1 - Département des Mystères

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[TW : Violence, Mort, Torture]

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Ça n'aurait pas dû se passer comme ça. Non, rien de tout cela n'aurait dû arriver...

Ils avaient fait tout ce trajet, d'Écosse pour Londres, à dos de sombral simplement pour protéger Sirius, pour le sauver, pour qu'il ne connaisse pas un sort plus triste et violent encore que celui de ce pauvre Mr. Weasley. Harry avait simplement voulu faire les choses bien, pour une fois.

Il avait espéré qu'il ne soit pas trop tard, lorsqu'ils avaient essayé d'utiliser le réseau de cheminette de ce vieux crapaud d'Ombrage. Malheureusement ils s'étaient faits prendre et avaient perdu un temps précieux. Puis, dans un sursaut de foi en cette catégorie de personne appelée "adulte", il avait prévenu Snape, comme il avait pu. Mais l'expérience en première année aurait dû lui faire comprendre que quand on s'appelait Harry Potter, on devait tout faire soit-même, quitte à empirer les choses...

Alors ils étaient partis retrouver Sirius, son parrain, sa famille. Sa seule famille. Mais encore une fois – ça devenait une habitude – les choses ne s'étaient pas déroulées comme prévu. Et Sirius était mort. Devant lui. Par sa faute, sa faute.

À cause de sa propre stupidité, son égoïsme et son sang chaud, Sirius était mort. Et il ne pourrait jamais se consoler sur son corps puisqu'il avait disparu à travers le voile, envolé à tout jamais. Son parrain n'aurait jamais droit de reposer dignement.

La rage, le désespoir, la rancune... Tout bouillait dans ses veines dans un grand maelström d'émotions qui lui donnait envie d'exploser. Et il hurla. Il hurla si fort et si longtemps qu'il était surpris que sa magie ne se déchaine pas dans le bâtiment entier.

C'est un rire qui le sorti de sa torpeur, un rire hystérique, effrayant. Et Harry perdit tout sens commun alors qu'il partait à la poursuite de l'assassin, Bellatrix Lestrange, rendue coupable de parricide* ! Il lança sort sur sort, sa raison envolée, jusqu'à utiliser L'Impardonnable.

En cours, il avait appris que c'était l'intention qui était le plus important lorsqu'on lançait un sort. C'était d'autant plus vrai pour les impardonnables : si l'intention, si la volonté profonde de faire du mal n'y était pas, alors il n'y avait aucun risque pour la personne visée.

C'est pour cela que lorsque Bellatrix s'effondra et que ses rires se changèrent en cris tous ceux qui n'étaient pas Harry furent surpris. Bien sûr, ils ne virent pas la scène, trop loin derrière, mais l'atrium vide résonnait des plaintes sinistres qui quittaient les lèvres de l'ancienne fille Black.

Et cela dura longtemps. Très longtemps. Trop longtemps. Et quand enfin le silence se fit après qu'une intense lumière verte ait éclairé les murs sombres, les oreilles de toutes les âmes présentes au Ministère bourdonnaient encore des cris d'agonies.

Le calme avant la tempête. La respiration lourde d'Harry fut tout ce qu'il arrivait à entendre. Il était complètement anesthésié, et essoufflé d'avoir tant haï. Il resta, pantelant, le regard rivé sur sa victime qui n'était plus maintenant qu'un corps refroidissant étalé sur le sol dallé.

Il était tellement concentré sur le corps, ou à l'inverse tellement perdu dans ses pensées, qu'il ne dut qu'à ses réflexes d'attrapeurs d'éviter le sort qui fonçait sur lui. Lorsqu'il se retourna, Harry se retrouva face à l'abomination, le responsable de tous ses maux, Lord Voldemort en personne.

Alors il releva sa baguette, prêt à engager le combat, et la rage qui s'était apaisée après la mort de Bellatrix refit surface, plus violente que jamais. Et les deux sorciers attaquèrent avec la même hargne, la même détermination et la même volonté de gagner.

C'est quelque part pendant le combat que les membres de l'Ordre du Phénix arrivèrent enfin – c'était à se demander ce qui leur avait pris tant de temps. Tout à son duel, Harry se permit malgré tout d'être sarcastique. Le Grand Albus Dumbledore arrivait toujours en retard, et récoltait pourtant tous les honneurs.

Ce fut d'ailleurs ce même Albus Dumbledore qui permit à Voldemort de prendre possession d'Harry. En effet, en voulant jouer les grands seigneurs, digne protecteur des opprimés et tout le tintouin, le vieux sorcier s'était immédiatement immiscé dans le combat, ce qui avait déstabilisé l'équilibre mis en place et déconcentré Harry. Sans compter que lorsqu'ils étaient face à face, les deux leaders avaient la fâcheuse tendance de se lancer dans des discours interminables – certes – mais surtout bourrés d'informations et de révélations.

Et voilà qu'au détour d'une attaque verbale, Harry apprit la prophétie entière, celle-là même qu'il avait brisée un peu plus tôt dans la soirée. Et pire encore, il l'apprit de la bouche même de son supposé mentor qui n'avait jamais pris la peine de seulement lui dire qu'il était concerné par une de ces... choses.

Harry se sentie noyé sous la sensation d'avoir été trahi et manipulé. Son esprit surchauffait – trop d'informations pour cette soirée – et il perdait le fil de la réalité alors qu'il revoyait encore, et encore, et encore toutes les implications possibles de cette prophétie dans les dernières années de sa vie.

Voldemort profita de ce moment d'égarement. Il profita que son esprit soit confus et ouvert à toute intrusion pour s'y engouffrer violemment. La douleur était insupportable et Harry avait l'impression qu'on lui coupait la tête en deux. Il voyait flou, une partie de lui concentrée sur l'extérieur de son corps et le visage décomposé de cette vieille chèvre de Dumbledore, l'autre partie concentrée sur l'intérieur et tous les souvenirs de Voldemort, de Tom Riddle, qui se mélangeaient aux siens.

Il ne comprit pas exactement tout ce qu'il se passait, mais il savait que Dumbledore ne ferait rien pour blesser son corps physique, alors il se concentra pour essayer – en vain – de pousser l'esprit de Voldemort loin, très loin du sien. Bien sûr, ce fut un échec. Si encore Snape avait pu lui apprendre quelques bases solides d'Occlumentie, il aurait peut-être pu limiter les dégâts, mais comme le bâtard graisseux s'était contenté de violer son esprit en espérant que, peut-être, par l'opération du Saint Esprit, il arriverait à se défendre, les efforts d'Harry furent bien inutiles. Pire encore, il se fatiguait et fragilisait son esprit déjà instable à force d'essayer.

Finalement, l'esprit d'Harry céda complètement, et les souvenirs de Voldemort le submergèrent comme un raz-de-marée, à tel point qu'il en perdit contact avec la réalité. Il se retrouva perdu dans une vie qui n'était pas la sienne, à voir des évènements pour le moins... étonnant. Il put ainsi faire la rencontre d'un Tom enfant, harcelé et maltraité par les autres habitants de son orphelinat, puis plus vieux, maîtrisant déjà volontairement sa magie pour se protéger (et la meilleure défense, c'est l'attaque). Il vit sa première rencontre avec Dumbledore et la même scène que lui-même avait déjà vécue quand le professeur le renvoya chez lui, dans un environnement violent et inadapté. Il le vit grandir, plein de rage et de rancune, obligé de s'imposer par la force pour ne plus souffrir des moqueries, des coups, de la violence de ses camarades.

Alors qu'il observait, passif, cette vie qui ressemblait étrangement à la sienne, Harry se fit la réflexion que pour une école censée être hautement sécurisée, le personnel de Poudlard était bien incompétent. Pas que ce soit le scoop de l'année cela dit, mais ce n'était pas exactement réconfortant de savoir que cela faisait au moins soixante-dix ans que ça durait...

Alors Harry, dans son amertume, porta plus attention à ce qu'il voyait. Il apprit beaucoup dans ce court laps de temps – s'il y avait bien une chose qu'il avait retenue de ses leçons avec Snape, c'était que le temps dans l'esprit et les souvenir n'avait pas la même valeur quand dans le monde réel – Voldemort était une pourriture, mais une pourriture instruite. D'ailleurs, le jeune homme se demandait si ce partage de connaissance était volontaire ou simplement un moyen de le garder éloigné de la réalité... Après tout, la connaissance c'était le pouvoir, et il paraissait surprenant que Voldemort donne sciemment des armes supplémentaire à son ennemi.

'Pas ennemi' Quoi ? Voldemort venait de lui répondre, dans son esprit. Mais qu'est-ce que c'était censé vouloir dire, ça "pas ennemi" ?

'Tu comprendras, Harry. Tu comprendras que je fais ça pour toi. Mais apprends, apprends le plus possible pour l'instant.'

Et Harry était si fatigué. Si lassé de tout ça, de la guerre, de la perte de ses proches, des mensonges, cachoteries et manipulations qu'il ne songea même pas à faire autrement. Il tourna son attention vers les souvenirs qui lui étaient offerts et appris. Encore. Et encore. Il se gava de savoir jusqu'à n'en plus pouvoir, et continua à emmagasiner le plus de connaissances possibles.

Tout, tout pour oublier qu'aujourd'hui, Harry venait de perdre ce qu'il lui restait de famille. Tout pour oublier qu'il était plus seul que jamais.

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Parricide : Avant que vous ne me sautiez à la gorge, il existe plusieurs sens au mot et j'ai choisi de l'élargir un peu plus dans ce contexte : personne qui tue un parent proche (ici un cousin au premier degré à priori). Plus agréable que le néologisme "cousinicide". Justifié également par le fait que Sirius ait été le chef de famille des Black.

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