LXXXVIII.

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355.

Je me souviens très bien de mon voyage en République Démocratique (!) du Congo.

Ma maman spirituelle, qui l'est toujours (nous nous téléphonons deux fois par an, elle pour Noël et moi pour son anniversaire) a dit un jour qu'il y avait des noirs avec des cœurs de blancs et des blancs avec des cœurs de noirs. Moi par exemple.

Oui, le plus important, c'est le cœur et ce qu'il y a à l'intérieur.



356.

Je ne comprends pas pourquoi Jésus s'est laissé crucifié.

Et le problème n'est pas tant qu'il se soit laissé crucifier, mais que l'on érige ce schéma en modèle de vie, qui a été intériorisé consciemment et inconsciemment par les populations adeptes du dogme de Jésus.

Certes, l'acceptation et la soumission sont nécessaires lorsque c'est légitime (et peut-être qu'après tout, Jésus méritait la mort, on ne sait pas exactement ce qu'il s'est passé), mais alors, allez faire comprendre aux gens qui ont intériorisé ce schéma que parfois l'acceptation et la soumission ne sont pas la réponse adéquate, bien au contraire.

En fait, l'acceptation et la soumission sont des comportements qui intéressent une certaine catégorie de population, pas pour elle bien sûr, mais pour les personnes qui sont à leur service.

En fait, cette histoire, elle est plus politique que religieuse.


357.



Mes plaisirs sont simples : un de ceux que je préfère est m’asseoir sur mon fauteuil à bascule et de là, observer les étoiles que je vois de ma baie vitrée, et ce, malgré la pollution visuelle de l'endroit où j'habite.

Je les vois monter dans le ciel, d'abord Sirius, puis Orion dans son prolongement, et hier soir, il y avait la Lune aussi pas loin.

Ce spectacle est le plus extraordinaire qui existe, accompagné d'une musique de circonstance : Ludovico Einaudi par exemple, qui a ce pouvoir magique de m'envoyer direct dans les étoiles.

Lorsque j'étais enfant, les étoiles étaient mes amies, je leur parlais et je trouvais là le réconfort que je ne trouvais pas ailleurs.

Certaines avaient même un nom, le même que celui d'un ami, d'une amie, d'un professeur, avec qui je simulais une conversation et toutes formaient une constellation.

La constellation de ma vie.

Mais ce soir, il pleut, alors j'irai me coucher sans saluer mes amies.



358.

Depuis quelques jours, je tombe sur des articles style: "pourquoi la vie de couple peut devenir un échec?", le genre de truc qui me fait bien rire.

En fait, il y a une question qui ne se pose jamais, c'est pourquoi la vie de couple est-elle un idéal à atteindre? Pourquoi le serait-elle? Pourquoi l'est-elle?

Concrètement, beaucoup se plaignent de ne pas trouver "sa moitié", de ne pas trouver "l'amour", mais franchement, moi qui suis célibataire, plus le temps passe, et plus je trouve davantage d'avantages, comme dirait Bobby Lapointe, à être seule qu'à être (mal) accompagnée.

Fondamentalement, lorsqu'on cherche l'amour, on cherche quoi?
De la reconnaissance? Un soutien? Autre chose?
A quel besoin répond cette pulsion de trouver l'amour?
A partir du moment où on a identifié le besoin que l'on cherche à combler, ne pourrait-on pas essayer de combler autrement ce besoin?

Souvent la vie de couple telle qu'on l'entend dans nos vies quotidiennes est synonyme de renoncement. On renonce à sa passion pour la peinture pour avoir des enfants. On renonce à sa carrière pour rester au foyer.
Bref, oui, des choix s'imposent, mais pourquoi toujours "renoncer"?

Dans ma vie, des situations sentimentales, j'en ai vécues. Beaucoup. Et la plupart du temps, de différente nature.
La plupart me sont tombées dessus "comme ça", sans trop y penser, à l'insu de mon plein gré, comme dirait l'autre.
Maintenant, j'en suis à un stade où je peux tirer des conclusions sur ce que je veux et ce que je ne veux pas en matière relationnelle, dans tous les sens du terme.
A présent, je peux choisir.

Pendant longtemps, j'ai cédé à la culpabilisation ambiante du "Quoi, t'es pas encore mariée? Mais qu'est-ce que tu fiches?", tout en observant quand même que la vie des personnes qui prononcent ces mots, qui oscillent entre le rejet et la jalousie, ne correspond absolument pas à ce dont j'ai envie.
Finalement le célibat, tout en étant en relation avec le monde avec des règles que je fixe moi-même, est sans doute la façon la plus naturelle et satisfaisante de mener ma vie.

La rencontre, le jeu (inévitable) de la séduction, de la découverte, de l'affirmation de soi face à l'autre, la délimitation de son territoire, de son espace, demandent beaucoup d'énergie et à l'heure où la question de l'économie d'énergie est cruciale, il est important d'établir ses priorités sur la façon que l'on a de la placer, de l'utiliser: en un mot il faut que le jeu en vaille la chandelle.

Pour ma part, je ne favorise à présent que les relations qui m'encouragent vers le haut et qui mettent en valeur ce que j'ai de positif.
Quant aux autres, je dis bonjour poliment et je zappe.
Cela crée une sensation d'espace assez intéressante, qui fait d'ailleurs que je suis beaucoup plus lucide sur les intentions des personnes qui "entrent en contact" avec moi.

Parfois, je ressens un grand besoin en douceur, en chaleur, et oui, j'aimerais bien qu'une personne soit là pour me prodiguer caresses et autres choses du genre.
Mais souvent, je n'ai même pas le temps de me dire: "eh ma belle, mets-toi en mode drague pour combler ce besoin", qu'une simple grasse matinée sous la couette, un bain bien chaud à la lueur d'une bougie et un temps plus ou moins long sur mon fauteuil à bascule face à ma baie vitrée ensoleillée tout en écoutant une musique douce suffisent à m'apporter ce dont j'ai besoin.

Et ça repart pour un tour, je reprends alors mon chemin en me disant que subvenir à ses propres besoins, c'est quand même très très bon pour l'estime de soi.



359.

Le monde se divise en deux catégories:

celles et ceux qui ont trop d'ego, et celles et ceux qui n'en ont pas assez.

Donc que celles et ceux qui en ont trop en aient moins

Et que celles et ceux qui n'en ont pas assez en aient plus

Comme ça, tout le monde sera égaux!



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