LA PLUME ÉTEINTE

2 minutes de lecture

Je possède de lui quelques photos glacées,

quelques beaux monologues gravés à tout jamais.

Lorsqu'il me prend l'envie d'un peu de mélancolie,

je fais appel à lui.

Il me raconte sans fin ses beaux paysages,

ses femmes infidèles, l'amour qu'il a pour elles.

Il me parle parfois de la connerie des hommes,

De leurs p'tites et de leurs grandes lâchetés,

Il m’en fait la somme.

Je vais vous raconter L'histoire d'un ami

que les hasards de la vie

ne m'ont jamais permis de rencontrer.

D'un pays de moulins surveillant quelques digues,

il parle de géants surgissant des brouillards.

Il larmoie son envie

de casser les carreaux de l'usine voisine,

Puis s'excuse de la pluie qui saigne sur leur crasse.

Une longue figure triste et des yeux délavés

qui regardent les dunes se jeter dans la mer.

Un rire tonnerique

qui cache au fond du coeur

une tristesse colérique.

Souvent il parle d'elles,

de ses fleurettes,

de ses folles fiançailles

ou de ses hyménées,

Il me chante Frida qui l'aime comme il l'aime.

Je déteste la Fanette, prisonnière d’une vague,

emportant avec elle l’ami qui l’a trahi.

J’imagine des remparts polonais

et ses cent mille officiers d’marine

profitant de Madame promenant son séant.

Est-ce la même dame, assise dans son landau ?

Est-ce le même séant, dans les rues de Bordeaux ?

Qui lui firent nostalger ses dents et son galop.

Les singes du quartier, le diable satisfait et la dame bêtise

ne sont toujours pas morts !

Ils leur restent quoi qu’on dise,

à se mettre sous la dent,

quelques belles friandises.

Un jour, y mettrons-nous le mors ?

Il a préféré mourir plutôt que de vieillir.

Il n’a jamais su que j’aurais voulu être son ami et que j’ai pleuré.

j’aurais voulu, pour lui dire, écrire une chanson,

mais le temps que s’allume l’idée sur le papier,

la plume s’est éteinte.

Le timide se demande comment il va l'écrire.

Il s'éloigne dans le soir une valise dans chaque main.

Elles renferment les cahiers et leurs pages blanchies

de chansons sans paroles.

Il faut que je vous laisse.

J’ai posé le diamant d’une bigote sur un sillon

Je m'en vais faire trente trois tours

sur une île au large de l'amour

où soufflent les alizés sur la coiffe grisonnante

des marquises tranquilles.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Codaraque ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0