Julie et Jules : Huit heures.

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Huit heures du matin.

Julie avait eu le temps de prendre sa douche et d’avaler un café.

Au départ, elle n’avait pas trop vu l’intérêt de retourner au resto, après toutes ces semaines de confinement, mais retrouver une vie normale n’était pas pour lui déplaire.

Elle se dit qu’elle n’avait pas vraiment besoin de travailler. Ses parents, médecins, pouvaient lui payer ses études.

Mais sa mère n’avait guère apprécié la révolte de Julie, qui avait préféré les Beaux- Arts à la faculté de Médecine. Son père avait réussi à éviter la rupture.

Depuis Julie travaillait comme serveuse dans un restaurant parisien : l’indépendance était à ce prix.

Juste avant la pandémie, elle avait visité le musée d’Angers et c’est là qu’elle avait rencontré l’Allégorie de la Simulation de Lippi.

Elle avait décrit le tableau :

Une jeune femme, belle, très belle, vous regarde.

Elle a le teint pâle, les lèvres fines , de grands yeux noirs qui vous toisent, ni haineux, ni indifférents, distants ?

Dans sa main droite, un masque de théâtre, dans sa main gauche, une grenade, étrange fruit qu'elle semble vous donner.

On ne sait si elle se moque de vous, si elle vous manipule, ou, si elle vous donne l'essence du don qui serait pure dissimulation.

Et puis il y avait eu cette scène… horrible.

Julie préféra appeler Jules.

« Tu es déjà réveillée, s’étonna la voix ensommeillée de Jules ?

— J’ai fait un horrible cauchemar, rétorqua Julie.

— Toujours ce Tableau ?

— Toujours, cela fait des mois que cela dure.

— Et c’était quoi cette nuit, questionna Jules ?

— C’est gênant, confessa sa petite sœur.

— Tu veux dire c’est sexuel ! Bon, et si tu me racontais, pour de bon, ce qui s’est vraiment passé, proposa son grand frère ?

— J’avais un peu allumé le gardien et je regrettais d’avoir mis ce pauvre homme si mal à l’aise. Je me suis dit : « une éducation catholique ne s’efface pas d’un trait. »

— Et alors, demanda Jules ?

— Alors elle m’a parlé, sanglota Julie,

Parlé, répéta le jeune homme stupéfait, Pour dire quoi ?

Elle m’a dit : Ma pauvre fille, tu ne vas pas aller loin avec ta psycho à deux sous. J’ai hurlé et je suis partie en courant. »

Jules se tut longuement et reprit :

« Julie, tu veux passer me voir ?

Non, je vais au resto, répondit la jeune fille.

Mais le confinement ?

On s’en fout, on craque tous !

Quoiqu’il arrive, viens me voir dès que possible.

Promis, répondit Julie avec un sanglot dans la voix. »

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