Chapitre huit. Un amour naissant

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Elles se reculent, un peu effrayées par ce qu’elles viennent de faire.

- Est-ce que tu m’en veux ? Demande Léa.

- Non … Au contraire … C’était très agréable. Tu sais … Moi aussi … J’aime les filles.

- Co … Comment as-tu compris, que moi aussi … ? Nous nous connaissons à peine.

- Je ne sais pas trop. Quelque chose dans ma tête m’a dit de foncer. Comme plus personne ne sait de quoi sera fait le lendemain … Et puis … Si je n’avais pas osé, je serais sûrement passé à côté d’une belle histoire.

- En tout cas, tu as bien fait de suivre la petite voix dans ta tête.

Elles échangent un autre petit bisou puis partent main dans la main relever les collets.

Pendant qu’Alice part chasser à l’arc, Léa s’entraîne à fabriquer puis poser des pièges.

Quand elles se retrouvent, Alice, offre à sa petite amie, le magnifique faisan, qu’elle a tué dans la matinée.

- Et toi ma chérie, tu ne m’as rien ramené ? Demande Léa inquiète.

- Ne t’inquiète pas, souviens-toi des lièvres que j’ai attrapés au collet tout à l’heure.

Sur un dernier bisou très tendre, elles se séparent :

- Demain matin, même endroit, même heure, demande Léa.

- Promis.

Léa se dépêche de rentrer pour retrouver sa mère. Celle-ci toujours alitée lui explique, les larmes aux yeux :

- Que veux-tu que je fasse sans ton père ? Je n’ai qu’une envie le rejoindre.

Léa s’effondre en larmes :

- Ne dit pas cela maman. Qu’est ce que je vais devenir moi, si tu pars ?

- Je sais ma chérie. …. Je sais. J’essaie de tenir, pour toi, mais, que c’est difficile !

- En attendant, dit la jeune fille, Alice, mon amie m’a donné un superbe faisan, qu’elle a tué ce matin. Je vais le préparer tu vas en goûter un petit peu ?

- Je vais essayer ma chérie.

- Bien, à tout à l’heure maman.

La jeune fille prépare le gros oiseau puis, le faire cuire à la broche. Une bonne odeur ne tarde pas à envahir la maison.

À sa stupéfaction, Léa voit sa mère, descendre l’escalier, habillée et coiffée. Celle-ci demande :

- Quand mange-t-on, ma chérie ?

- Ce sera prêt dans un petit moment, maman.

- Tant mieux, j’ai une faim de loup.

- Mais … Il me semble que tu vas mieux, n’est-ce pas, maman ?

- Oui, tu as raison, j’ai réfléchi et j’ai décidé de ne pas continuer à me laisser aller… Nous allons nous battre, toutes les deux, pour nous en sortir, en mémoire de ton père. Qui lui aussi s’est battu jusqu’à la fin.

- J’en suis heureuse, maman.

Toutes les deux partagent le faisan. Marina le trouve délicieux.

- Que comptes-tu faire cet après-midi ? Demande cette dernière.

- Il y a quelques maisons, qui me semblent abandonnées, non loin d’ici. J’aimerais aller y jeter un œil.

- Pas de problème ma chérie. Mais, à une condition, ton œil, tu pourrais en avoir besoin plus tard. … Alors, n’oublie pas de le récupérer.

Elles échangent un regard complice et éclatent de rire.

- Je vois que ton humour pince-sans-rire est revenu, maman.

- Oui, il me semble bien.

Dans l’après-midi, pendant que sa mère se repose, Léa part explorer les maisons environnantes.

Au départ, la jeune fille ne se sent pas trop à l’aise de visiter des maisons vides de leurs habitants. Elle se fait l’effet d’être une cambrioleuse.

Au fur et à mesure de sa progression, elle se détend quand elle constate que les portes et fenêtres sont grandes ouvertes ou absentes. « Ce n’est pas comme si je pénétrais par effraction », se dit-elle.

En cherchant bien, elle finit par découvrir, dans le coin d’un garage, un motoculteur, visiblement entretenu avec beaucoup de soin, ainsi qu’un jerricane de carburant, pour le faire fonctionner.

Tout heureuse de sa trouvaille, elle poursuit son exploration. Elle trouve, dans un coin, soigneusement rangé dans un carton, des sachets de graines. Elle en vérifie les dates, qui sont dépassées depuis longtemps. « Tant pis, le pire que nous risquons, c’est que rien ne pousse » réfléchit-elle.

Après bien des efforts, Léa réussit à ramener le motoculteur ainsi que le jerricane d’essence. Une fois arrivée à bon port, elle tente de faire démarrer l’engin, rien n’y fait. Elle l’observe attentivement, le touche, à la recherche de quelque chose qui se serait desserré, vérifie que les fils sont bien fixés. … Rien ne lui semble suspect. Bon, se dit-elle, je n’ai plus qu’à me plonger dans un livre sur l’entretien de ses engins. Si seulement papa était encore là ! À cette simple pensée, Léa éclate en sanglots.

Le soir, les deux femmes finissent le faisan.

Pendant le repas Léa sourit sans cesse, sa mère finit par lui demander :

- Comment peux-tu être aussi joyeuse, ma chérie ? Ce n’est pas un reproche, c’est juste que je ne comprends pas ou tu trouves cette force.

- Mon sourire n’est qu’une façade, maman. Je … Je suis infiniment triste pour papa. Il me manque énormément. D’un autre côté, je me dis qu’il est mieux là où il est. Quand tu vois la vie que nous menons …. Et puis …. Il y a mon amie Alice …. Nous passons des bons moments ensemble, nous rigolons bien toutes les deux. Elle m’apprend beaucoup de choses sur la chasse. Je l’aime bien. Tous les matins j’ai hâte de la retrouver. Il y a très peu de temps que nous nous connaissons. … Mais, elle a pris une place immense dans ma vie.

- Tu sais, ma chérie, ton père vient de mourir, c’est peut-être ta façon de compenser sa perte. … Tant que cela ne te rend pas plus malheureuse, ça me convient.

- Merci, maman, elles se prennent dans les bras et se serrent très fort.

- J’aimerais bien la rencontrer ton amie. Si elle est d’accord bien sûr ?

- Je lui en parle dès demain.

Cette nuit-là, les rêves de Léa sont peuplés …. D’Alice. Elle songe à ses lèvres, la chaleur de ses bras. Mon Dieu qu’elle se sent bien quand elle est avec elle !

Même si elles n’ont pas perdu de temps, Léa se dit qu’on ne vit qu’une fois. De plus, au vu de la situation, Léa veut tirer profit au maximum de tout ce que la vie, et le hasard de ses rencontres lui offrent.

Au réveil, elle n’a qu’une hâte, la retrouver. Elle grignote les restes qui se trouvent sur la table. Son esprit est tellement concentré sur Alice, qu’elle ne prête même pas attention à ce qu’elle mange !

Avant de partir, elle griffonne sur un papier « Maman je suis partie chasser avec Alice, je t’aime, Léa », qu’elle pose, en évidence sur la table.

Arrivée très tôt devant la bibliothèque, Léa en profite pour aller chercher de la documentation sur la fabrication du pain et sur l’entretien des motoculteurs.

Quand elle sort, Alice est là, qui l’attend, à côté du vélo de Léa. Elles se prennent par les mains, se sourient, s’embrassent tendrement.

- Hello toi, comment vas-tu ? Demande Alice.

- Mieux, maintenant que tu es là.

- Toi aussi tu m’as manqué.

Elles se sourient, heureuses de s’être retrouvées.

Alice poursuit :

- Et ta maman, comment va-t-elle ?

- Cela commence à aller un peu mieux. Hier soir elle m’a dit qu’elle avait pris la résolution de se reprendre en main, de ne plus se laisser aller. …. Tiens, au fait, elle m’a dit qu’elle aimerait bien te connaître.

- Pourquoi pas aujourd’hui ? Nous relevons nos collets puis nous partons chez toi, qu’est-ce que tu en penses ?

- Que c’est une excellente idée. Cela fera sûrement plaisir à ma mère.

Tous les pièges ont fonctionné. Léa est toute heureuse d’avoir attrapé son premier lièvre.

Quand elles reviennent chez Léa, elles constatent que Marina va effectivement mieux. Elle est habillée, le feu dans la cheminée de la cuisine a été nettoyé et est allumé.

Toutes les trois discutent tranquillement. Alice parle de la communauté, elle explique que, quand sa grand-mère est décédée, son père a hérité de sa maison. Quand lui-même est décédé, Alice et sa mère ont décidé de venir y vivre. C’était une résidence pour personnes âgées, composée de maisonnettes installées autour de lieux de vie communs. À leur arrivée de nombreuses maisonnettes étaient inoccupées. Petit à petit, grâce au bouche-à-oreille, d’autres femmes sont venues s’installer. À tel point qu’il a fallu, construire d’autres maisons…. La communauté est ainsi née.

Pendant que sa mère et son amie discutent, Léa a fini de préparer le lièvre. Une bonne odeur ne tarde pas à envahir la salle à manger.

- Tu restes manger avec nous n’est-ce pas ? Demande Marina.

- Dis oui, s’il te plaît. Implore Léa. Nous pourrons discuter encore un peu après le repas. Je te montrerai mes trouvailles d’hier…au fait, maman, j’ai ton livre sur le pain. J’en ai trouvé un autre sur les motoculteurs.

- Très bonne nouvelle, ma chérie, lui répond sa mère.

- Je vais t’expliquer, Alice, dit Léa avec un de ses plus beaux sourires. Hier après-midi, je suis allée explorer les maisons vides autour de chez nous. J’y ai découvert, bien caché, un motoculteur, et du carburant pour le faire fonctionner.

Elles passent ainsi une partie de l’après-midi à discuter ensemble. Quand elles sont seules, elles en profitent pour se prendre les mains et se faire des petits bisous.

Vient le temps de se dire au revoir. Léa raccompagne son amie quand elles sont hors de vue, elles s’embrassent avec passion.

- A demain ma chérie ?

- A demain Léa.

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