LXXXV.

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342.

En fait, le plus dur n'est pas le moment de la prise de conscience.
Le plus dur, c'est de ne pas s'installer dans cette espèce d'euphorie un peu hors du temps et hors du monde qui suit les prises de conscience de ma vie.
Ce confort est agréable, je dirais presque originel, mais le "retour sur Terre" est inévitable, il est même souhaitable, je dirais même qu'il fait partie du plan divin, de notre mission.
En fait, l'objectif, c'est: maintenant que je sais ça, maintenant que je sais que je suis capable de ça, comment je fais pour vivre sur Terre avec "ça", avec ce savoir, cette intuition, cette conviction profonde, cette vibration?
C'est là qu'apparaissent les détails troublants, les rencontres étranges qui donnent l'impression de nous éloigner brutalement de ce qui a été vécu et décidé lors de la prise de conscience.
Les voix dans le désert, qui tenteront de nous détourner de notre but.
Le test.
Le test de la persévérance.
Le test du souviens-toi!
Le test du "je continue à m"affirmer malgré tout, envers et contre tout".
Le test du "non, finalement, ce n'était pas ça, j'ai dû me tromper".
Et c'est au moment où on est prêt à tout abandonner que ... miracle!

Puis peu à peu, le cycle, ce cycle s'intègre dans notre vie, on en fait un mode de fonctionnement et de compréhension supplémentaires, on arrive même à l'anticiper, de la même façon que l'on peut anticiper les saisons.
Mais de la même façon qu'il n'y a plus vraiment de saisons, que le cycle des saisons s'aplanit sans pour autant altérer le cycle de vie de l'Univers, les cycles de notre existence et ce cycle-là en particulier s'aplanissent et c'est alors que l'on peut percevoir qu'il y a quelque chose de plus grand.



343.



Je ne comprends pas.
Plus je pars en retard le matin de chez moi, et plus je suis à l'heure à l'arrêt de bus.
En revanche, le bus, lui, était en retard aujourd'hui, ce qui fait que j'ai raté à dix secondes près mon deuxième bus, ce qui fait que j'ai dû attendre le suivant.
Mais même en prenant le bus suivant, j'étais quand même à l'heure au lycée.

Toute cette histoire pour finalement me rendre compte que ce n'est peut-être pas la peine de partir si tôt et que dorénavant, je prendrai le bus suivant.
Du coup, je partirai encore plus en retard...



344.


Je m'intéresse beaucoup, dans le cadre de mes études, mais aussi pour des raisons personnelles, au phénomène du bannissement, de l'expulsion, du rejet.

Parfois, pour la personne rejetée, être bannie est sans doute la chose la plus extraordinaire qui puisse lui arriver.

Avoir la possibilité d'être entendu(e) et écouté(e) par des personnes plus en accord avec ce que l'on est, la possibilité de progresser.

Souvent, les personnes qui bannissent sont des personnes dans l'ignorance, qui ont peur de ce que l'autre peut lui apporter, en pensant que cet apport se situera au niveau de la perte, ce qui n'est pas le cas.
Difficile d'y voir clair lorsqu'on navigue à vue, alors on rejette, souvent dans un climat de peur et sans détenir tous les tenants et les aboutissants de ses actes.

Mais après tout, si c'est ce que veut le "bannisseur", parfait.
Quant au banni, il doit avoir assez de détachement pour surmonter et transcender sa séparation autoritaire de la communauté ou de la personne qui le rejette et en faire quelque chose.

Le problème, c'est que très très souvent, lorsque le bannisseur comprend qui était vraiment celui qu'il a lui-même banni (et que dire si celui-ci devient connu et célèbre?), il regrette son acte et va même parfois jusqu'à se vanter de connaître, et très bien même, la personne bannie.

Sauf que cela ne marche pas tout à fait comme ça.



345.



Ma vie est ponctuée de petits rituels, que bien souvent je parviens à reproduire un peu partout où je vais.

Des promenades, des contemplations sous des arbres qui dégagent une énergie particulière, des endroits où j'aime aller, retourner, me reposer, me poser, me retrouver.

Souvent, ce sont des endroits qui n'ont rien de particulier, mais où je « sens » quelque chose.

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