LXV.

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281.

Dans mes pérégrinations, je tombe sur une expo: Charlotte Salomon.
Ce nom me dit quelque chose, quelque chose qui me dit que j'avais déjà eu connaissance avant de cette expo et que je m'étais même dit qu'il fallait absolument que j'y aille lors de mon prochain séjour à Nice, mais la sensation étrange que j'avais oublié.
Bref, me voici dans l'expo, dans une magnifique villa style Empire, et les quelques infos sur son organisation, l'origine, l'histoire, l'identité de cette artiste, le lieu où est entreposée son œuvre, oui, forcément, je ne pouvais qu'en avoir entendu parler.
Je déambule parmi les "tableaux", bon, cet art pictural en lui-même me plaît, son syncrétisme avec l'art musical me paraît intéressant. Mais bon, sans plus quoi.
Me voici devant le reportage qui évoque la vie de cette jeune artiste et surtout sa démarche.
Et là, le choc.
Je suis scotchée devant ce parcours, cette trajectoire fulgurante, preuve par a+b que si l'être humain est privé d'amour et surtout de reconnaissance tant au niveau familial qu'au niveau de ses talents personnels, l'être humain s'éteint tout simplement et meurt.

Derrière ce destin que l'on ne peut que déplorer, se dégage l'impression tenace d'un choix, celui de la mort inéluctable et du sacrifice, d'autres en ont fait de même avant elle, ici sacrifice au nom d'une œuvre témoignage qui à la lueur de ce que je viens d'apprendre sur sa démarche prend une force, une signification toute autre. Cette jeune artiste avait compris, et à présent, cela me saute aux yeux dans ses dessins que la vie est un théâtre (et je doute qu'elle ait lu La Vie est un Songe de Calderón, mais je sais que l'être humain dans sa nature intrinsèque est capable d'intuitions similaires à des siècles et des kilomètres de distance), un théâtre dont elle n'accepte pas les règles, et dont elle décide sciemment de se retirer, en particulier sous l'influence d'un point de vue sur la vie de son mentor-amant (de l'importance des référents auxquels on s'identifie et de l'usage que l'on en fait!).

Face à la mer, je suis en larmes après cette leçon de vie qui vient de m'être donnée.
Charlotte Salomon a fait un choix, je le respecte.
Toutefois, un autre choix existe, je le sais, et face à la tyrannie de ceux qui imposent leurs règles destructrices, il y a aussi le choix de résister, de lutter contre, de montrer par l'exemple qu'un autre monde est possible, avec d'autres règles plus justes, plus dignes, plus légitimes.

Charlotte Salomon n'est pas morte en fait, son cri de douleur est là, face à nos yeux effarés, mais pas impuissants, il nous pousse à l'action et si ça, ça n'est pas une preuve de l'immortalité de l'âme, je me demande bien ce que c'est.

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