Tablette kevrediñ

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Arpentant les couloirs de verres frôlant les forêts artificielles de la mégalopole esgardiéé, Vallia admirait la beauté du naturel subtilement mêlée au synthétique. La couverture verte de conifères, plantés jadis par les esgardiés pour devenir les vieux centenaires garants de leurs survies, s’étalait à perte de vue. Inaccessibles car protégés, ces arbres majestueux produisaient l’air nécessaire à la vie eraiéé, le cycle de la Via d’Era étant absent ici. Au-dessus d’elle fusaient des aerliestrs de toute taille, slalomant entre les piliers d’habitation et les couloirs dédiés à la circulation pédestre.

Belenok leur avait conté l’évolution de cette cité. Réfugié dans le vide sidéral après avoir subis l’avels-drions, les esgardiés s’étaient établis sur un gargantuesque amas de roches inerte et dépourvu de cycle. A partir d’un camp de réfugiés, meurtris et pleurant leur grandeur perdue, les nijves sidéraux et les baraquements de fortune évoluèrent vers la mégalopole que Vallia admirait. Sans cycle de la Via pour permettre la vie, les esgardiés contournèrent le problème en enclavant complétement leur cité et en produisant eux même les éléments qui lui étaient nécessaires : L’air avec les forêts et l’eau avec l’hahud climatique.

Précédée par Ashron, Vallia reprit sa marche pour rejoindre leurs compagnons. En chemin, sans qu’elle ne s’en rendre compte, sa main enlaçait tendrement celle de l’ancien Exetra Prime. Une porte se dressa lentement devant eux et comme d’habitude, elle disparue à leur approche. Derrière, Sirux, Haria, Hellie, Guidomex et Liegor les attendaient, noyés parmi d’autres esgardiés vacant à leurs occupations.

Voyant les Nioménés, Vallia relâcha la main d’Ashron d’un réflexe rapide. Mais il était trop tard car les yeux d’Haria les avaient vu. Mais ils les ignorèrent pour se fixer sur Belenok qui avançait vers eux.

« Tout est prêt pour votre départ.

— Vous ne ferez rien pour nous aider ? demanda Ashron en regardant autour de lui, agacé par la nonchalance de la vie sans Axem qu’il voyait.

— J’ai fait tout ce que j’ai pu.

— Je vais te croire car après tout, tu ne m’as jamais menti.

— Une dernière chose. Sache que la lame en ta possession a appartenu à notre premier empalaer nommé Ragnarok. C’est lui qui unifia les peniezhuns indépendants d’Esgard en un empalaeriezh uni. Il inspirait respect et espoir, et fut le premier esgardié connu à manier la Via en créant la hahud.

— Ce devait être un grand eraié ! s’exclama Liegor, admiratif.

— Il régna pendant vingt heoles en tant qu’empalaer. À sa mort, il fut enterré dans un apalez qui se trouve sur l’île où tu as échoué, lieu de notre ancienne grandeur. D’après le Codex pré-Ichaosiem esgardié, la Via était inconnue en ces temps-là donc nous soupçonnons la possession de Ragnarok par un Axem. Il se serait donc défait de cette possession. En plus de nous lier, cette lame possède une particularité très spéciale. Son utilisateur peut l’utiliser pour y canaliser sa Via et créer de l’hahud, voir plus encore. »

— Plus encore ? demanda Ashron

— Je ne saurais t’en dire plus. Le dispositif qui la compose a été créé par Ragnarok lui-même et aucun esgardié n’en a totalement comprit le fonctionnement. A toi de le découvrir. »

Ashron posa ses yeux sur l’arme, effleura le manche du bout des doigts, puis tourna les talons. Précédé par les autres, il pénétra dans un gigantesque hall au plafond immaculé, avec un mur blanc à leur gauche et un fait de cristal translucide à leur droite. Ce dernier leur permit d’admirer une dernière fois la mégalopole.

Détournant le regard des piliers opalins d’Esgard, Ashron remarqua une petite stèle au centre qui émergeait du sol, blanc lui aussi.

« Il est temps pour nous de partir. »

Les yeux de chacun se fermèrent et le chemin vers Era s’ouvrit à eux, dans une inconsciente célérité.

De retour sur l’île de l’ira, Sirux se précipita dans leur nijve pour réactiver les réacteurs d’Amatia. Quelques instants plus tard, l’engin fusait à travers l’azur vers Alaris. A sa vue, Sirux usa de sa dextérité pour le poser au centre de la cité.

Les harzerezhiés furent accueillis par Rouxen à leur descente.

« Enfin de retour ! leur lança-t-il. Nous avons été informés de la mort des Exetras omiardiés. Malheureusement, ce sont les seules bonnes nouvelles.»

Tout en suivant Rouxen, Ashron détailla l’apalez fraichement reconstruit à la va-vite qui se dressait devant eux. Changé fut ce qui lui vint à l’esprit en laissant ses yeux parcourir ses façades vierges d’ornement ou de sculpture. Rebâtie sur ses ruines encore fumantes, la nouvelle bâtisse avait subi la modernité en se composant de murs et toits vierges de complexité.

A l’intérieur, l’endroit restait cohérent avec l’extérieur. Il était vide et sans ornement. Avec ses murs ternes composés de rien pour les décorer, Ashron se crut de retour à Esgard,

Arrivés dans la salle de réception, l’ancien Exetra Prime reconnut certains visages d’harzerezhiés aliardiés. Hellie et Liegor en reconnurent aussi d’autres: Des chefs de villages Isyliardiés et les bats des derniers clans omiardiés.

« Nous sommes maintenant au complet, commença Rouxen en s’asseyant autour de la grande tablé. Bienvenu à nos amis d’Isyliard et d’Omiard.»

— Liegor, vieux débris, maugréa un omiardié qui le toisait depuis son entrée.

— Aralor l’edroch, répondit-il en le fixant.

— Le dernier Exetra Prime, Ismaia, est toujours à Adrais, coupa Rouxen, son armée s’agrandit d’acec’hweld en acec’hweld. Et nous avons des nouvelles de Serath.

— Où est-il ? demanda directement Ashron.

— Il a pris un nijve vers l’ura. Qui est-il ?

— Il est l’Alter, contrôlé par l’Adoueezia des Axems, Skyva. Il est dangereux et vous ne devez pas l’approcher !

— Fuir ? Et puis quoi encore ! lança Aralor.

— Suis le conseil d’Ashron, ça vaut mieux, rétorqua Liegor.

— Tu te fais vieux. Si maintenant tu commences à suivre les conseils d’un petit Aliardié chétif.

— Les omiardiés, toujours aussi brusques et inutiles ! s’écria un isyliardié à la gauche d’Hellie.

— Pardon ? s’exclama Aralor.

— Vous m’avez très bien entendu !

— Et vous, les isyliardiés. Où étiez-vous lorsque la Komunozhra nous attaquait ? Vous les avez acceptés ! Comme des lebleiz bien dociles! dit un Aliardié en se levant de sa chaise.

— Silence ! hurla Vallia qui avait perdu patience. »

En un instant, le brouhaha provoqué par les disputes s’arrêta. Seul Aralor qui n’appréciait pas de se faire interrompre par une eraiéé se leva vers elle. D’un geste rapide, Vallia lui saisis le bras et lui faucha la jambe pour le faire chuter au sol. Ses yeux fixèrent ensuite l’isyliardié qui avait porté sa main à son arme. D’instinct, il rangea cette dernière. Puis elle ancra son regard dans celui de l’aliardié face à elle qui se mit à reculer.

« C’est bon, c’est bon. J’ai compris, je vais me rassoir. »

L’Epinijane, la plus grande guerre ayant sévie sur Era, était toujours présente dans les esprits. Provoquée par une secte originaire d’Aliard, les enfants d’Eratos, elle fédéra nombre d’eraiés jusqu’au peniez d’Isyliard. Mais la farouche résistance d’Omiard à adhérer à de telles croyances provoqua son attaque. Cette première bataille fit des milliers de morts sur le continent de l’ara. Et les heoles suivantes, un conflit planétaire au nom de la divinité unique s’enlisa au point de voir des millions d’eraiés mourir pour une cause que certain ne comprenait même pas.

« Puis-je continuer ? demanda Rouxen en fixant l’assemblé de ses yeux agacés avant de reprendre. L’Harzerezh doit marcher sur Adrais. Si nous voulons mettre un terme à la domination de la Komunozhra, nous devons reprendre la Cité des Cieux.

— Est-on sûr du départ de Serath ? demanda Ashron, soucieux de la source de l’information.

— Nous ne sommes plus sûrs de rien. Beaucoup d’eraiés se retournent contre nous sans raison. La fiabilité de nos informations n’est plus.

— Les Axems.

— Tu cites ce mot depuis un moment déjà. De quoi parles-tu ? »

Ashron prit le temps d’expliquer tout ce qu’il savait à l’assemblée réunie. Et les réactions furent bien plus suspicieuses que la leur face à Belenok. Mais heureusement, celui qu’il fallait convaincre était déjà acquis à leur cause.

« Que devons-nous faire ? demanda Rouxen en regardant l’ancien Exetra Prime.

— Toutes les pierres de Via doivent être détruite. Que ce soit sur Aliard, Isyliard ou Omiard, elles ne doivent plus permettre de collecte de Via.

— Je m’occupe de relayer cet ordre à toutes les cités d’Aliard, approuva un aliardié assis aux côté de Rouxen.

— J’envoie un message à Hielmis, si vous pensez vraiment que ça sert à quelque chose, répondit Aralor en se massant le bras.

— Vous pouvez considérer que c’est fait pour nous, indiqua l’isyliardié en faisant un signe de la main vers un eraié proche de la porte.

— Et pour Adrais, c’est à nous de les détruire, dit Rouxen en fixant les harzerezhiés. Allez-vous nous aider ?

— Nous nous mettons sous les ordres de l’Harzerezh, dit Guidomex avant de se tourner vers Ashron.

— Quant à moi, je pars traquer Serath. »

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