Chapitre 10

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Il n'y avait pas eu d'autre incident, la soirée s'étant terminée tranquillement vers deux heures du matin. Sauf que le problème quand on se couche tard, c'est qu'on oublie qu'il faut quand même se lever le lendemain matin. Même si on n'a pas eu son quota de sommeil. Et son quota de sommeil, Axel s'en moquait bien. Cette fois-ci, il ne prit même pas la peine de frapper à la porte et se téléporta directement à l'intérieur.

— Debout Malia !

— Va-t’en !

— Malia... prévint-il d'un ton menaçant.

— Laisse ma couverture tranquille !

— J'ai trouvé une autre idée pour te réveiller ce matin, bien plus amusante. J'ai très envie de l'utiliser, mais tu risques de ne pas apprécier... Alors je te donne une dernière chance de sortir de toi-même de ton lit et de nous rejoindre pour le petit-déjeuner comme une grande.

— Va mourir !

— Bon, tant pis pour toi.

Il n'avait pas l'air désolé, mais plutôt amusé, ce qui n'augurait rien de bon. Mais elle était trop fatiguée pour réfléchir correctement.

Déverse avec envie le cœur de ton moulin... commença-t-il à réciter.

— Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Source de vie indispensable à l'être humain, continua-t-il.

— Axel... T'es en train de réciter une formule ? demanda-t-elle en sortant le nez de sa couverture.

Apparait ici, belle eau dont j'ai tant besoin, termina-t-il.

« De l'eau ? Comment ça de l'eau ? », eut-elle à peine le temps de penser.

Un moulin apparut, comme un hologramme, au-dessus de sa tête. Une cascade tomba alors sur elle, la trempant complètement. Une bonne partie de la chambre finit inondée. Gelée et choquée, sa respiration se saccada. Elle jeta alors un regard indigné vers le monstre à l'origine de cette catastrophe.

— Tu es un mort mort, Axel, menaça-t-elle d'une voix très froide.

— On t'attend au petit déjeuner ! termina-t-il avant de se téléporter.

Tout était trempé : les meubles, ses habits de la veille qui trainaient encore par terre, son lit... Heureusement, elle avait rangé ses quelques habits dans l'armoire, et ils ne semblaient pas avoir été touchés. Elle se sécha et s'habilla rapidement, de très mauvaise humeur. Et jeta un regard circulaire sur le désastre ambiant.

— Il viendra nettoyer lui-même, grogna-t-elle.

Devant son miroir, elle s'agaça encore plus en ne réussissant toujours pas à se coiffer.

— Bordel, j'ai besoin d'une brosse !

Lorsqu'elle sentit le flux de magie se déployer, elle comprit ce qui allait se passer. Et lorsqu'un petit peigne apparut dans ses mains, son humeur changea légèrement.

— J'adore la magie.

Elle se brossa les cheveux rapidement, luttant contre les nombreux nœuds qui s'étaient formés, avant que le peigne ne disparaisse. Elle les attacha rapidement, avant de quitter sa chambre pour rejoindre le réfectoire.

Axel était le seul arrivé, et il parlait avec la table d'à côté. Malia s'assit en face de lui sans le regarder.

— Bon matin, dit-il avec amusement.

Elle l'ignora et se servit à manger tandis qu'il terminait sa discussion. Elle se demanda tout de même où pouvaient bien se trouver les deux autres. Peut-être étaient-ils déjà partis. Était-elle tant en retard que ça ?

— Malia ! Tu es tombée du lit ce matin ? s'exclama Shane en arrivant. Il est encore tôt, tu aurais pu dormir au moins vingt minutes de plus.

Elle le regarda sans comprendre, et le petit sourire diabolique d'Axel en dit long.

— Tu as mis tellement de temps à te lever hier, j'ai été prévoyant.

Elle n'avait pas les mots pour exprimer toute la haine qu'elle ressentait pour lui.

— Toute ma chambre est trempée ! se contenta-t-elle de lui reprocher.

Il rit, pas le moins du monde touché par la culpabilité. Raphaël les rejoignit à ce moment-là.

— Malia, tu t'es levée tôt aujourd'hui, tu as bien dormi ?

C'en était trop pour elle. La colère draina sa magie pour la pousser à enflammer la table en leur centre. Mort de rire, Axel l'éteignit.

— J'ai dit un truc qui ne fallait pas ? s'inquiéta Raphaël.

— Ton cher frère a eu la bonne idée d'inonder ma chambre ce matin.

— Elle refusait de se lever, commenta l'accusé.

— J'aimerais bien t'y voir, trempé jusqu'aux os ! Si je tombe malade, ce sera de ta faute !

Sur ces mots, un flot d'eau apparut au-dessus de sa tête et se déversa sur lui. Malia porta la main à sa bouche, surprise, mais amusée.

— Malia...

— J'ai pas fait exprès ! se défendit-elle en rigolant.

Axel, dans un soupir plus amusé que vraiment agacé, se téléporta.

— J'espère qu'il ne s'était pas déjà lavé... compatis Shane.

— Il semblerait que tu aies une affinité avec les éléments, et non uniquement le feu.

— Trop stylé ! dirent les deux adolescents en temps.

Malia manqua de sauter de sa chaise lorsque Axel réapparut soudainement sur sa chaise.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda-t-il, amusé.

— Tu m'as fait peur. C'est à cause de ta tronche.

— Ne m'oblige pas à te rendre muette une nouvelle fois...

— OK ! OK ! capitula-t-elle en levant les mains en signe de paix.

— Est-ce que l'eau que Malia créée est buvable ?

— Oui et non, répondit Raphaël. Tu auras la sensation d'être désaltéré, mais l'eau ne contient aucun nutriment. C'est comme si... tu mangeais du vide.

— Qu'est-ce qu'on va faire aujourd'hui ?

— Ce matin, je vais aider Shane à découvrir son pouvoir tandis que tu continueras l'exercice d'hier avec Axel. Et cette après-midi... je pensais vous proposer de faire une pause. Axel et moi avons pour habitude de renter chez nous le weekend, proposa-t-il avec maladresse. Et j'aimerais profiter de ce moment pour échanger avec mes parents sur différents sujets.

— Parfait ! Shane et moi devons discuter, affirma Malia de façon énigmatique.

Le concerné la regarda sans comprendre, et les deux frères froncèrent les sourcils.

— On doit parler de choses secrètes ! Personnelles ! Voire les deux. Ou de vous deux, s'amusa-t-elle. On verra bien !

Shane et elle étaient meilleurs amis depuis toujours, il n'y avait pas un moment de leur vie qu'ils avaient passé loin l'un de l'autre. Et bien qu'ils aient passé presque tout leur temps ensemble depuis qu'ils s'étaient fait attaquer, leur intimité lui manquait. Ils n'avaient pas eu le temps de parler tous les deux depuis que leurs vies avaient été chamboulées, et elle en avait besoin.

— On fait comme ça alors.

— On ne va pas trop vous manquer j'espère ? taquina Shane.

— On va pouvoir être tranquilles, répliqua Axel.

Malia lui tira la langue, ce qui fit rire l'assemblée. 

***

La mâtinée passa à une vitesse folle. Lorsque midi sonna, les deux frères les quittèrent, les laissant seuls pour le déjeuner.

— Il est encore tôt, indiqua Shane, je n'ai pas faim. Que dis-tu de passer à la bibliothèque avant d'aller manger !

Malia, dont la perspective de passer une heure à la bibliothèque n'enchantait pas, déclina :

— Je vais plutôt visiter l'école. On se retrouver vers quelle heure ?

— Treize heures ?

— Ça me va !

Malia erra dans les couloirs pendant de nombreuses minutes. Elle passa par les salles de classe vides, continua avec la bibliothèque où elle fit un signe en passant à son meilleur ami, avant d’atterrir dans le couloir des salles d'entrainement.

Elle ne croisa que très peu de personnes, élèves et professeurs confondus. Aussi, lorsqu'elle entendit du bruit venant de l'une des salles, elle fut surprise. Elle suivit les bruits, l'école étant si silencieuse qu'elle les avait entendus de loin.

Une porte était ouverte, et elle passait la tête discrètement pour voir ce qu'il s'y trouvait. Là, elle reconnut Antonis, l'ami de Lexie, qui se battait contre... un sorcier ?

— Mais... ? marmonna Malia sans comprendre.

Devait-elle intervenir pour l'aider ? Il semblait contrôler la situation. Il se battait avec agilité et rapidité, chaque coup était efficace. Il était si impressionnant ! Il termina le combat lorsqu'il asséna un coup suffisamment violent pour que son adversaire perde connaissance. Ce dernier s'évapora dans les airs.

Il sursauta et se retourna vivement vers Malia lorsqu'elle l'applaudit

— Tu es là depuis combien de temps ? demanda-t-il en s'essuyant le visage avec une serviette qui trainait là.

— Assez longtemps pour te voir botter le cul à... un sorcier imaginaire ?

Il sourit avant d'expliquer :

— Cette salle a été créée pour s’entrainer au combat au corps à corps. Elle génère des ennemis selon des paramètres qu'on peut choisir.

— Trop cool !

Il rit doucement de sa réaction en s'approchant d'elle.

— Arrête de te moquer de moi !

— Je ne me moque pas de toi ! Pas méchamment en tout cas, corrigea-t-il face à son regard dubitatif.

— Tu es doué pour le combat, c'était impressionnant ! Ce sorcier n'avait aucune chance de l'emporter.

— Je me débrouille, répondit-il avec modestie. Celui-ci était particulièrement difficile...

— Tu aimes le challenge ?

— Je dois l'avouer, rit-il. Et aussi : je sais que je saurais réagir lors d'un combat réel, quoiqu'il arrive.

— Tu te prépares pour combattre quelqu'un en particulier ?

Son ton trahissait sa pensée, mais c'était volontaire. Il eut un sourire embêté.

— Tu parles d'Axel ?

— Je n'ai pas donné son nom, c'est toi qui as pensé à lui directement, répliqua-t-elle, faussement innocente.

Il rit, mais un rire sans joie.

— C'est quoi votre embrouille à tous les deux ? 

Elle était trop curieuse pour écouter la voix de la sagesse dans sa tête qui lui disait que ça ne la regardait pas. Antonis ne semblait pas le genre à s'offusquer pour si peu. Il avait mal réagi aux boutades d'Axel, mais c'était probablement parce qu'il ne l'appréciait pas. Et Malia voulait savoir d'où venait ce ressentiment.

— Il n'y a rien de plus que ce que tu as vu à la soirée. Avant ça, il ne savait même pas qui j'étais.

— Mais toi tu savais qui il était.

— Tout le monde sait qui il est, répliqua-t-il, évasif.

— J'ai compris que tu n'avais pas envie d'en parler ! Je ne t'embête pas plus longtemps, tu peux terminer ton entrainement.

— J'avais fini de toute façon, sourit-il.

Malia vérifia l'heure sur son téléphone.

— On se retrouve dans quinze minutes avec Shane pour aller manger. Les garçons sont rentrés chez eux, précisa-t-elle. Tu veux venir avec nous ?

— Avec plaisir ! Pile le temps de prendre une douche.

— Bonne idée, rit-elle. On se retrouve au réfectoire ?

— OK !

Malia continua de trainer dans les couloirs en attendant l'heure.

Lorsqu'elle rejoignit finalement le réfectoire, il était quasiment vide. Ni Shane ni Antonis n'étaient encore arrivés. Elle s'installa à une table et les attendait en répondant à quelques messages sur son téléphone. Elle n'avait quasiment plus de batterie d'ailleurs...

Elle n'eut pas à patienter longtemps, car Antonis la rejoignit à peine quelques minutes après, s'asseyant en face d'elle.

— Shane n'est pas là ? demanda-t-il.

Elle haussa les épaules.

— Il n'est pas particulièrement ponctuel en général. Il est probablement absorbé par un bouquin. Je lui envoie un message.

— Pas besoin, il est arrivé !

Malia se tourna pour apercevoir son meilleur ami se diriger vers eux avec un sourire. Il salua Antonis.

— Je suis tombée sur lui tout à l'heure en me baladant alors je l'ai invité.

— Tu as bien fait ! Tu es tout seul ?

— Oui, Lexie et Katya sont rentrées chez elles. Je suis souvent le seul à rester le weekend, avoua-t-il d'un air gêné.

Il y eut un silence gêné pendant lequel ni Malia ni Shane n'osa lui demander pourquoi il ne rentrait pas dans sa famille. Mais face à ce malaise évident, il répondit à la question sans qu'on la lui pose avec des mots :

— Je suis orphelin.

— Bienvenue au club, fit Malia sans joie.

Il les regarda avec surprise.

— Longue histoire.

— Comment se passe votre apprentissage du coup ? demanda Antonis pour changer de sujet.

— On s’entraine tous les jours, répondit Shane. Principalement sur la magie intuitive, même si on a fait un peu d'alchimie hier.

— D'ailleurs Shane, t'as réussi à reproduire ta projection d'hier ? Le monstre de ton rêve.

— Ah ! Attends je vais te montrer.

Il se concentra un instant en regardant fixement le plat de lasagnes devant lui. Soudain, un petit paon apparut, se dressant fièrement dos à lui. Puis l'illusion disparut.

— Trop mignon ! Je suis trop fan !

— Moi aussi !

Antonis rit document, se moquant de leurs réactions.

— Anto, cesse tout de suite de te moquer ! menaça Malia.

— Vous êtes adorables.

Malia grogna, ce qui le fit encore plus rire.

— Qu'est-ce que tu fais cette après-midi ? demanda Shane. Tu veux venir avec nous ?

— C'est gentil, mais j'ai un tas de cours à réviser... La prochaine fois ! dit-il avec un clin d’œil.

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