Chapitre 9

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Une fois le repas terminé, ils se rendirent devant la chambre 713.

— Ça doit être ici, affirma Malia en frappant à la porte.

C'est Lexie qui leur ouvrit la porte. Elle affichait un grand sourire pour ses invités, lorsqu'elle dit :

— Salut ! En... trez.

Visiblement, l'identité des deux pièces rapportées la surprit. Elle leur lança un sourire un peu troublé en ouvrant grand la porte. À l'intérieur, une fille et un garçon attendaient patiemment que les invités entrent. Ils leur firent un signe de la main pour leur souhaiter la bienvenue. Bien qu'ils n'eurent pas une réaction aussi visible que Lexie en voyant les deux frères, ils échangèrent une œillade surprise. Les garçons étaient donc aussi populaires qu'ils l'avaient raconté !

— Allez-y, installez-vous ! invita Lexie en désignant des chaises. Pour les présentations, lui c'est Antonis, mais tout le monde l'appelle Anto, et à côté c'est Katya.

— Je suis Shane, se présenta-t-il avec un sourire avenant.

— Malia ! dit-elle avec un signe de la main.

— Hm... Raphaël et mon frère Axel.

L'atmosphère était... un peu gênante. Lexie tenta de briser la glace :

— Vous voulez quelque chose à boire ? On a pas mal de jus de fruits et des boissons gazeuses.

Malia jeta un oeil à la table, et constata que parmi toutes les bouteilles posées, il n'y en avait pas une seule d'alcool. Elle repensa aux soirées moldues, auxquelles ne pas avoir d'alcool aurait fait fuir tous les participants. Il n'y avait même pas de bière !

— Et si vous nous racontiez ce que ça fait de découvrir le monde la magie ? proposa Lexie en les servant.

— C'est... indescriptible ! s'empressa de répondre Shane. Imaginer qu'il y a un monde entier dont on ignore l'existence ! Malia et moi sommes des passionnés de fantasy, c'est un peu nos rêves qui deviennent réalité !

— C'est un peu flippant aussi. C'est incroyable, tout ce qu'on peut faire avec ! Vous n'imaginez pas à quel point la magie peut simplifier la vie.

— On a des cours sur la vie des humains pendant le deuxième cycle, où on nous apprend comment vous vivez, ajouta le garçon dont Malia avait déjà oublié le nom. On nous prépare aussi à survivre dans ce monde au cas où on perdrait nos pouvoirs.

— C'est pas vrai ?! s'étonna Malia.

— Non, rit-il.

— On a quelques cours de combat lors desquels on n'a pas le droit d'utiliser la magie, ajouta Lexie.

— Mais c'est davantage orienté combat contre un sorcier qui aurait la possibilité d’annihiler la magie, compléta Raphaël.

Il était raide sur sa chaise, et parlait avec une voix moins assurée qu'à l'accoutumée.

— Je suis sûr que vous ne seriez pas capable de tenir une semaine sans magie, se moqua Shane.

— Probablement pas, rit l'amie de Lexie. Surtout si on quittait l'école de magie !

Un débat commença alors. Comme à son habitude, Shane était parfaitement à l'aise et s'entendit très bien avec tout le monde. Il avait cette capacité à s'intégrer que sa meilleure amie admirait, bien qu'elle ne l’avouerait jamais à voix haute.

La conversation dériva. De petits groupes de discussion de formèrent. Shane entreprit de raconter son rêve de la veille.

— Alors il y avait des extraterrestres, tu vois. Mais moi j'avais la magie de mon côté, sauf que la technologie extraterrestre et la magie terrienne n'étaient pas compatibles ! Et du coup, l'un contre l'autre, ça avait créé une faille spatiotemporelle qui nous a emmenés dans un monde parallèle. Et là, on a croisé une créature super bizarre ! Imagine un mélange d'humain, de chien, de lion, de serpent et d'aigle. Je sais pas si vous arrivez à voir....

Shane avait toujours des rêves... au mieux étranges. Katya le regardait avec un mélange d'amusement et d'incompréhension.

Devant leurs regards perdus, il tenta de décrire la bête.

— Elle avait un corps de chien, la tête d'un humain, les cheveux, c'était la crinière du lion. Elle avait la langue d'un serpent et des ailes d'aigle !

— Mais comment c'est possible une abomination pareille ?

— J'arrive pas à visualiser...

— Tant mieux ! C'était terrifiant !

Shane rit et tenta à nouveau d'expliquer quand soudain, la créature apparut devant leurs yeux. Tel un hologramme, elle faisait la taille d'une main et flottait dans les airs.

Surpris, ils se turent pour observer ce phénomène, qui disparut aussi vite qu'il était apparu.

— Mais qu'est-ce que... bafouilla Shane.

— Katya ?

— Ça n'était pas moi, prévint-elle en riant, bien moins choquée que les deux autres.

Malia attrapa le bras de Shane et lui fit un grand sourire.

— Shane ! s'écria-t-elle en sautillant, attirant tous les regards sur eux. Shane ! C'est ta première affinité !

Il se mit à sautiller avec elle.

— Mais qu'est-ce que c'était ? demanda-t-il.

— Une projection, répondit Katya. Ou une illusion. C'est assez proche.

— Bien joué ! félicita Raphaël en posant la main sur son épaule.

Ils discutèrent un moment du pouvoir de Shane, mais la conversation dévia. Malia savait pertinemment que Shane n'avait plus qu'une envie : utiliser sa magie. Mais il était bien trop poli pour le faire devant tout le monde, il attendrait la fin de la soirée. Peut-être y passerait-il toute la nuit, le connaissant !

***

Tandis que la soirée avançait, de nombreux groupes de discussion se formèrent. Malia discuta avec tout le monde, et elle se surprit à passer un excellent moment. Ce n'était pas tout à fait le genre de soirée auquel elle était habituée, mais elle appréciait beaucoup Lexie et ses amis. Elle mit un point d'honneur à retenir leurs prénoms, et demanda discrètement une piqure de rappel à Lexie au milieu de la soirée.

Au bout d'un moment, elle remarqua qu'Axel parlait peu, contrairement à son habitude. Il participait et écoutait attentivement les discussions, riant de temps en temps, mais il ne prenait pas la parole, en dehors des quelques sollicitations  qu'on pouvait lui faire. Il n'avait pourtant pas l'air de s'ennuyer.

Minuit approchait à grands pas lorsque Malia quitta son groupe de discussion pour aller se resservir un verre.

— C'est cool que vous soyez venus ce soir, dit Antonis en arrivant à côté d'elle.

— Oui, c'est vraiment sympa de la part de Lexie de nous avoir invités !

— J'ai beaucoup de mal à imaginer ce que vous avez dû ressentir en découvrant la magie. Surtout en vous faisant attaquer ! Ça a dû être très effrayant...

— Ce n'était pas facile, avoua Malia. Et ça ne l'est toujours pas, pour être honnête. Je suis dans une phase où je me dis que n'importe quoi pourrait arriver. Le sorcier pourrait apparaitre d'un coup, ou quelqu'un pourrait profiter de notre naïveté pour... je sais pas, nous voler notre magie ! Ou nous ridiculiser...

— Il faut vraiment que tu arrêtes de regarder des séries, se moqua Axel en débarquant pour se resservir un verre.

— JA-MAIS, répondit l'adolescente en insistant bien, ce qui le fit sourire.

Il s'appuya sur la table, de l'autre côté, lorsque son verre fut rempli.

— Et de toute façon, qui voudrait profiter de toi ? demanda-t-il en haussant un sourcil moqueur.

Malia reposa lentement son verre, préparant sa meilleure réplique, mais Antonis répondit avant elle :

— C'est loin d'être impossible. Je connais des tonnes d'histoires de sorciers qui ont été utilisés ou manipuler pour leurs affinités ! Et même à l'Académie. Certains se moquent, intimident et humilient régulièrement d'autres élèves.

Le mec n'avait aucune notion du second degré.

— Comme certains de tes amis, accusa-t-il en regardant Axel dans les yeux.

Malia s'attendait à ce que le blond s'énerve et à ce que les deux finissent par se battre. Elle n'avait jamais vu de combat magique, mais elle soupçonnait que c'était impressionnant !

Au lieu de ça, Axel répondit :

— Elles ne sont pas mes amies.

— Vous trainez souvent ensemble, pourtant, contra Antonis.

— Je ne suis pas responsable de mon fan-club. C'est elles qui me suivent, pas l'inverse !

Malia était à deux doigts de sortir les popcorns. Elle adorait les conflits et les dramas, et ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas joué les commères. Mais les deux garçons restaient étonnamment calmes, à tel point que personne d'autre n'avait remarqué ce qu'il se passait.

— Elles feraient n'importe quoi pour attirer votre attention ou vous impressionner !

— En quoi est-ce ma faute ? Je ne leur ai rien demandé : elles sont libres de leurs choix.

— Tu as une forte capacité d'influence sur elles, tu ne peux pas le nier.

Axel, loin de s'énerver, soupira en levant les yeux au ciel. Malia était admirative de son calme : si quelqu'un avait osé lui parler sur ce ton, elle lui aurait fait regretter. Dans la douleur.

Il avala son verre d'une traite avant de répondre :

— Écoute, si tu as un problème avec elles, le mieux est encore de le signaler à l'école, je ne suis qu'un étudiant comme les autres.

Antonis pouffa, visiblement peu convaincu. Malia décida qu'elle devrait intervenir, avant que les choses ne dégénèrent.

— Ça suffit, les gars... ce n'est pas...

— Tu es le grand Axel Muller, l'interrompit Antonis, dans un ton à la fois élogieux et moralisateur. Sorcier tout puissant !

Certes, on faisait mieux comme médiateur, mais ce n'était pas une raison pour l'ignorer ! Malia bouda, les laissant s'en prendre l'un à l'autre. Ils pourraient s'entretuer qu'elle s'en moquait désormais.

— Cette conversation ne mène à rien, lâcha finalement Axel, Malia a raison. J'ai compris que tu ne m'appréciais pas vraiment, c'est désormais réciproque. Reste en dehors de mon chemin et je ferais pareil.

Sur ces mots, il s'éloigna et sortit de la pièce. Malia jeta un regard réprobateur à Antonis avant de le suivre.

— Tu t'en vas ? demanda-t-elle en fermant la porte de la chambre derrière elle.

Il se retourna en sursautant.

— Tu m'as fait peur, je ne t'ai pas vu me suivre. Non, j'allais juste aux toilettes, j'ai le droit, chef ? demanda-t-il, taquin.

Il avait beau plaisanter, elle voyait bien qu'il n'était pas aussi détaché par la situation qu'il voulait le faire croire.

— Autorisation refusée, soldat, sourit-elle avant de reprendre plus sérieusement. Tu veux parler de ce qu'il vient de se passer ?

— C'est rien, soupira-t-il en mettant les mains dans ses poches.

— Ça arrive souvent ?

— Non, mais ce n'est pas la première fois. Ça ne m'atteint plus maintenant.

— T'as pas l'air d'un mec pas atteint.

Il leva les yeux au ciel. Malia s'appuya contre le mur, les bras croisés en le regardant avec insistance. Elle n'avait pas l'intention de le lâcher.

— Est-ce que je peux quand même passer aux toilettes avant la suite de l'interrogatoire ? J'ai vraiment besoin d'y aller.

— Vas-y, mais dépêche-toi, je n'ai pas que ça à faire de t'attendre.

— Tu veux venir et t'assurer que je fais le maximum pour me dépêcher ? proposa-t-il avec un sourire pervers.

— Te regarder pisser ? Super, c'est vraiment ce qu'il me manquait pour passer une bonne soirée, ironisa-t-elle.

Il rit avant de se téléporter. Pourquoi ne s'était-il pas téléporté de l'intérieur de la chambre directement ?

En l'attendant, Malia en profita pour jeter un œil à son téléphone portable, ce qu'elle n'avait pas vraiment fait depuis son arrivée à l'Académie.

De nombreux appels de leur maison d'accueil et de l'école, probablement inquiets de leur soudaine disparition. Shane les avait appelés le matin même pour les avertir qu'ils seraient absents au moins une semaine, mais il ne lui avait pas dit quelle excuse il avait donnée. Malia ne s'inquiéta pas et balaya toutes ces notifications. Quoiqu'il se passe, la magie les sortirait de là. 

Son écran était encore rempli de notifications : des messages privés ou de groupe, les réseaux sociaux... Elle prendrait le temps de répondre à ses amis, mais pas aujourd'hui. 

Soudain, elle sentit une présence dans son dos et quelqu'un souffla près de son oreille :

— Tu es populaire, dis donc.

Elle sursauta, se retournant sur Axel. Il avait regardé son téléphone par-dessus son épaule.

— C'est ce qui arrive quand on a dix-sept ans et qu'on disparait soudainement sans laisser de trace et sans prévenir personne.

— Je voulais vous poser une question, dit-il en changeant de sujet, mais Raphaël dit que c'est trop personnel et que ça pourrait vous mettre mal à l'aise.

— Eh bien, maintenant que tu as lancé le sujet, tu ne peux plus te défiler. Quelle question ?

Il se mordit la lèvre, comme s'il cherchait la bonne façon d'exprimer ce qu'il avait en tête.

— Tes parents... ils n'ont pas de pouvoirs magiques ?

Elle comprit tout de suite où il voulait en venir. Il semblait vraiment mal à l'aise de poser la question.

— Shane et moi n'avons pas de parents. Tout ce que l'on sait, c'est qu'on a été retrouvé tous les deux alors qu'on avait à peine deux ans. Aujourd'hui, notre « famille » se résume à un foyer pour adolescents. En tout cas, au moins jusqu'en septembre...

Raphaël la regarda sans comprendre.

— Personne ne connait notre véritable date de naissance, puisque la police a été incapable de retrouver nos familles. Ils nous ont alors donné comme date de naissance officielle le 21 septembre, jour où ils nous ont trouvés.

— Et vous ne vous êtes jamais perdus de vue tous les deux ?

— On s'est baladé entre différentes familles d'accueil, rarement ensemble, mais nous ne sommes jamais restés séparés très longtemps.

Il y eut un blanc pendant quelques secondes.

— Tu sais... la magie est capable de beaucoup de choses. Vous pourriez en apprendre plus sur vos origines, sur vos parents...

Malia se figea, intégrant l'information. Elle ne pensait pas souvent à ses origines, parce que ce poids était trop douloureux pour elle. Mais si elle pouvait enfin avoir des réponses...

— Tu es un génie ! s'exclama-t-elle.

Il haussa les épaules, faussement modeste.

— Mais le sorcier reste notre priorité. 

— Oui. Vous aurez tout le temps dont vous avez besoin.

— Et j'imagine que j'aurais des amis tout à fait disposés à m'accompagner dans cette quête, s'amusa-t-elle.

— Raph se fera un plaisir de t'aider, je n'en doute pas une seconde.

Elle lui frappa l'épaule en riant.

— Enfoiré.

La porte de la chambre s'ouvrit soudainement, et la tête de Shane en sortit.

— On baise, ça ne se voit pas ? répliqua Malia du tac au tac.

Shane rit, habitué à son humour un peu lourd, mais Axel lui fit les gros yeux, surpris.

— Ça va, on arrive ! Je sais que tu ne peux pas vivre sans moi, ajouta-t-elle avec une voix suave.

— Je ne veux pas vivre sans toi, corrigea-t-il en riant.

— Vous êtes désespérant, s'amusa le blond en rentrant également dans la chambre.

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