouvelle guerre ouverte contre le Efdéème. Ça fait trente ans qu'ils n'ont pas connu de conflit de grande ampleur. Ils nous ont demandé de nous charger de la situation.

— Mais là, il faut qu'ils nous aident ! s'énerva Olympe. Ils ne peuvent pas nous laisser sous domination Efdéème. Le Véèrème est un symbole de la liberté. Que serait-il s'il refusait de nous secourir ?

— Le problème, reprit Kodyn, c'est que le Efdéème brouille toutes les communications. On ne peut même plus rappeler nos vaisseaux pour qu'ils viennent nous récupérer ou pour qu'ils contactent le Véèrème. Et sans nouvelles de notre part, il faut sept jours pour qu'une opération de sauvetage soit lancée pour nous récupérer.

— Alors, aidez-nous à prendre le contrôle de la tour REGIS, dit Olympe. Elle est assez puissante et assez haute pour que le signal passe au-dessus de leurs brouilleurs. On pourrait envoyer un message de détresse au Véèrème. C'est notre seule chance.

Cette idée intrigua Kodyn.

— Le reste de la Résistance va très certainement lancer une opération dans les prochaines heures, compléta Zack. Les transmissions ne sont brouillées que lorsque l'on veut communiquer avec l'extérieur. On peut donc prévenir la Résistance de votre présence. D'après ce que l'on dit, vous êtes les meilleurs guerriers du monde, ça peut suffire à les galvaniser.

Le commandant Kodyn réfléchit un instant. Il n'avait aucun doute sur la valeur de ses Hommes, entrainés depuis leur plus jeune âge à combattre et à faire face à toutes les situations. Mais ça paraissait tout de même risqué. Personne ne savait combien d'efdéèmois défendraient la tour.

— Ok, finit-il par dire. Utilisez la radio et lancez un appel à la Résistance. Nous attaquerons demain.

***

Aramis Neg regardait les vidéos de surveillance. Il avait du mal à croire ce qu'il voyait. Non seulement Hal Damon l'avait trahi, mais en plus de ça, il s'agissait d'un Paranormal. D'après les images, il semblait plus puissant que Jack Lorage. Ou du moins il maîtrisait mieux ses pouvoirs. Jack semblait encore les découvrir.

Il tapa des deux poings sur la table. S'être fait berner par un Paranormal le mettait en rogne. Comment avait-il pu se laisser avoir ? Il n'y pouvait rien, après tout, ça n'était pas lui qui avait été le recruter sur Exotis. Mais quand même, il s'en voulait.

Toutefois, grâce à Hal, le Efdéème savait désormais comment emprisonner les Paranormaux et grâce à Lorage, il connaissait également le plan de la Résistance : s'emparer de la tour REGIS. Il détenait encore deux avantages sur ses ennemis.

— Major Dex ! cria-t-il. Doublez la garnison de Telos. La Résistance en a après la tour REGIS. Ils vont probablement attaquer ce point dans les prochaines heures.

— Oui capitaine. Et pour les fugitifs ?

— On s'en chargera plus tard. Avec de la chance, ils participeront eux-mêmes à l'assaut.

— Bien Mon Capitaine, termina le major Dex avant de quitter la pièce pour transmettre les ordres aux troupes.

Malgré tout, Neg se trouvait dans une situation embarrassante et il le savait. Il avait réussi à reprendre la capitale de Dalkia en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire et aux yeux de l'empereur il avait réussi à capturer Lorage. Même s'il avait fini par s'enfuir. Maintenant, il devait faire face aux redoutables commandos MOCH ainsi qu'à une armée de résistants techniquement et numériquement inférieure aux moyens dont il disposait, mais qui comptaient deux puissants Paranormaux dans leur effectif.

C'était aussi une situation inédite pour lui. Depuis qu'il avait été promu capitaine, il y avait déjà cinq ans de cela, il avait toujours réussi à dominer ses adversaires. Le Véèrème le considérait comme le plus grand stratège du Efdéème. Un adversaire redoutable. Bref, d'ordinaire, c'étaient ses ennemis qui le craignaient. Pas le contraire.

— Il faut arrêter ces résistants et éliminer ces Paranormaux. dit-il pour lui-même.

***

Olympe regardait autour d'elle. Les Commandos MOCH avaient un aspect un peu ténébreux. Elle n'osait pas les regarder dans les yeux. Ou du moins dans la visière de leur casque. Elle ne savait pas non plus ce que signifiait l'acronyme MOCH. À vrai dire, peu de gens le savaient. Et elle n'irait certainement pas leur poser la question.

Une chose, néanmoins, était certaine. Elle était rassurée de les savoir dans son camp. Depuis quelques jours, la jeune femme avait vu les commandos de la Force Ecarlate en action. Ils étaient efficaces, précis et sans pitié. Mais d'après les rumeurs, personne n'égalait les Commandos MOCH. Pas même la Force Ecarlate efdéème.

Hal arriva vers elle.

— C'était assez inattendu, non ? demanda-t-il.

— Le fait que tu te ranges de notre côté ? dit Olympe sur un ton ironique faisant sourire le jeune homme.

— Non. Eux, reprit Hal en parlant des MOCH.

— Assez oui.

— Tu crois qu'ils sont aussi efficaces que leur réputation le laisse entendre ?

— J'espère. Ils sont notre seule chance d'arriver à la tour REGIS. J'ai réfléchi et c'était stupide de vous entraîner dans cette opération juste après notre évasion. Sachant que Jack a été contraint de leur révéler notre plan, elle est sans doute très bien gardée en ce moment-même. Mais avec les MOCH, on a notre chance.

— Ouais peut-être. En tout cas, dit-il en regardant des MOCH préparer leur arsenal, ils ont l'air d'être à la pointe et lourdement armés.

Hal était impressionné par leur armure. Assez simpliste à la base, ses couleurs la rendaient terrifiante. Certains avaient une armure bleue et non noire. Pourquoi ? Est-ce que ça symbolisait une différence de spécialisation ? De grade ? Aucun résistant n'était prêt à aller leur poser ces questions tant ils étaient intimidés. Lui l'était tout autant.

— Sur Exotis, les gens savent que tu es un Paranormal ? demanda Olympe, changeant complètement de sujet.

— Non. Ils ne sont pas prêts pour ça. Là-bas les gens comme moi ne sont que des légendes urbaines. Certains y croient, mais la majeure partie de la population ne croit pas en l'existence du paranormal. Même lorsque les témoignages abondent, les témoins sont souvent pris pour des menteurs. Ou alors on leur dit que ce qu'ils ont vu était une hallucination ou qu'il existe forcement une explication "rationnelle". Après... c'est vrai que certaines vidéos ou certaines photos sont effectivement truquées et que certaines personnes s'amusent à inventer de faux témoignages pour faire parler d'eux, mais il n'empêche que certains récits sont authentiques, dit Hal avant de marquer une pause. En tout cas, là-bas, il vaut mieux que je cache mes pouvoirs. Ça vaut mieux pour moi et pour mon activité.

— Tu travailles dans quoi ?

— Il y a encore six mois, j'étais ingénieur en armement pour l'entreprise de mon père : Rising Drake. Il est décédé il y a quelques mois dans un accident. J'ai hérité de la boîte. Je suis donc PDG de l'une des plus grandes fabriques d'armes d'Exotis.

— Mais je ne comprends pas. Pourquoi tu es ici alors ?

— Aramis Neg voulait que je l'aide à capturer ton ami, Jack.

— Neg ?

— Celui qui pointait une arme sur toi hier pendant l'interrogatoire.

— Ah oui, lui... répondit Olympe en se souvenant du visage de cet "Aramis Neg". Et donc il voulait que tu l'aides à capturer Jack, mais pourquoi toi ? Tu fabriques et conçois des armes.

— C'est une longue histoire. Mais pour faire court, il se trouve qu'en tant que Paranormal, je me suis aussi intéressé aux Paranormaux. Le Efdéème l'a appris par l'intermédiaire de ses espions et donc ils m'ont demandé mon aide. En échange de quoi, ils m'auraient offert les plans de certaines de leurs armes pour que je puisse les reproduire et les vendre sur mon monde. Avec ça j'aurais pu accentuer le leadership de mon entreprise, et McGregor Tech et FH Compagnie, mes principaux concurrents, ne seraient plus que des vieux souvenirs.

— Ta planète est en guerre ?

— Oui et non. Les conflits sont locaux. Nous n'avons pas connu de guerre globale depuis plus de soixante ans. Pour autant, les nations font tout pour développer leurs armées et être à la pointe de la technologie militaire moderne.

Zack arriva vers eux, accompagné du commandant Kodyn.

— C'est bon, la Résistance est prévenue, annonça Zack. Ils ont eu du mal à me croire lorsque je leur ai dit que les MOCH étaient présents à nos côtés, mais c'est bon, ils enverront ce qu'ils pourront sur la Tour REGIS. Ça risque de faire mal.

— Espérons-le, répondit Olympe.

— En tout cas il faut vous reposer, dit Grant, allez chercher vos amis, je vous conduirai dans une tente où vous pourrez récupérer. On partira demain à neuf heures.

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