Chapitre sept. Malgré le deuil, on avance

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Les deux femmes s’effondrent dans les bras l’une de l’autre.

- Qu’est-ce qu’on va faire, qu’est-ce que je vais faire, sans lui ? Demande Marina.

- Nous … Nous allons nous débrouiller, pour que, où qu’il soit, s’il nous regarde, il puisse être fier de nous, maman. Murmure Léa entre deux sanglots.

Mais Marina reste sourde aux paroles de sa fille. Elle répète la même phrase, en boucle.

Elles pleurent longtemps, trop assommées par la perte soudaine, pour être capables de réagir autrement.

Léa la première parvient à se ressaisir.

Elle doit secouer sa mère, par les épaules, tout en hurlant son prénom, pour que celle-ci réagisse, enfin.

- Excuse-moi, maman, mais je n’arrivais pas à te parler. Tu répétais, sans arrêt, les mêmes mots. Un peu comme si tu étais coupée du monde, sans parvenir à nous rejoindre.

- Je suis désolée, ma chérie, mais je n’arrive pas encore à réaliser qu’il est parti pour toujours.

- C’est normal, maman. Pour le moment, le plus important, c’est de le préparer pour son dernier voyage. … Tu comprends ce que je veux dire ?

- Oui …

- Comme hébétée, Marina, regarde sa fille puis son mari décédé.

Elle demande.

- Tu veux qu’on fasse quoi ?

- Ben maman … Il ne peut pas rester là … Il faut l’enterrer … Mais avant, il faut lui faire sa dernière toilette, lui mettre ses plus beaux vêtements … Si tu veux, pendant que tu fais cela, je vais creuser une tombe, bien profonde.

…..

- D’ … D’accord, répond Marina d’une voix hoquetante.

Léa qui sent sa mère fragilisée à un point auquel elle ne s’attendait pas la prend dans ses bras, pour la réconforter.

- Ça va aller maman. Tu vas voir, nous allons réussir à s’en sortir, ensemble, toutes les deux. Nous allons y arriver pour papa.

- Bon, maman, je te laisse préparer papa, pour son dernier voyage. Moi, je vais chercher de quoi creuser une tombe bien profonde.

Marina, pour toute réponse, hoche la tête, en signe acquiescement.

- Maman, demande Léa, une dernière question, où aimerais-tu qu’il soit enterré, papa ?

…..

- À côté du grand chêne, tout au bout de la propriété. Il adorait y faire la sieste. … Si tu arrives à y creuser un trou ! Avec toutes ses racines, ça ne sera pas facile. De toute façon fait au mieux, ma chérie.

Sans ajouter un mot, Léa remarque que la voix de sa mère semble être devenue plus assurée. « On dirait qu’elle va un petit peu mieux », se dit-elle.

Léa commence par fouiller la maison. Elle est à la recherche d’un outil capable de l’aider à creuser la tombe de son père.

Elle ne trouve qu’une bêche, assez ancienne, et une barre de fer. « Avec cela, je devrai savoir me débrouiller. La barre servira de pioche rudimentaire et la bêche va me permettre de sortir la terre » se dit-elle.

Arrivée sous les frondaisons de l’arbre gigantesque, Léa choisie, une zone ombragée, ni trop près ni trop loin du tronc.

À l’aide de la bêche, elle délimite un grand rectangle. Puis, s’aidant des deux instruments, elle commence à creuser. Le travail est long et harassant.

Quand le soleil est au zénith, sa mère vient la voir. Elle lui apporte une gourde d’eau bien fraîche.

- Tiens ma chérie, cela te fera du bien.

- Merci maman.

Léa boit la moitié de la gourde d’un coup tant elle avait soif.

Marina remarque que la profondeur de la fosse arrive au bassin de sa fille.

- Ce n’est pas trop dur ?

- Au début si, maintenant un peu moins. Le plus embêtant ce sont les racines, il y en a partout, même aussi loin du tronc.

- Tu sais maman, ajoute Léa, je pense pour en avoir jusqu’à ce soir.

- Prend ton temps, j’aimerais que ton père ait une belle tombe.

Le soir venu, tout est prêt. Dans la lumière du soleil couchant, les deux femmes portent leur mari, père, avec d’infinies précautions, jusqu’à sa dernière demeure.

Léa commence par jeter la terre sur les pieds. Petit à petit, elle recouvre le reste du corps. …

Quand Léa a fini, remettre la terre, un joli tumulus, recouvre la tombe.

Les deux femmes pleurent longuement sur la tombe de leur chère disparue.

Cette nuit-là, aucune des deux ne parviendra à dormir.

Ce n’est qu’au petit matin que Marina sombre dans un sommeil réparateur.

Léa, quant à elle, en est incapable. Elle a besoin de parler, de retrouver son amie Alice.

Elle laisse un mot, bien en évidence, sur la table, « Maman, je suis partie rejoindre Alice. Je vais essayer de rapporter quelque chose pour le repas. Léa, qui t’aime. »

La jeune fille attend son amie devant la bibliothèque. Quand celle-ci apparaît, Léa se précipite vers elle, pour se jeter dans ses bras et y pleurer tout son soûl.

Une fois que son amie s’est apaisée, Alice demande.

- Tu n’es pas venue hier. Qu’est-ce qui s’est passé ? J’étais morte d’inquiétude à ton sujet.

Pour la première fois depuis leurs retrouvailles, Léa parvient à parler, d’une voix encore hésitante.

- Juste avant notre rencontre, mon père est tombé malade. Il est mort dans la nuit d’avant-hier à hier. J’ai passé la journée à creuser sa tombe.

Sur ses mots, Léa s’effondre en larmes. Alice la prend dans ses bras et la berce tendrement, pour lui apporter un peu de réconfort.

- Oh, je suis désolée, d’apprendre ça ma bichette. Lui dit-elle.

Elles pleurent ensemble, dans les bras l’une de l’autre.

Alice finit par murmurer.

- Tu aurais dû me dire que ton père était souffrant. Cela t’aurait fait du bien de partager cela avec moi.

- Oui c’est vrai, tu as raison. … Mais je n’ai pas voulu t’ennuyer avec cela.

- Tu sais Léa, il n’y a pas longtemps que nous nous connaissons, toutes les deux. Mais je peux te dire, qu’en peux de temps tu es devenue très importante pour moi. Tu m’as manqué hier, j’étais super inquiète pour toi. C'est comme cela que j’ai pris conscience de ton importance à mes yeux.

Elles se taisent un long moment, les yeux dans les yeux.

- Tu sais Alice, pour moi aussi tu es importante. Quand on est ensemble, je suis … Comme sur un petit nuage, heureux, bien … Il y a quelque chose que j’ai envie de faire…

- Quoi donc ?

- Tu me fais confiance ?

- Oui.

- Alors … Ferme les yeux, s’il te plaît.

Léa approche lentement son visage de celui d’Alice et dépose un baiser, tout léger, sur ses lèvres.

Celle-ci ouvre les yeux, sourit, passe ses mains derrière le cou de Léa pour l’embrasser à son tour.

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