Chapitre cinq. Première rencontre

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À son réveil, Léa ne se sent pas en forme. Elle a mal au ventre, se sent un peu inquiète, elle qui n’est jamais malade, elle décide d’en parler à sa mère :

- Maman ? Je ne me sens pas très bien. Je ne t’ai rien dit avant, mais j’ai mal au ventre. Ça a commencé depuis hier dans l’après-midi.

Marina pose une main sur le front de sa fille, et soupir de soulagement :

- Bon pour toi, il semble que cela aille bien, tu ne sembles pas avoir de température. Ton père aussi n’est pas bien. Il est au lit, j’ai l’impression que lui a un peu de fièvre. … Tu n’as qu’à rester au lit pour le moment, un peu de repos ne te fera pas de mal.

- Bon … d’accord … je vais commencer à lire un des livres sur les arcs. Je suis curieuse de savoir comment ils fonctionnent. Et, surtout, impatiente de savoir m’en servir.

- Bonne idée ma chérie.

Marina vaque à ses occupations, tout en surveillant, régulièrement, les deux malades. Sans rien dire, elle prie pour que ce ne soit pas le virus qui les ait rattrapés.

Juste après le repas du midi, Marina demande :

- Est-ce que quelqu’un a une idée pour les prochains repas ? Car je viens de regarder les réserves, il ne nous reste qu’une dizaine de boîtes de conserve.

……

- J’ai passé ma matinée à lire les livres sur l’archerie, rappelle Léa. Et, je pense que d’ici demain je serai capable de vous montrer comment fonctionne un arc. … Après, le reste n’est qu’affaire d’entraînement. Dès que j’aurai compris comment fonctionne un arc, je commencerai à apprendre les techniques de chasse. Cela ne doit pas être bien compliqué.

Les deux époux restent sans voix devant l’assurance de leur fille. Un talent qu’il ne lui connaissait pas.

Songeuse, Léa ajoute :

- Je viens de penser à quelque chose, maman, papa. Dans les livres que j’ai cachés, à la bibliothèque, il y en a un sur les plantes locales comestibles. Je pense même avoir vu des recettes de cuisine à la fin du livre. Si cela peut améliorer notre ordinaire …

Après y avoir réfléchi quelques secondes, Marina demande :

- Tu saurais aller le chercher cet après-midi ?

- Oui, oui, je me sens mieux là. Je ferai juste l’aller-retour, si cela peut vous rassurer.

Paul ajoute, d’une voix pas très assurée :

- Il doit y avoir une canne à pêche, quelque part, dans la maison. Je vais essayer de la retrouver. Comme ça, je pourrai commencer par essayer d’aller pêcher dans la rivière en bas du terrain. … Mais …. Marina le coupe.

- Non Paul ! Tu restes à la maison ! Tu te reposes ! Tu n’es pas assez en forme pour faire autre chose. Je ne tiens pas à te perdre pour un ou deux poissons !

Le père et la fille en restent sans voix devant tant de véhémence.

- Attend ma chérie, ajoute Paul d’un ton conciliant. Laisse-moi finir, s’il te plaît. J’allais ajouter que, à mon avis, le plus important c’est d’apprendre à chasser.

- Je suis d’accord avec toi, papa, enchaîne Léa. Laisse-moi juste le temps d’assimiler les techniques et je vous montrerai. … Pour le reste, je vais tout de même aller chercher le livre, il pourra toujours nous servir.

Marina scrute, avec attention, le visage de sa fille :

- Bon … vas-y, ma chérie. Mais fais bien attention à toi. Souviens-toi de ce qui s’est passé hier.

Avec courage, car, en fait, elle ne se sent pas si bien que cela, Léa enfourche son vélo, et part en direction de la bibliothèque.

Tout au long du chemin, les douleurs s’intensifient. Jusqu’à faire l’effet de coups de poignard.

Arrivée à destination, Léa est obligée de s’allonger sur un banc. Au bout d’un certain temps, la douleur finit par s’estomper, puis céder, enfin.

Léa se sent bien, elle parvient à se détendre et même à s’endormir.

Une main, fraîche, posée sur son front, la réveille en sursaut. Lorsqu’elle ouvre les yeux, elle aperçoit, juste à côté d’elle, une jeune fille qui lui sourit.

Curieusement, ce simple sourire suffit à rassurer Léa.

Celle-ci se lève.

- Bonjour, mademoiselle, lui dit l’inconnue.

- …. Bonjour, répond Léa, d’une voix intimidée.

Mais … Qu’est-ce qui m’arrive, de parler comme cela à des inconnues ? Se demande-t-elle aussitôt.

Toujours avec un grand sourire aux lèvres, l’inconnue se présente :

- Je m’appelle Alice Sapritch …. Et vous ?

- Moi …. Euh … C’est Léa Beauchêne.

….

- J’aime bien ton prénom, Léa. Euh … On se dit tu ?

- … Pourquoi pas … Si tu veux.

Un silence s’installe, pendant lequel, les deux jeunes filles s’observent, se détaillent. Léa remarque que le regard d’Alice s’attarde sur son ventre. Que se passe-t-il, je me suis salie ? Se dit-elle tout de même un peu choquée par un tel manque de discrétion.

Léa regarde à son tour …. Et manque de s’évanouir. L’entrejambe de son jean est maculé d’une grande tache sombre.

Voyant que Léa est devenue toute blanche, Alice s’approche et l’aide à s’assoir sur le banc.

- C’est la première fois ? Lui demande-t-elle.

Léa acquiesce d’un hochement de tête.

- Tu as un mouchoir ? Poursuis Alice.

- Tiens.

Léa lui tend un mouchoir en tissu, brodé à l’ancienne.

- Mais … Pour quoi faire, demande cette dernière.

- Tu vas comprendre.

Elle déplie le mouchoir. D’une petite bourse en cuir, elle sort une poudre, de couleur marron, qui intrigue beaucoup Léa.

- Qu’est-ce que c’est ? demande-t-elle.

- De la mousse séchée, répond Alice. Après l’avoir ramassée en forêt, tu la laves avec soin, puis tu la laisses sécher au soleil. C’est très utile … Ajoute-t-elle avec un sourire complice.

Pendant qu’elle parle, la jeune fille étale une bonne couche de mousse séchée, au centre du mouchoir. Puis, elle le replie avec soin et le tend à Léa.

- Voilà, dit-elle, cela t’évitera de te salir encore plus, en attendant de rentrer chez toi.

Léa, rouge de honte, balbutie un merci et se précipite dans la bibliothèque. Elle se réfugie dans les anciennes toilettes pour mettre en place l’astucieux système créé par Alice.

Elle en profite pour récupérer le livre sur les plantes comestibles. En passant devant la section des femmes, elle prend un autre livre, consacré aux troubles féminins …. Avec toutes ses émotions, encore un peu elle oubliait ce qu'elle était venue chercher.

C’est le sourire aux lèvres que Léa sort de la bibliothèque. Alice le remarque tout de suite.

- Tu te sens mieux, demande la jeune fille.

- Oui, merci … Je ne sais pas comment j’aurais fait sans toi …

- Ne t’inquiète pas, c’est normal de s’aider, entre filles. Encore plus en ce moment…. Tiens, tu as pris des livres ?

- Oui, sur les plantes comestibles locales, lui répond Alice en lui montrant la couverture. Et cet autre, sur les problèmes féminins. Il m’en apprendra certainement plus que les cours du Lycée.

- Oui tu as raison, rétorque Alice en riant … Elle examine le livre consacré aux plantes. Tu te passionnes pour ce genre de choses ? demande-t-elle, d’un air intéressé, elle aussi.

- Oui, tout ce qui pourrait nous permettre, ma famille et moi, de mieux vivre me captive.

Elles s’assoient sur le banc pour continuer à parler tranquillement.

- Dis-moi, Léa, il y a longtemps que tu es par ici ?

- Non, non, juste quelques jours. Nous venons de Paris. Et toi, cela fait longtemps que tu habites ici ?

- Oh oui, plusieurs années, quand j’y pense ! Mon père a fait partie des premières victimes du virus.

- Je suis sincèrement désolée de l’apprendre. Réponds Léa en posant timidement une main sur celle d’Alice.

- Avec ma mère, nous avons décidé de venir nous réfugier dans le coin. Puis d’autres sont venus.

- Et pour vivre, vous faites comment ?

- Chacune a un rôle précis dans la communauté. Moi, pour le moment, je chasse. J’attrape des animaux avec un collet, ou à l’arc, cela dépend.

- Tu chasses au collet et à l’arc ! Dis, tu pourrais m’apprendre ? Hier nous avons eu des arcs. J’aimerais beaucoup savoir m’en servir pour contribuer à nourrir les miens.

- Oui ce serait avec joie … je pense à quelque chose, aimerais-tu qu’on se retrouve ici demain matin de bonne heure ? Tu m’aiderais à relever les collets et je t’apprendrai à tirer à l’arc.

- Ce serait merveilleux, Alice. Oui, j’accepte avec beaucoup de joie.

C’est à ce moment-là que Léa prend conscience du temps qui passe.

- Mon dieu quelle heure est-il ? demande-t-elle affolée.

- Presque six heures de l’après-midi.

- Bon, Alice, je dois y aller tout de suite. Mes parents doivent être morts d’inquiétude.

Elles se prennent dans les bras et se font la bise.

- À demain matin, vers huit heures, cela te convient ? Demande Alice.

- Oui, c’est promis. Je viendrai avec mon arc.

- OK, à demain, bisou.

Après un dernier signe de la main, elles partent chacune de son côté.

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