2 - Fourchemagie

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[TW : Violence, Mort, Torture psychologique]

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De son côté, Voldemort avait pris les pleins pouvoirs sur le corps du dernier Potter. Il était satisfait que le garçon n'ait pas cherché à le contrarier et se soit plongé dans ses souvenirs. Évidemment, cela lui demandait tout de même de sacrifier ses propres secrets et une partie de son honneur, voire de son égo, mais le jeu en valait largement la chandelle.

Le seigneur des Ténèbres se retrouva donc en contrôle dans un corps à sang chaud pour la première fois depuis quinze ans... C'était une expérience déconcertante mais ô combien agréable. À travers les yeux de son hôte, il observa ce vieux manipulateur de Dumbledore, et lui sourit : jamais le vieux mage n'oserait blesser le Survivant, pas devant autant de témoins en tout cas.

Voldemort avait déjà gagné et il le savait, il savourait sa victoire mais il avait bien retenu la leçon, alors il savourait en silence. Il pouvait le sentir, , tout près, ce fragment de lui-même qui l'appelait depuis si longtemps. Ce pont entre lui et le garçon, cette porte ouverte dans l'esprit du plus jeune. Son horcruxe.

Dumbledore avait-il vraiment cru qu'il ne s'en rendrait pas compte ? Qu'il pourrait manipuler une partie de lui-même pour lutter contre lui ? C'était une idée stupide, et pourtant tellement plausible quand on connaissait le vieux sorcier. Malgré tout ce qu'il voulait bien faire croire, Dumbledore n'avait jamais été un chef de guerre, et ne connaissait rien en stratégie martiale. Tout ce qu'il savait faire, c'était manipuler le monde et se poser comme seule et unique défense face à l'adversité. Stupide.

Si Dumbledore tombait, c'était tout le camp de la lumière qui tombait avec lui, et tout ça simplement parce qu'il était trop manipulateur pour partager ses connaissances. Plus stupide encore, sa soi-disant aversion pour la magie noire l'avait prévenu de seulement se renseigner dessus après la chute de Grindelwald. Lui qui se croyait fortement instruit et grand savant, comment, exactement, comptait-il combattre quelque chose dont il ignorait tout ?

Voldemort ricana ce qui, à travers les lèvres d'Harry, sonna encore plus sinistre. Il n'était pas là pour donner de leçons à ce vieux bon à rien, il était là pour récupérer ce qui lui appartenait, et aider le petit.

Pauvre gosse... Tom n'avait sincèrement rien contre Harry, ni contre ses parents d'ailleurs. Il n'avait pas exactement prévu de les tuer ce soir-là. En fait, il y était aller dans l'espoir d'en savoir plus sur la prophétie, et pourquoi pas les convertir à sa cause. Ses manières étaient peut-être drastiques mais il n'avait pas de mauvaises intentions pour le monde magique, au contraire même. Cependant, en arrivant sur place et en traversant les barrières magiques élevées autour de la maison, il avait ressenti une forte pression dans son crâne et bien qu'il soit maître en magie de l'esprit, son âme déchirée l'avait fortement affaibli et il avait complètement perdu connaissance. Il s'était réveillé dans le corps d'un mulot en Transylvanie...

Il secoua la tête pour se sortir de ses pensées et se reconcentra sur Dumbledore qui le tenait toujours en joue et ne semblait pas vraiment savoir quoi faire. Les cas de possession sont généralement de la magie noire, et le vieux bougre ne s'en approche jamais, même dans ses lectures.

— Tu as manipulé cet enfant, Albus. Il t'en veut terriblement pour ça.

Il sourit. Narguer son ancien professeur était un plaisir dont il ne se privait jamais. Le-dit professeur pâlit avant de reprendre une couleur plus rouge qui fut cachée par l'obscurité ambiante et sa longue barbe blanche.

— Cela suffit Tom, relâche le garçon et cesse tes mensonges.

— Je ne crois pas, non, siffla-t-il en réponse. Le garçon méritait de savoir, et maintenant qu'il sait par ta bouche il ne cherche qu'à s'émanciper, s'éloigner de toi et de ton influence. Il apprend vite, sourit-il.

Dumbledore sembla alors comprendre ce qui était en train de se passer et ça ne lui plaisait pas du tout. Tom était en train de bourrer le crâne de l'adolescent de savoir magique en tout genre, il était en train de lui donner des armes puissantes : et des armes dans les mains d'un enfant c'était extrêmement dangereux.

Il raffermit alors sa prise sur sa baguette – la baguette – et reprit le combat : tant pis pour Harry, il lui pardonnerait. Après tout, il fallait que Voldemort quitte son corps, pour le plus grand bien évidemment. Les sorts fusèrent – Dumbledore prit quand même soin que les siens furent non létaux – et Voldemort saisit sa chance.

Tout en utilisant de faibles informulés pour tenir Dumbledore occupé, il se mit à chanter – enfin plus exactement à siffler – appelant à lui une magie plus puissante encore que la sienne. De tous ceux qui étaient présents (et bien inutiles, rappelons-le), seul Harry aurait pu comprendre ce qui était en train de se passer, ce qu'il chantait à la magie Serpentine. Mais le jeune homme n'entendait rien. Voldemort lui offrirait ce souvenir, à la fin, lorsqu'il en aurait fini. Peut-être comprendrait-il ses actes.

Dumbledore se rendit compte trop tard de la diversion. Son vieux corps avait préféré se gonfler d'orgueil quand il était parvenu à repousser les attaques de Tom avec une facilité déconcertante. Mais à un certain point, Tom – Harry – s'était contenté d'esquiver sans plus chercher à attaquer puisque ses mains étaient occupées à dessiner d'étranges arabesques dans l'air.

Ce fut d'ailleurs en voyant ces étranges mouvements que Dumbledore se reconcentra et compris que quelque chose n'allait pas. Il arrêta lui aussi ses attaques et s'approcha de son ennemi, sur ses gardes. Quand il l'entendit, il en eut la chair de poule. Quand il sentit la pression de l'air changer, et se faire plus électrique autour du corps du garçon, il pâlit. Quand il vit la magie se matérialiser et foncer sur Harry comme un éclair, il hurla un charme de bouclier autour de ce dernier.

Ça ne suffit pas. La magie le traversa comme un couteau dans du beurre, et Harry vola sur plusieurs mètres avant d'atterrir sur le sol froid dans un grand "boum".

Tous se figèrent dans l'atrium, fixant le corps immobile sans penser à aller vérifier s'il était toujours en vie – pourquoi faire ? Et dans le silence de plomb Voldemort ricana, attirant l'attention sur lui.

— Tom..., souffla le vieux mage.

— Bonsoir Professeur, ça faisait longtemps n'est-ce pas ?, sourit Tom Riddle. Eh bien, eh bien, pourquoi ces têtes ? Oh, ça ? Impressionnant, n'est-ce pas Professeur ? Je suis certain que vous ne vous attendiez pas à ce que je récupère mon corps originel.

Car devant l'assemblée de sorciers ébahis se trouvait Tom Riddle dans le corps de ses 19 ans, la peau pâle, les cheveux bruns, le sourire enjôleur. Seul ses yeux rouges restaient, symbole de la perte d'une partie de soi, détruite avec son journal quelques années auparavant. Lucius paierait pour ça.

Il épousseta son complet noir bien loin de l'hideuse tunique qui habillait son corps serpentin, et reporta son attention sur Dumbledore. Il souriait toujours, mais ses yeux démentaient sont apparente satisfaction. Ils semblaient chercher à trouer le crâne du vieux sorcier.

— Maintenant Albus, comme je n'ai pas le temps pour un long discours, laisse-moi te donner la version abrégée : j'ai réabsorbé mes horcruxes, et oui, même celui qui se trouvait dans la tête du garçon.

Il fut interrompu par une série de hallètements de la part de l'Ordre. Dumbledore, lui, ferma les yeux douloureusement, et baissa légèrement la tête : c'était fini. Avec ses connaissances, sa puissance magique et ses capacités héréditaires, sans compter sa jeunesse retrouvée, Tom était beaucoup plus puissant que lui. Et hormis Harry, personne dans ses rangs n'avait les capacités physiques pour lui tenir tête. Mais Harry n'était pas entraîné. Il avait mal calculé son coup, et cela venait de leur couter extrêmement cher.

— Quant à toi et tes manipulations, reprit Tom comme s'il n'avait pas été interrompu, j'ai bien l'intention de les révéler au monde sorcier tout entier. Des décennies de souvenirs de centaines de personnes différentes, sans compter les documents écrits ou tout simplement les bilans de tes actions en tant que personne d'autorité : cela devrait suffire à te faire tomber très vite, tu ne crois pas ?

Tom jubilait. Il restait froid et maîtrisé, il était un Serpentard après tout, mais il était ravi de la tournure des évènements. Il savait que Dumbledore comprendrait ce que les autres n'entendaient pas : je sais à quel point tu as merdé avec le Garçon-qui-a-survécu ! Et ces connaissances il les devait principalement à Snape.

Severus était un bon espion, et un partisan utile à ses rangs en tant que Maître de Potion accompli. Mais il avait complètement saboté la future génération de sorciers et contribué à l'appauvrissement magique et intellectuel de l'Angleterre sorcière en tant qu'enseignant à Poudlard, et ça c'était intolérable. Et s'il voulait redresser le monde magique, Tom était largement prêt à sacrifier un prodige en potion débordant d'aigreur et de rancune et incapable de former la prochaine génération.

Il avait alors violé son esprit sans remord – c'était plus facile lorsqu'on savait où frapper – et il avait vu. Il avait vu les réunions de l'Ordre, les réunions plus privées et secrètes entre Albus et l'agent-double. Il avait vu l'ingérence d'Albus dans la vie de l'enfant, comment il avait brisé les Dursley à cause des barrières de sang qu'il avait érigé illégalement. Comment il n'avait jamais pris soin de vérifier l'état réel de son Survivant, se contentant des rapports inutiles d'une cracmole qui ne savait même pas de quoi elle parlait.

Il avait vu la rancune de Snape, et la maltraitance dont il avait fait preuve envers un enfant innocent qui ne le connaissait même pas. Il avait vu le harcèlement, les humiliations, les retenues, la haine grandissante et toujours les sauvetages à regret. Et pire que tout, il avait vu la torture : les viols spirituels auxquels il avait soumis l'enfant encore et encore, plusieurs fois par semaines pendant des heures avec la bénédiction bien heureuse de ce grand Albus Dumbledore.

Ça l'avait mis dans une rage folle et il avait failli déchirer l'esprit de Snape juste pour calmer ses nerfs. Mais il s'était retenu, il lui manquait d'autres réponses, alors il avait pris sur lui et fouillé plus profondément encore. Et la glorieuse vie du Survivant lui était apparue toute entière, si semblable à la sienne...

La cruauté de ces séances de pseudo-apprentissage de l'occlumentie, ce fut que le garçon essayait réellement. Il avait vu que Harry tentait sincèrement de repousser son professeur, et celui-ci l'avait senti également, chaque fois qu'il pénétrait son esprit. Simplement il ne faisait pas le poids : l'horcruxe créait une brèche naturelle dans ses défenses, et la méthode enseignée était... Inexistante. Et surtout, il ne faisait pas le poids contre un fin utilisateur de la légimentie, sadique, qui refusait de croire les souffrances qu'il avait vécues et qui cherchait toujours plus loin dans sa mémoire le moindre secret honteux.

Mais pire encore, Snape avait pris le temps de cacher ses souvenirs propres honteux dans une pensine alors que Harry n'avait pas eu ce luxe. Ce simple refus de protéger l'intimité d'un élève mineur vaudrait à Snape et Dumbledore une amende exorbitante et un séjour à Azkaban. L'affaire complète des leçons d'occlumentie seule leur vaudrait une chambre permanente à la prison. Avec tout ce qu'il restait encore à révéler et tout le mal qu'Albus et ses chiens avaient fait au monde magique, le peuple anglais réclamerait leurs têtes et les détraqueurs se feraient un plaisir de les embrasser. Et ça, Albus le savait très bien.

— J'ai appris beaucoup de choses à ton sujet ces dernières années, Albus, et je serai ravi de les partager avec le peuple sorcier. Je crois qu'ils apprécieront savoir que tu les considères comme des "moutons inutiles juste bons à gonfler les rangs".

Dumbledore ouvrit la bouche, prêt à répliquer, mais il se fit couper par le ministre accompagné d'Amelia Bones, la directrice du Département de la Justice Magique, ainsi que d'un certain nombre d'Aurors parfaitement fidèles au ministère.

— Ne vous fatiguez pas à répondre, Dumbledore. Mr Riddle ici présent nous a déjà fait parvenir l'intégralité des preuves de vos crimes et délits, s'exclama le Ministre Fudge d'un air suffisant.

— Mais nous vous remercions de nous faciliter le travail, cependant. Messieurs, je veux que tous les individus présents dans cette pièce, minus Mr Riddle, soient mis aux arrêts. Quant à vous, désigne Amelia en pointant les Aurors membres de l'Ordre, j'espère que vous ne teniez pas à votre carrière, car la trahison envers vos fonctions ministérielles va vous coûter très cher !

Et chacun se mit en mouvement. Les membres de l'Ordre se débattaient, et Albus essayait tant bien que mal d'argumenter avec le ministre, l'atrium se transforma en joyeux chaos jusqu'à ce qu'un cri glaçant ne résonne.

Tout le monde tourna la tête vers la source du cri, un corps qui convulsait et que tous semblaient avoir oublié, sauf Tom qui était déjà à ses côtés et lui tenait la main. Il essuya délicatement le front trempé de sueur de l'adolescent et lui murmura des paroles rassurantes. Il s'en voulait de le faire souffrir ainsi, encore plus, mais c'était pour le mieux. Bientôt, il vivrait une vie meilleure.

— Je... Je, essaya d'articuler Harry alors qu'il crachait du sang à chaque quinte de toux.

— Shh, ne dis rien, murmura Tom en lui caressant les cheveux. Je suis désolé, je sais que tu souffres mais ça va passer.

— Que... Qu'est-ce que...

— Je t'ai libéré.

— Non..., parvint à souffler l'adolescent en refermant les yeux.

— Si, si tu verras. Tu vas vivre une vie loin de tout ça, et moi je n'aurais plus à me préoccuper de toi.

— Je-, il resserra sa prise sur la main de Tom. Je ne veux pas mourir, articula-t-il faiblement, ses grands yeux verts et humides regardaient Tom avec crainte.

— Tu ne mourras pas, je te le promets. La magie ne te laissera pas mourir. Tu vas simplement t'endormir, et quand tu te réveilleras tout ça ne sera qu'un mauvais rêve, d'accord ?

Harry secoua la tête. Il n'était pas d'accord du tout, il ne voulait pas mourir, pas comme ça. Mais il savait que Tom disait la vérité, il savait qu'il ne voulait plus de ce monde-là, qu'il ne voulait plus être entouré de traîtres et de manipulateurs. Il ne voulait plus souffrir.

— Endors-toi Harry.

Et quelques minutes plus tard, quand les aurors s'approchèrent, ils découvrirent le corps sans vie du Survivant, encore bercé par les bras de Tom qui continuait de lui caresser les cheveux.

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