Les Dames de Fer

4 minutes de lecture

Elle courut droit devant elle, traînant à moitié un Anakin qui n’était pas vraiment sûr d’avoir pris la bonne décision mais qui courrait quand-même puisque de toute façon il n’avait pas le choix. Bousculant tous ceux qui faisaient tranquillement la queue pour avoir la chance de gravir les innombrables marches qui menaient au sommet de l’édifice, ils s’élancèrent eux-mêmes à la conquête de la Tour Eiffel. Et il faut bien avouer qu’avec l’énergie qu’ils avaient dépensée aux pieds de cette grande dame, les escaliers eurent rapidement raison d’eux. Bien qu’à chaque étage, ils contemplaient avec envie l’ascenseur, ils continuèrent à grimper en silence. Aucun d’eux n’avait le souffle nécessaire pour parler et la douleur leur indiquait que leurs jambes auraient déjà dû s’effondrer sous eux. Renouveau, notamment, grimaçait particulièrement chaque fois qu’elle bougeait son épaule encore douloureuse et chaque marche lui rappelait qu’une balle s’était logée dans sa hanche pas moins de quatre mois auparavant.

Si elle avait pu, elle aurait couru jusqu’à sa destination. Et pourtant, malgré le temps qu’il lui fallut, elle y parvint, suivie de près par Anakin, dont les yeux s’étaient agrandis face à la vérité. Il y avait quelqu’un, juste là, devant eux. Et il contrôlait la créature sur laquelle ils étaient perchés. Il prit cependant la peine de se retourner vers eux et de leur sourire.

- Vous m’avez trouvé, murmura-t-il d’une voix enfantine.

Puis il y eut un souffle de vent qui l’emporta comme des morceaux de miroir reflétant la lumière d’un matin paradisiaque.

Immédiatement, le grand panneau - Félicitations ! - accompagné de sa pluie de confettis les fit sursauter et leurs prix jaillirent.

- Encore un bon pour commander des vêtements… marmonnèrent-ils de concert.

Et sans vraiment savoir pourquoi, ils éclatèrent de rire et se laissèrent tomber sur le banc le plus proche, haletants. Dans leurs oreilles, les cris de joie de leurs compagnons d’arme éclatèrent. Ils eurent beau se déconnecter du réseau de communication, leurs hurlements atteignaient le dernier étage de la grande Dame de Fer et des remerciements résonnèrent encore longtemps après la fin de la bataille.

En ce matin d’avril, même si la température s’y prêtait, personne n’avait encore eu le courage de monter aussi haut, à part les deux joueurs, qui récupéraient encore.

- Bravo, Renouveau… J’aurais jamais cru qu’il fallait faire tout ça pour gagner un combat… J’étais prêt à la frapper encore longtemps…

- Rien à faire, tu ne changeras pas… soupira-t-elle malgré le peu d’air qui lui restait dans les poumons. Toujours à foncer droit dans les pièges, hein…

- Heureusement qu’ils ont réussi à te trouver, sans toi on y serait toujours…

- Mais non, quelqu’un d’autre l’aurait remarqué, j’en suis sûre… Enfin, de toute façon, je serais venue vous aider…

- Pourquoi ? Tu me cherchais, peut-être ? ironisa Anakin avant d’éclater d’un rire silencieux.

- Je sais que tu blagues, mais pour une fois tu as raison, tu sais…

- Quoi, c’est vrai ? Tu me cherchais vraiment ?

- Oui… J’ai quelque chose à te montrer… Tu te rappelles à quoi ressemble cette meurtrière, celle du poste de police l’hiver dernier ?

- Bien sûr, ils en parlent encore au journal, ils la cherchent toujours…

- Déconnecte-toi et regarde-moi.

- Quoi ? s’exclama-t-il avec un mouvement de recul et un sourire hésitant. Tu te fiches de moi, c’est ça ? C’est parce que…

- S’il-te-plaît, murmura-t-elle en détournant le regard. Anakin, fais-le.

- Tu es sûre ? Tu veux vraiment que je sache qui tu es ?

- Aucune règle ne l’interdit, non ?

- Tu… Tu es vraiment d’accord ? insista-t-il une dernière fois, les sourcils froncés devant la gravité de sa compagne d’armes.

- Vas-y, déconnecte-toi.

- Tu le fais avec moi, alors ?

- Impossible, tu verras.

- Bon, d’accord.

Il cligna des yeux et la silhouette au sabre laser auparavant dissimulée sous une cape sombre redevint celle d’un homme, sans aucune autre précision qu’une silhouette sombre aux contours incertains. Mais la réalité devait en être autrement, puisqu’au bout de quelques secondes, elle sentit quelque chose la toucher sous le menton. Le bruit familier d’une respiration saccadée lui parvint presque au même moment, tandis que ce qu’elle devinait être sa lame tremblait contre sa peau.

- Tu… Tu es… balbutia-t-il d’une voix hachée par les interférences entre les deux mondes.

- Oui, reconnut-elle en esquissant un mouvement pour se relever, rétractant sa lame tout en laissant ses mains bien en évidence. Viens, il faut qu’on parle et je ne peux pas le faire sous cette forme, je ne te vois pas vraiment.

- Tu veux dire que… Juste pour parler… ?

- Oui, je n’aime pas cette ville. Je connais un bon bar de l’autre côté, là on sera tranquille.

- Tu vas pas…

- Je ne vais pas te mentir, soupira-t-elle en rangeant son arme, ce sont les ordres. J’espère que je n’aurais pas à le faire, mais ça ne dépend que de toi. Allez, viens.

À son tour, elle le prit par le bras et l’emmena en bordure de la ville, là où le signal était trop faible pour être utile. Renouveau disparut pour laisser place à une Zelda tremblante.

- Tu… Tu veux vraiment le faire ? demanda son candidat potentiel d’une petite voix effrayée.

- Si tu te demandes si je le fais de ma propre volonté, oui, c’est le cas.

- Tu…

Il s’interrompit, prit une grande inspiration, mais préféra la suivre en silence.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Renouveau ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0