Chapitre quatre. Une rencontre, de l’entraide.

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Le lendemain, après le petit déjeuner, ils partent à vélo, en direction d’Orléans.

Sur la route, ils ne rencontrent personne. Ne constate pas la moindre trace d’activité humaine. Pas la plus petite fumée qui ne s’échappe d’une cheminée, pas le moindre jardin entretenu.

Et pourtant …. Tout au long du trajet, ils ont l’étrange sensation de ne pas être seuls. Que quelqu’un les surveille, les épis.

Ils ont beau regarder autour d’eux. Il n’y a personne. Rien que la nature qui reprend peu à peu ses droits, qui lui avaient bafoué les hommes.

La traversée de Dhuizon est une véritable épreuve, pour Paul et Marina. Le fait de voir cette commune, si belle et accueillante, à l’origine, transformée en véritable ville fantôme, est un choc.

Léa les fait passer devant l’hôtel puis la bibliothèque. C’est à ce moment-là que Marina s’écrie :

- Regardez ! Au coin à gauche !

Tous s’arrêtent :

- Que se passe-t-il ? Demande Paul

- Je suis certaine. …. Certaine, d’avoir vu une jeune femme nous regarder, puis partir en courant.

- Allons-y, renchérit son mari.

- Non ! Hurlent les deux femmes.

- C’est peut-être un piège, Paul. Répons sa femme.

- S’il te plaît, papa, reste, je ne le sens pas ce truc ! Ajouté Léa, angoissée.

- Bon d’accord. …. Mais c’était peut-être notre seule chance de rencontrer quelqu’un. Réponds Paul.

- Où de tomber dans une embuscade. Renchérit Marina.

Ils repartent après une longue route, angoissante, stressante, tous trois finissent par arriver devant l’armurerie.

L’endroit est sinistre, la vitre de la porte d’entrée a disparu. Toutes les autres fenêtres ont été remplacées par des planches.

On ne distingue rien de l’intérieur, plongé dans le noir.

Marina et Léa restent en selle, prêtent à partir, à toute vitesse, si nécessaire. Paul, quant à lui, descend de son vélo et approche, lentement, prudemment, du magasin. Pour s’annoncer, il s’écrit :

- Eh, oh ! Il y a quelqu’un ? … Nous ne vous voulons pas de mal. Nous ne sommes pas armés. Ma famille et moi demandons juste de l’aide !

Il fait quelques pas supplémentaires, jusqu’à être devant l’entrée.

Il entre.

À peine a-t-il fait un pas dans la pénombre, qu’il entend un curieux bruit métallique. Comme un objet, fait de métal, qui se tend. Puis, une voix grave, caverneuse, même, prononce ces mots glaçants :

- Surtout ne faites pas un pas de plus, pas un geste, sinon, je vous envoie ce carreau d’arbalète en pleine tête.

- D’accord ! D’accord, mon ami, ma famille et moi, ne vous voulons aucun mal. … Regardez, nous ne sommes pas armés.

- Gardez vos mains bien en évidences !

En signe d’apaisement, Paul, fait quelques pas en arrière, jusqu’à ce retrouvé en pleine lumière. À ce moment-là, il tourne lentement sur lui-même, pour montrer qu’il ne dissimule aucun objet dangereux.

De nouveau face à l’inconnu, il déclare :

- Je suis Paul Beauchêne, et voici ma femme et ma fille, dit-il en les désignant de la main. Nous nous sommes installés à Ardon, il y a quelques jours. Et …. Nous avons besoin d’aide.

L’homme examine, longuement, la famille. Dans un soupir, il finit par baisser son arbalète, puis la poser devant lui.

Excusez-moi pour l’accueil, mais j’ai cru, un instant, que vous faisiez partie de ceux qui nous ont attaqués il y a trois jours. Ils en voulaient à mes réserves. Comme je n’ai pas grand-chose, à la fin, ils ont voulu tous nous tuer.

D’un ton plus adouci, il se présente :

- Bonjour, je suis Paul Meurisse, dit-il en tendant la main.

Paul la lui sert cordialement, et, intrigué, demande :

- Paul Meurisse ? Comme l’acteur ?

- Oui, tout à fait, je suis un de ses descendants.

- D’accord … Je me présente à mon tour Paul Beauchêne.

- Ah, deux Paul … dans ce cas appelez-moi, Marc, c’est mon deuxième prénom. …. Bon, en quoi puis-je vous aider, ajoute-t-il ?

- Nous cherchons de quoi attraper du gibier. Nos réserves de nourriture sont presque épuisées. Nous nous sommes dit que nous avions des chances de trouver ce qu’il nous faut dans une armurerie.

- Ce n’est pas faux, malheureusement nous avons été pillés depuis longtemps.

Devant la mine déconfite de Paul, Marc ajoute bien vite :

- Mais … il y a tout de même quelque chose qu’ils n’ont pas trouvé. … Mais, avant toute chose …. Vous m’offrez quoi en échange ?

Paul, surpris par cette demande lui répète :

- Mais, monsieur, nous n’avons plus rien à manger … que voulez-vous que nous vous donnions ?

…..

Paul sous l’impulsion d’une idée poursuit :

- et si en échange, nous vous offrions une partie du produit de nos chasses ? Quand cela nous sera possible …

Paul Meurisse part dans un grand rire …

- Quand je vous aurai montré ce que je peux vous donner, vous comprendrez que cela va vous demander du temps avant d’attraper quoi que ce soit.

- Oh ?

Marc fait demi-tour :

- Venez avec moi, c’est au grenier.

Quand ils arrivent au premier étage, Marc fait comprendre d’un geste, aux Beauchêne de l’attendre sur le palier.

Il entre seul et se dirige vers les deux femmes, qui se trouvent dans un coin de la pièce, blottie l’une contre l’autre, totalement affolé. Il leur murmure quelques mots, la plus âgée acquiesce d’un mouvement de la tête.

- Vous pouvez entrer, maintenant dit Marc d’une voix forte.

….

Marc fait les présentations :

- Je vous présente Owy, ma femme, et Lisbeth, ma fille. Il faut les excuser depuis l’agression d’il y a trois jours, elles sont dans cet état….

- Je comprends, dit Paul ….. Nous n’allons pas vous importuner longtemps, mesdames.

Les deux hommes échangent un regard. Marc demande alors :

- Si vous voulez bien m’accompagner au grenier …

Ils arrivent dans un vaste grenier qui, à l’origine, devait être propre et bien rangé. Marc avance seul, jusqu’au fond. Sans l’aide de personne, il déplace une fausse cloison, qui dissimule une autre partie du grenier.

Marc se retourne vers Paul et sa famille pour expliquer :

- Je ne sais pas par quel miracle ceux qui sont venus fouiller ici n’ont pas vu cette fausse cloison et ce qu’elle cache…. Venez, approchez-vous, tout est là.

Ils approchent, curieux de voir ce que Marc leur réserve :

- Voilà ce que je peux vous proposer, dit Marc, avec une pointe de fierté dans la voix.

Au sol se trouvent deux grandes caisses en bois. Marc retire les couvertures qui en protègent le contenu. La première caisse renferme une impressionnante quantité de flèches, équipées de toutes sortes de pointes. Dans l’autre caisse, se trouvent, encore dans leurs emballages d’origines, cinq arcs.

Marc ajoute :

- Je vais aussi vous donner les livres sur l’archerie ….

Paul le coupe aussitôt :

- Excusez-moi, mais qu’est-ce que l’archerie ?

- Oui, j’aurais dû préciser, l’ensemble des techniques de tir à l’arc.

- Merci.

- Ensuite j’ai des livres sur les techniques de chasse à l’arc et le piégeage des animaux. Si cela vous intéresse ?

- Oui, oui, nous sommes intéressés, évidemment.

Tous redescendent avec précaution, faisant attention de ne pas abîmer leur précieux chargement.

Arrivé au premier étage, Marc leur donne les livres promis.

Paul est ému aux larmes tant il est conscient de la valeur de ce que l’on vient de lui offrir :

- Je … Je ne sais comment vous remercier.

- Bah, les temps sont si durs, il faut bien s’entraider, parfois…. Si vous voulez vraiment faire quelque chose pour moi … Quand vous aurez attrapé du gibier, apportez-m’en un peu, cela fera plaisir à ma femme et ma fille.

Marina restée silencieuse, jusque-là, demande :

- Mais, ces arcs, vous ne risquez pas d’en avoir besoin un jour ?

- J’ai des arbalètes en bas, vous en avez vu une de près. Je les fabrique moi-même, ainsi que les carreaux, dans du métal que je récupère.

Ils redescendent au rez-de-chaussée, non sans avoir dit au revoir à Owy et Lisbeth.

Ils reprennent ensuite la route rapidement. Non sans avoir chaleureusement remercié Marc pour son aide.

Sur la route du retour, l’impression de ne pas être seuls ne les quitte pas.

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