¢нαριтяє ɪɪɪ : Le fin mot de l'histoire - partie 2

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  • Qu'est ce que tu es ? Pourquoi tu me suis partout? Pourquoi est-ce que je te vois dès que je regarde le ciel, dès même que quelque chose me fait penser au ciel ?

Je la regarde, interdit. Je ne sais pas quoi dire. Normalement,je devrais la calmer, l'apaiser, à la force de mes pouvoirs. Lui expliquer ce que je suis, pourquoi je suis là, lui faire prendre conscience de son rôle, de son destin voué à être dépourvu de relation amoureuse. Mais je ne peux pas. Devant la tempête de sentiments qui s'acharne sur son cœur et sur le mien, je ne peux pas. Je la regarde avec ma mélancolie habituelle. A l'intérieur je suis creux. Autrement, je ne pourrais pas supporter de la voir ainsi.

Elle me hurle dessus. Elle me hais pour avoir détruit ce rendez vous. Elle me hais parce qu'elle sait que ce simple nuage de café sur sa jupe à détruit tout l'avenir qu'elle aurait pu entreprendre avec Marc.

C'est un détail. Presque dérisoire. Mais cette tâche de café l'avait forcée a révélé son autre visage. Celui qu'elle n'avait pas quand elle regardait le ciel. Celui qu'elle avait voulu cacher en commandant cette tasse de café.

Je veux la toucher, essayer d'établir un contact pour mieux réguler ses sentiments, mais elle veut rester libre. Alors elle tente de s'échapper. Se retrouve acculée à la porte. Face à moi. Face à son destin.

Face à sa sentence.

Je suis silencieux. Une fois de plus.Je sens sur ma tête baissée le regard tout puissant du barman. Au fond de moi, une pierre opaque était logée. Je mis un instant à comprendre que je suis embarrassé. Pire : je culpabilise de ne pas savoir quoi dire. Je me sens idiot. Et je suis une nouvelle fois effrayé de ces sentiments : un ange ne connait aucun sentiments propres, seulement ceux des autres. Je regarde une fois de plus le ciel à l'horizon. Le soleil se couche à l'horizon, se décomposant en couleurs orangées. Je le regarde, nostalgique. Je me souviens des soirs passés avec Ophélie, à la regarder chercher ses réponses dans le ciel. Je me souviens de ces heures à la suivre dans les couloirs de son lycée, entre tracas inutiles et rire. Je me souviens des mauvaises notes que je l'aidais à accepter, des maquillages qui lui pourrissaient la peau, que je lui enlevais de force – ils l'enlaidissaient – du roman qu'elle écrivait – une stupide histoire d'amour. Je me souviens de tout et de tant, à en souffrir,parce que le passé souffre toujours le présent en omettant l'avenir.

  • Elle n'a pas réagi comme tout le monde lorsqu'elle découvert que j'étais là.
  • C'est à dire ?
  • C'était comme si elle savait qu'un jour elle me verrait. Comme si elle n'en avait jamais douté. Elle m'a accepté dans sa vie comme si j'y avais toujours été. Jamais Ophélie n'a doutée de ce que j'étais, de ce que je faisais. Et pour accéder à ce qu'elle désirait, elle a.... avais-je soupiré,ni plus ni moins utilisé ma nature angélique comme un ultimatum. »
  • Je te hais.

Ces trois mots, j'ai fini par m'habituer à les entendre. Nous sommes le 24 juillet. Cela fait un mois et demi que je connais Ophélie, quatre semaines qu'elle a connaissance de ma présence,sept rendez vous que j'ai avorté. Enfin huit. Elle sort tout juste de son dernier rendez vous raté.

  • Tu sais que je fais ça pour ton bien.

Comme à chaque fois qu'elle est de mauvaise humeur ou triste,elle s'est réfugiée sur une petite butte qui surplombe son village.Elle regarde le ciel pour y voir tout ce qu'elle ne pourra jamais avoir. Elle y voit un doux visage qui lui sourit, elle y voit des baisers enflammés, des promenades sur la plage, des doigts joins dans une parfaite union. Je n'ai jamais osé lui dire qu'elle se faisait plus de mal qu'autre chose à regarder ainsi en face sa malédiction. Parce que je ne me lassais jamais d'observer cette beauté angélique qu'elle acquierait alors.

  • Arrête, Cassiel. Une vie sans amour ne vaut rien. Si je ne peux pas tomber amoureuse, peut être vaut il mieux que je renonce maintenant à vivre.
  • Ne dis pas de bêtise. Tu sais que je t'en empêcherais de toute manière.
  • Comme tu as empêché Hervé de devenir mon grand amour ?
  • Hervé, Louis, Corentin, Evan, Oliver, Martin, Raphaël – je maintiens que tu n'as rien raté avec lui d'ailleurs, si tu connaissais l'original...
  • Épargne moi ton baratin angélique. Je le connais par cœur.

Elle se lève, bombe le torse, prend cette attitude supérieur qu'elle prend toujours quand elle m'imite. Je la regarde faire, mi amusé, mi agacé.

  • Une vie sans Amour profond, voici ton destin.

Jamais tu ne trouveras quelqu'un pour demander ta main.

Liée au ciel par le sang,

Jamais tu ne pourras trouver un prétendant.

Elle fixe mes prunelles pâles des siennes, ardentes.

  • C'était quand même pompeux comme entrée en matière.
  • Comment aurais-tu voulu que je le présente ? Tu n'auras jamais de petit ami parce que sinon l'humanité toute entière risque de périr ?
  • Toi et ton ton pseudo pessimiste. Comment veux tu que l'humanité toute entière disparaisse seulement parce que je sors avec quelqu'un ?
  • Les lois du Ciel sont impénétrables et implacables. J'ai déjà vu de quoi elles sont capables.
  • Mais bien sûr... dit-elle en levant les yeux au ciel. J'ai bien du mal à te prendre au sérieux. D'accord, tu peux te rendre invisible. Mais tu n'as même pas d'ailes. C'est un peu étrange pour un prétendu archange non ?

Je ne réagis pas. Je sais qu'au fond d'elle elle me croit.Elle sait que je suis bien un archange envoyé pour veillé sur elle.En vérité, elle sait même ce que je pense de ma mission. Je ne peux pas mentir. Elle a souvent essayé de me faire craquer en avançant qu'elle ne laisserait jamais tombé, qu'il était inutile de m'acharner, que je ferais mieux de rentrer chez moi. Et je lui ai toujours répliqué d'un ton implacable que pour moi une centaine d'année n'était qu'une poussière dans l'immensité de l'éternité à laquelle j'étais promis. Que pour elle, cela représenterait une vie. Elle se mue alors dans une moue boudeuse, m'attaquant alors sur mon sérieux et ma nature divine, comme s'ils pouvaient l'un ou l'autre servir à m'atteindre.

Comme je ne répond pas, Ophélie prend justement cette mine contrariée. Elle cesse définitivement de regarder le ciel,consciente du spectacle qu'elle m'offre lorsqu'elle le fait. Elle détourne les yeux de la beauté qu'a offert la nature aux cieux, préférant de façon incompréhensible fixer l'écran de verre de son téléphone plutôt que de regarder s'affronter au dessus de nos têtes dans un ballet méthodique et organisé le bleu pâle et clairet l'orange fougueux et enflammé. Je soupire. Je sens sur moi à travers ce ciel Dieu qui m'observe de son regard de fer. Il attend que je la protège, que je fasse son bonheur. Ce regard invisible pour la première fois m'écrase la poitrine. Je sursaute, surpris. Je sais que je ne peux ressentir aucune émotion de moi même. Elles me sont soit transmises par mes protégés afin que je sache parfaitement ce qu'ils ressentent, soit par les Hautes Instances Célestes afin de m'informer de quelques chose – comme si un message n'était pas plus simple.

Prenant cette pression sur ma poitrine comme un signe divin que je devais agir, corriger un tord que je venais de causer, j'avais soupiré. Et je m'étais exécuté. Dans tout les sens du terme. J'avais déployé mes ailes. Le bruissement avait alerté Ophélie qui avait relevé la tête de son téléphone.

Elle était restée bouche bée. Et pour la première fois,j'avais pu observer sa beauté autrement que lorsqu'elle regardait le ciel. Mes ailes lui faisaient le même effet que l'étendu tachée de bleu, d'orange et de rouge qui se fondait dans un noir discret et gracieux lentement au dessus de nos têtes. Elles révélaient sa beauté. Et j'avais un instant songé à ne jamais les replier tant elle était belle ainsi.

Me sortant de ma rêverie, j'avais entendu un déclic. Ophélie avait son téléphone tendu devant elle, juste en dessous de son visage. Le mien était devenu pâle en reconnaissant le son que je venais d'entendre.

  • Ophélie, que viens tu de faire ? Avais-je demandé d'une voix blanche.
  • Maintenant tu vas m'écouter stupide archange, avait-elle dit sur un ton tranchant. Demain, j'ai rendez vous au café avec Marc. Il m'invite, il me donne une deuxième chance. Et je ne compte pas la gâcher. Je sais qu'Amélie avait raison. Qu'à cause de ma naissance particulière, le ciel et tout ce qui s'y rapporte me donne un charme irrésistible. Donc demain, je commanderait un café. Avec un nuage de lait. Et je conquérait le cœur de ce serveur. Et si tu as le malheur d'essayer de m'en empêcher, cette photo se retrouvera immédiatement en ligne.
  • Personne n'y croira. Et de toute manière, je t'en empêcherais.
  • Et comment ? Tes pouvoirs ont leur limites. Tu peux me conseiller, mais pas m'obliger à agir contre mon grès. Quand au fait de me croire, figure toi que je connais quelqu'un qui saura approuver mes dires. Tu te souviens de Lucien, mon grand frère spécialiste en effet spéciaux ? Il décortiquera cette photo en long en large et en travers. Il prouvera au monde que cette photo est réelle. Que tu es réel. Et s'il le faut, je prendrais d'autres photos. D'autres vidéos. Tu es coincé à mes côtés. Tu finiras forcément par faire une erreur. A moins que tu comprennes que cela ne sert à rien. Et que tu déposes les armes maintenant.

Elle avait relevé ses yeux vers moi. Ils brûlaient de passion, magnifiques. Songer à l'empêcher de trouver ce qu'elle cherchait tant fit se serre mon cœur. Je pris peur. Ces sentiments ne pouvait pas venir de Dieu, encore moins d'Ophélie.

  • Alors ? Que décides tu ?

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