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Gaspard est intrigué par cette approche inattendue. Il a vécu trop intensément cette dernière journée. Il n’aime pas parler, mais il aime la compagnie. Il invite d’un geste de la main cet inconnu.

C’est un bavard qui commence à lui parler de cette ville. Puis, au détour de ces histoires, il interroge Gaspard sur ses origines, son travail, sa raison d’être à Marseille. L’interpellé se méfie et ne répond que par de brefs mots. Soudain, l’homme change de position, fait face à Gaspard et change de discours.

— Mon cher ami, je peux vous appeler ainsi, n’est-ce pas ? Je vais vous faire une confidence. En fait, je suis en mission, pour protéger mon pays. Vous qui êtes Tulrocien, vous devez aussi aimer votre patrie et défendre ses richesses.

Gaspard devine la suite de la conversation. Ils ne l’ont pas arrêté, donc ils n’ont pas de preuves, ou ne savent pas, ou veulent autre chose…

— Parmi ces richesses, il y a le savoir ! Mon service s’occupe de protéger ce que nous créons contre ceux qui viennent piller nos idées. Vous comprenez ?

— Oui, j’ai entendu parler de ces histoires. Mais pourquoi me racontez-vous ça ? Je ne suis qu’un modeste travailleur qui rentre chez lui…

— C’est où, chez vous ? Ne m’avez-vous pas dit que vous aviez un passeport français ?

Gaspard est sûr de ne pas l’avoir dit. C’est donc à lui qu’ils en veulent. Seulement deux jours avant, il se serait effondré. Mais, aujourd’hui, il est serein, car il devine qu’ils ne peuvent rien contre lui. Sauf la violence occulte, comme pendant la lutte. Mais, s’ils n’y ont pas eu recours, c’est qu’ils attendent autre chose. Son assurance l’étonne, car il s’entend dire :

— D’abord, qui êtes-vous ? Et que voulez-vous de moi ?

L’autre sourit.

— J’aime la franchise. Allons droit au but. Le SDECE, vous connaissez ?

— Non !

— Mais nous, on connait le SOS et ses agents.

Gaspard rougit. Malgré la « réussite » de sa mission, finalement, ils ne sont que des enfants qui veulent jouer dans la cour des grands ! Sa mission se termine ici, à deux pas du but.

L’homme pose sa main sur la sienne. Gaspard se défait, ayant horreur du contact avec les hommes.

— Nous vous avons suivi, vous comprenez. Nous savions dès le début qui vous étiez et ce que vous êtes venus chercher. Non ! Restez calme. Nous ne vous voulons aucun mal. Après tout, vous êtes venus chercher quelque chose qui vous appartient autant qu’à nous. Quand Dubois a prélevé ces bêtes, nous appartenions, lui, vous, moi, au même pays. Et vous remportez les animaux, pas le résultat des recherches. Je passe sur la façon de le faire, mais de toute façon, si votre pays avait fait une demande officielle, il n’y aurait pas eu de réponse. Nous sommes entre gens du secret, ceux qui font avancer les choses.

Gaspard s’impatiente. Tout ça est très joli, mais que veut-il ?

— Où nous pouvons nous rejoindre, c’est dans notre protection commune contre les « autres », nos ennemis communs, TOUS les autres !

— Je ne comprends pas…

— Nous avons observé que vous étiez en relation avec d’autres services.

— Ah, oui… Vous savez…

— Nous les connaissons et connaissons leurs méthodes ! Nous voulons juste savoir exactement ce que vous avez donné à qui.

— Je…

Est-ce trahir son pays de dire la vérité ? Après tout, ce n’est pas vraiment son affaire. Il a jonglé avec les circonstances, en son âme et conscience, en réaction aux attaques ou aux approches des autres et, s’avoue-t-il, selon leur sympathie ou leurs charmes. Alors, Gaspard raconte ses prélèvements, ses tubes de trois couleurs et ce qu’il en a fait.

Le Français ne peut s’empêcher de sourire.

— Vous auriez fait un excellent diplomate ! Chacun a eu ce qu’il méritait et selon le fruit de ses efforts et de son comportement !

Gaspard rougit à nouveau, cette fois de la flatterie.

— Mais, dites-moi, qu’allez-vous faire maintenant ? Car ils sont tous à vos trousses…

— Je n’ai rien vu.

— Pas pour l’instant, car ils savent tous qu’ils vont vous retrouver sur le bateau.

Gaspard est pris d’une sueur froide. Quel imbécile ! Il aurait dû prévoir.

— Mon ami, reprend l’autre, en reposant à nouveau sa main sur celle de Gaspard, en tant qu’ancien frère, nous vous proposons de vous accompagner et de vous protéger jusqu’à votre débarquement.

— Je…

— En fait, nous ne tenons pas à ce que l’un d’entre eux embarque vos propres échantillons.

— Bon…

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