LXVII.

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283.


Dans le ventre de notre mère, nous étions UN.

UN avec elle, je suis sûre que nous avions une intuition de son existence, je suis sûre que nous l’élevions au rang de divinité dans notre panthéon personnel.
Puis le cataclysme, le partage des eaux: la naissance, autant dire une mort, mais non, une naissance en fait.
La mort de la vie que nous menions dans le ventre de notre mère, mais la naissance d'une autre vie.
Et là, nous découvrons la triste réalité des choses.
Que dans le meilleur des cas, notre mère (notre divinité) est un être charmant et que quand bien même, elle a des défauts, des exigences, des manies, et que dans le pire des cas, c'est une mégère avec qui on n'a absolument, mais alors absolument pas, plus envie d'être UN.
Et le pire dans l'histoire, c'est qu'il y a un autre être, appelé "père", complètement inattendu celui-là, qui affirme avoir participé à notre création (moi je ne crois que ce que je vois) et pire encore, qui nous fait comprendre toutes les cinq minutes que non, non, nous ne sommes pas UN avec notre mère, mais alors pas du tout et que si ça te plait pas, t'attends d'avoir 18 ans et après tu feras ce que tu voudras.
Et à 18 ans, l'enfant devenu grand se cherchera une femme, un mari et tentera de recréer, imparfaitement forcément, l'illusion de fusion qu'il a connue jadis, et ce schéma se reproduira pour les siècles des siècles.

Bref, cette petite histoire pour dire que l'empathie que nous avons naturellement provient sans doute de cette période où nous vivions en fusion (perfusion?) avec notre mère, capable de comprendre la moindre de ses émotions sans même la connaître véritablement, sans même être assuré-e de son existence.
Mais ici sur Terre, la Loi est différente, c'est la Loi de la séparation qui nous régit, de la séparation du UN, et c'est le père (ou son représentant symbolique) qui est chargé de son application. L'empathie existe toujours bien sûr, mais elle n'est plus exclusive avec une personne, elle se partage avec ces toutes et tous qui peuplent la Terre, qui devient notre nouveau lieu d'habitation.
Le respect de la Loi est primordial, on le voit bien, sinon la cohabitation est impossible.
Les hommes politiques l'ont bien compris, ils arrivent au pouvoir et le premier truc qu'ils font, c'est changer les lois pour se protéger eux-mêmes, eux et leur pouvoir.
Les Lois sont censées assurer le respect de chacun (tu ne tueras point, etc ...) et finalement, notre esprit empathique, de fraternité entre toutes et tous, nous le retrouvons là.
Notre vie sur Terre est à la croisée de ces deux chemins.

Sauf que on assiste de plus en plus à un relâchement quant à l'application de la Loi.
La Loi est là, elle est écrite, depuis longtemps même, mais les mots sont creux et ne renvoient plus à aucune réalité concrète.
Le respect de la Loi est une affaire personnelle, celles et ceux qui disent: "bah, personne ne respecte la Loi, donc pourquoi je la respecterais?" s’insupportent.
La Loi sera respectée à partir du moment où chacun-e la respectera à titre individuel.



284.


Mon éclectisme a toujours été une source intarissable de bonheur pour moi, mais a toujours été un problème pour mes relations humaines.

Comme je m'intéresse à tout, je rencontre souvent des personnes qui s'intéressent à un aspect qui m'intéresse aussi.
Le problème, c'est que moi je m'intéresse à tout, parce que je vois le lien qui existe entre les choses et en fait, c'est ça et uniquement ça qui m'intéresse vraiment.
Et le problème, c'est que, pour l'instant, je ne rencontre personne qui comme moi s'intéresse à tout, surtout pour la raison que je viens d'évoquer.
Oui, donc, j'ai plein d'amis avec qui je m'entends bien sur un plan, mais un plan uniquement, mais je n'ai pas d'amis qui ont la même philosophie que moi et qui comprennent ma démarche.
Du coup, je n'ai pas d'amis. Pas d'amis vraiment disons.
C'est pour cela que je m'entends si bien avec certains êtres humains de la Renaissance dont je dévore les écrits (la seule façon de fréquenter leurs esprits), parce qu'ils avaient une vision globalisante du monde, dans laquelle je me retrouve complètement.



285.


Je suis toujours tiraillée entre deux tendances.

Celle de me protéger de l'extérieur et ainsi ne plus m'exposer ou du moins m'exposer aux prédations diverses ambiantes susceptibles de me faire souffrir.

Et celle qui me pousse à me dévoiler justement, qui est l'unique manière de montrer au monde qui je suis.

Paradoxalement, plus je me dévoile au monde, et plus je rencontre de personnes qui m'approuvent et m'encouragent (avec la contradiction que pour les rencontrer, il fallait bien que je m'expose, ce que je craignais aussi le plus) et plus je suis armée, forte de cette confiance et de cette reconnaissance, pour me défendre des prédations ambiantes et passer outre.

A la croisée de ces deux tendances, je me sens dans une espèce de cercle vertueux où finalement, plus rien ne m'arrête.

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