Chapitre - 1

4 minutes de lecture

 L’obscurité règne sur le Territoire 71, une légère brise froide secoue les feuilles frêles qui s'accrochent tant bien que mal aux branches des arbres. Le brouillard surplombe les rues désertes.

Alors que tout le monde sommeille encore dans les bras de Morphée, Alyson regarde le paysage par la fenêtre de sa chambre dans le silence assourdissant du matin. Elle se décide enfin à descendre à la cuisine brisant légèrement le silence avec ses pas. Elle regarde dans le frigo, beaucoup trop vide pour qu'il reste ainsi un jour de plus.

Elle soupire bruyamment et lâche :

– Génial...

En montrant une mine de dégoût, elle referme le frigo ne faisant plus attention au bruit qu'elle fait, elle regarde ce qui peut lui donner un peu d'énergie, et se rappelle qu'il lui reste un peu de café. Son visage s'illumine, ses yeux se remplissent d'une mince lueur d'espoir. Elle met la cafetière en route, elle fouille placards et tiroirs, cherchant les filtres et la grande boîte contenant le café en moulu.

Après quelques minutes de recherche, elle trouve enfin tout ce qu'il lui faut. Alors qu'elle s’apprête à faire sa préparation, elle entend les légers grincements dans les escaliers. Elle se retourne brusquement et aperçoit Kayn sortant de sa chambre encore en caleçon accompagné d'Amelye en tee-shirt et son short court.

– Alors toi, tu ne sais pas à quel point j'ai envie de te tuer. Dit Kayn en foudroyant Alyson du regard.

– Désolée... Mais il ne reste plus que cette cafetière...

– Non, tu te fous de moi. Dit Kayn manquant de rater la dernière marche de l’escalier, la tête encore dans ses rêves.

Amelye, les yeux encore demi ouvert, agite ses bras demandant qu'ils baissent le son, pour elle et pour laisser en paix ceux qui veulent continuer à dormir. Ce qui est assez compliqué avec ces deux-là quand ils n'ont pas leur dose d'énergie le matin.

Alyson pointant la cafetière du doigt pour proposer un café a ses deux compagnons. Les deux répondent d'un hochement de tête, comme une évidence.

 Une heure passe environ pendant que les trois sirotent leur café autour de l’îlot central de la cuisine. Des moments de silence les accompagnait, tous dans ressassent leurs passées, ou de ce qu’il se passerai dans le futur. Mais aucun n’ose lâcher un mot sur la situation déjà bien trop lourde à supporter pour partager leurs ressentis.

– Bon... Dit Alyson en se levant, sa tasse dans les mains, on va peut-être se mettre au boulot, essayer de trouver un meilleur déjeuner à notre petite marmotte à l'étage.

– Pourquoi il n'aurait pas aussi qu'une tasse de café, dit Kayn en prenant la tasse d'Amelye.

– Parce que toi, tu serais bien content d'avoir plus que ça quand tu te réveilles, je me trompe ? Rétorque-elle avec un regard moqueur et séducteur et un petit sourire en coin.


  Après que chacun ait fini de se préparer, ils se rejoignent près du canapé, prenant les affaires dont ils auront éventuellement besoin.

– C'est bon, vous avez tout ce qu'il vous faut ? dit Alyson en prenant soin de fermer correctement le sac qu'elle a dans ses mains.

– Oui. On fait comme la dernière fois ? dit Kayn d'un ton sérieux, mettant la capuche de son gros pull noir.

Alyson approuve en hochant la tête, mais vise du regard Amelye qui commence à sentir un petit stress monter en elle.

– Tu lui montreras comment faire, rien ne change, je compte sur toi Kayn.

– Pourquoi je lui montrerai, tu ne viens pas avec nous ?

Kayn la regarde fixement avec inquiétude, lui suppliant de ne pas qu’elle parte seule.

– Non, je vais chercher dans les quelques recoins un peu plus loin de la maison, dit-elle en s'approchant de Kayn et lui mettant une main sur l'épaule, ne t'inquiète pas, je sais que tu sauras lui montrer, tu en es capable.

– Je sais que j’en suis capable mais je m’inquiète pour toi…

Alyson lui sourit, elle ne craint rien mais elle ne pouvait rien lui dire, contrairement à son cœur qui se met à battre sous l’inquiétude de Kayn.


 Une fois dehors, ils se firent tous un signe de la main et Alyson disparu a grand pas silencieux dans une petites ruelle. Les deux novices se retrouvent désormais seuls.

– Mets ta capuche, Amelye.

Celle-ci ne réplique pas et obéit.

– On va commencer par fouiller les sacs qu'ils ont jetés hier.

Elle acquiesça de la tête et le suit comme son ombre.

 Un laps de temps passe, sans qu'aucun obstacle ne freine les deux novices, ils remplissent leurs sacs de tout ce qu'ils trouvent d'encore mangeable et de potentiellement utile, puis ils commencent à rentrer.

– Heureusement que Les Corbeaux ne sont pas venus, sinon on serait déjà morts…

Amelye pousse un petit rire de tracas.

– C’est quoi qui te fais le plus peur toi, ô grand homme courageux.

–Eux ! Ce qu'ils ont fait, tous ces gens qu'ils ont tués, tous les pillages... A chaque fois qu'ils sont là, ils débarquent par dizaines. Ils sont terrifiants. Alors oui, j'ai peur... Mais pourquoi cette question d’un coup ? T’es bizarre de me poser cette question sans sujet.

– Je ne sais pas, comme tu avais l’air serein durant le trajet je me suis vraiment demander si tu avais peur de quelque chose. Contrairement à moi… on peut se faire tuer à tout moment, on a beau être deux, on ne peut même pas se protéger…

Un bruit provenant d’un petit magasin, à leur droite, vient perturber leur conversation. Tous deux regardent en sa direction et sentent un grand danger s'ils ne rentrent pas tout de suite chez eux. Un vent glacial envahit l’espace, un vent violent vient agiter les arbres et les sacs plastiques trainant sur les routes. Ils les voient, dans le noir du magasin, des petits yeux rouges qui les fixent, des regards charognards. Ils comprennent tous les deux et se mettent à courir aussi vite qu'ils peuvent, la peur au ventre. Pendant la course, ils mettent leurs sacs sur leurs épaules. Ils ne sont plus qu'à quelques mètres de la maison, mais derrière eux, ils entendent les croassements stridents des corbeaux assoiffés de sang et les pas lourd des prédateurs qui les coursent.

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