90.

Parfois, je me sens comme ce peintre japonais qui passe des années entières à contempler un paysage, pour se lever et en faire le tableau en un instant.

91.

On n'a que trop tendance dans nos sociétés à comparer les personnes, leurs parcours, les événements de notre vie et de l'histoire à l'instant T sans jamais remettre les éléments comparés dans leur contexte.
Par exemple, la réussite. Lorsqu'une personne parle de sa réussite, elle n'évoque jamais ou rarement les conditions qui lui ont permis d'y accéder, quel était son point de départ, quels obstacles elle a rencontré sur son chemin, comment elle y a remédié. A la limite, n'est-ce pas cela le plus important? N'y a-t-il pas de réussites plus légitimes et plus éclatantes que d'autres, entre, par exemple, celui qui avait tout pour réussir et qui finalement, n'a fait que suivre le chemin tracé et celui qui n'avait rien et qui s'est battu pour arriver là où il en est?
Il en est de même des événements. On les voit coupés de tout, surtout à la télévision, mais on oublie trop souvent de considérer que cet événement a une cause, qui parfois en a elle-même une, et qu'un même événement, que l'on prend comme un tout absolu, peut avoir plusieurs causes.
Notre devoir de citoyen éclairé est là, dans ce travail sur le lien.

92.

Une chose est d'écrire.

Une autre est d'être lue.

Une autre est d'être comprise.

Et une autre enfin de trouver une lectrice-lecteur qui partage mon point de vue.

93.

Après avoir éliminé la culpabilité, il reste la responsabilité.

94.

Parfois je ne comprends pas les gens.
Ce qu'ils disent, ce qu'ils font.
Pendant longtemps, lorsque je ne comprenais pas, je préférais me taire par peur d'avouer mon ignorance.
Maintenant, quand je ne comprends pas, je le dis et c'est souvent la personne en face qui reste muette parce que, par ma question, je viens de mettre en évidence qu'elle était en train de raconter n'importe quoi.