LXXXVI.

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346.

J'ai appris l'autre jour que des immigrés allemands avaient pris l'initiative d'offrir des roses aux femmes qui passaient suite aux événements de Noël 2015.

Belle initiative, très belle!

C'est quand même horrible d'en arriver là.
Les gens innocents qui n'ont rien à se reprocher n'ont rien à prouver à personne, et rien à prendre sur eux, surtout pas la connerie de leurs "camarades".

Dans tout groupe humain, on a à peu près un pourcentage identique d'intellectuels, de manuels, d'enthousiastes, de sceptiques, etc ... etc ... mais aussi, et là le pourcentage peut être variable, de personnes intelligentes et respectueuses et de personnes qui ne le sont pas.
Toute micro-société est à l'image du monde en fait.

Donc ce n'est pas la catégorie, le groupe ethnique ou religieux le problème, ce sont les cons et le pourcentage de cons qui sont à l'intérieur, c'est eux le problème.

Et le problème aussi, c'est qu'à force de donner du crédit (et donc quelque part un exemple) à la connerie et aux autres valeurs similaires, le pourcentage des personnes intelligentes et respectueuses est en très nette diminution.

Pourtant, nous avons le choix, non, du maître que nous voulons servir?



347.

J'ai lu récemment un article sur le premier juif à (re)faire la demande de nationalité espagnole depuis l'expulsion de 1492.

Il a avoué avoir passé beaucoup de temps à se préparer et il faut quand même l'avouer, cette fidélité à cette conscience d'appartenir à une veine hispanique, envers et malgré tout ce que l'Espagne a fait subir au peuple juif, c'est quand même admirable.

Dans l'examen de sélection, on lui a demandé qui était Penelope Cruz et quel est le point le plus haut de l'Espagne.

Et avec tout l'héritage que les juifs ont laissé là-bas, ils n'auraient pas pu trouver des questions plus intelligentes ?


348.

En cours, j'ai une classe un peu difficile, et un jour, alors que cette classe s'installait, l'élève d'une autre classe est venue me saluer à la porte et cela m'a fait plaisir.

Du coup, une élève de la classe difficile s'est indignée.

« Quoi, à elle, vous lui souriez, et à nous, jamais ? « 

« Ben, oui, ma chérie, elle, elle est gentille avec moi, vous non. »

A ce moment-là, j'ai senti quelque chose se passer, voilà, je ne me souviens plus si on a beaucoup travaillé ce jour-là, mais au moins, les élèves, ou du moins certains, auront compris qu'il existe un lien entre les actes et les conséquences.



349.

L'objectif n'est pas que les élèves s'intéressent à toutes les matières scolaires, l'objectif, c'est de trouver ce à quoi ils s'intéressent et les aider à le cultiver.



350.


Pendant longtemps, je n'ai pas compris d'où venait ma souffrance.

J'ai cherché, cherché.
Des gens me parlaient d'acceptation, d'oubli de soi, d'effacement de l'ego, de ne rien attendre de la vie ni de personne, d'empathie pour les autres. C'était sympathique et j'y croyais.
Crédule et confiante, j'appliquais leurs conseils.
Mais ma souffrance était toujours là, et moi je ne comprenais toujours pas.
Un début de maladie s'installa et avec lui, le signal d'alarme.
Celui que je n'allais pas dans le bon sens.

Puis je tombe par hasard sur un article qui parle de l'empathie et des efforts surhumains que certaines personnes fournissent pour l'atteindre.
Et c'est là que j'ai tilté.
Tilté que j'étais empathique naturellement, mais que je ne le voyais pas.
Empathique, je l'étais même trop.
A trop prendre sur moi, je m'oubliais moi-même.
Du coup, tout s'éclaircissait et je vis comment les conseils que j'essayais d'appliquer arriveraient tôt ou tard à me tuer si je poursuivais sur cette voie.
Il me fallait faire marche arrière au plus vite.
Alors, je me suis entraînée à faire ce que je ne faisais jamais : à me protéger de mon entourage, voire même à rompre avec lui, à poser des limites, à me mettre en colère, à dire « non », à affirmer mon ego.
C'est là que je compris que si certaines personnes ont trop d'ego, d'autres n'en ont pas assez.
C'est là que je compris que face à ces personnes invasives, qui tentent d'occuper l'espace, de pomper l'énergie des autres, la mienne en l'occurrence, de respirer l'air qui me revient légitimement, il me fallait être ferme.
Les gens si on leur dit : « attention, si tu continues, blablabla », mais que rien ne se passe, ils continuent.
Je me suis entraînée à me mettre en colère.
Dans un premier temps, en ne contrôlant pas forcément mes réactions, puis peu à peu, cela devient un jeu où mettre la limite qui s'impose coule tout seul.
C'est miraculeux.
Ma vie a changé du tout au tout en un instant.

Et encore, je n'ai pas fini, je suis sur ma lancée.
A la recherche de mon moi profond, je n'ai pas encore fini de m'affirmer.

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