Tablette Eñvor

5 minutes de lecture

Interminables étaient les instants de silence qui s’écoulèrent dans l’aerliestr filant à vive allure. Muet, Ashron regardait les passagers l’accompagnant, figés d’effroi durant le trajet qui les menaient à l’apalez peniezhunié de Solaris Urania.

Soudain, plus aucun mouvement ne se fit sentir, l’engin ayant atteint sa destination. En sortant, l’ancien Exetra Prime aperçut l’édifice peniezhunié aux extravagants et nombreux ornements travaillés. Le concept de bâtisse isolée ne lui seyait aucunement tant le nombre de dépendances étaient considérables. La complexité de l’ouvrage, accentuant la beauté de l’ensemble, le rendait difficile à observer, même pour les yeux aiguisés d’Ashron.

Mais ces derniers furent attirés par Guidomex se laissant emmener par Ismaia, accompagné d’Haria et Sirux. Ils entrèrent dans une des dépendances semblables à une tour à la flèche pointée vers le ciel, tandis que lui fut emmené à l’entrée principale de l’apalez.

Dans l’immense hall, Ashron fixa l’immensité de l’endroit malgré sa décoration fournie et chargée. C’était durant la rébellion d’Isyl, premier peniez d’Isyliard, et le sanglant conflit qu’il mena contre les familles patriarcales régnant à l’époque que fut peinte la première fresque de ces lieux. Et depuis, chaque peniez y ajouta son empreinte par des peintures, des sculptures ou tout objet d’art reflétant sa personnalité, ses obsessions ou ses désirs.

Parmi cette opulente décoration, les trois harzerezhiés avançaient lentement, les yeux perdus dans tant de choses à voir. Serath fermait la lente procession, silencieux, les yeux rivés sur Vallia. Ses iris trahissaient une obsession qu’Ashron avait décelée depuis qu’il l’avait pointé du doigt la première fois.

Arrivé dans la spacieuse pièce principale, autrefois réservée aux fastes réceptions de la peniezhun d’Isyliard, Serath s’immobilisa, intimant aux exetras de l’imiter. Puis, balayant du regard l’endroit toujours aussi fournies en témoignage de l’appétence artistique des Isyliardiés, il leur ordonna de les laisser seul.

Faisant claquer leurs bottes de peau d’hizra, les exetras tournèrent les talons pour sortir de la salle, et laisser les harzerezhiés seuls et enchainés face à Serath.

« Quel est ton lien avec la Komunozhra ? demanda sans détour Ashron en fixant son ennemi.

— Mon lien avec la Komunozhra ? Fait un effort voyons.

— Que devrais-je bien savoir ?

— Quels sont tes derniers souvenirs ?

— Nous avons déposé Skyva près de l’épave. Mais ensuite, je me retrouve à Adrais comme Exetra Prime avec les neuf autres.

— Après avoir déposé Skyva, nous nous sommes endormis et elle s’est imprégnée de nous.

— Tu veux plutôt dire posséder !

— Qu’est-ce que cela change ? Les eraiés n’existent que pour nourrir les Axems. Tu le sais bien, tu y as grandement contribué.

— Tais-toi ! coupa Vallia, énervée par l’attitude de Serath. Vous l’aviez endoctriné, toi et cette chose que vous nommez Skyva ! »

Usant d’une hahud télé-kinésique inconnue de Mayelle, Serath projeta Vallia contre un mur. La voyant ainsi violentée, Ashron brisa se liens pour se ruer sur Serath, Ragnarok prête à découper. Sa lame s’écrasa sur celle que son adversaire venait de dégainer, créant une éblouissante étincelle à leur contact. D’un coup de poing dans l’estomac, Serath contrattaqua pour forcer Ashron à lâcher son arme. Puis avec il lui attrapa le visage.

« Tu t’obstines mon ami… ironisa-t-il. Mais avant, laisse-moi finir veux-tu ?

— Je ne suis pas ton ami !

— A notre réveil, Skyva nous dévoila son identité et l’effroyable destin des Axems. Leur planète Are, leur grandeur et leur chute dans une guerre aux milliers d’heoles. Elle nous a ouvert les yeux sur nos misérables origines et sur la nécessité de rendre aux Axems ce que nous leur avions pris.

— Que leur avons-nous pris ? demanda Ashron qui se dégagea de l’étreinte de Serath.

— C’est la destruction d’Are qui a créé Era. Tel est le fonctionnement du cycle de la Via. La fin d’un cycle permet l’émergence d’un nouveau. Nous sommes nés de leur sacrifice et ne méritons pas notre existence. Toi et moi avons décidé d’organiser le retour des Axems en œuvrant à l’Exetranen et aux purgats. La Via des eraiés devaient servir à ça. Et en échange, notre vie avec eux était acquise. Imagine ce que cela signifie ? Avoir le bonheur de côtoyer ces êtres si exceptionnels ?!

— Et exterminer la race eraiéé ?

— Exterminer ? Non, rien ne retourne à l’Ichaosiem. La Via eraié ne fait que revenir à sa source.

— Jamais je ne te laisserais faire ça!

— Tout comme moi, tu es un artisan de leur retour. Mais tu t’es égaré à cause d’elle ! s’énerva Serath en fixant Vallia d’un menaçant regard. Elle t’embrouille l’esprit et t’a convaincu que Skyva était une ennemie, au lieu de la voir comme une déesse aimante ! C’est à cause d’elle que nous avons croisé l’acier quand tu nous as trahis pour la première fois ! »

Tout à coup, un nouveau flash brulant traversa l’esprit d’Ashron. Puis autour de lui, les décorations isyliardiéés disparurent pour laisser place à Ishria. Ragnarok à la main et Hatameth derrière lui, il faisait face à Serath qui devançait un gigantesque monstre putride et enchainé. La sensation précédant la confrontation qui allait avoir lieu lui était familière. Cette vision était la réminiscence qui lui manquait.

Reprenant ses esprits, Ashron porta une main à son visage. Les yeux grands ouverts, ses jambes reculèrent pour mettre de la distance entre lui est son adversaire.

« Tu sembles retrouver tes souvenirs, annonça Serath plutôt satisfait.

— Je m’étais déjà libéré de l’emprise de Skyva et tu m’as combattu.

— Je n’ai fait qu’arrêter ta folie. Tu devais nous revenir.»

L’esprit d’Ashron fut submergé par des flashs qui s’intensifiaient. Ses souvenirs revenaient tel un flot d’information que sa tête n’arrivait pas à comprendre sur le moment. Les briques mémorielles de l’île d’Ishria, de son origine d’Exetra Prime, de la rencontre avec les neuf autres et de l’Exetranen s’imbriquaient, recomposant le puzzle de son souvenir perdu.

« Malgré ta défaite, tu ne voulais pas entendre raison. Tu ne supportais pas l’idée d’éradiquer son existence. Alors nous avons fait ce qui devait être fait. Les souvenirs de ta trahison et les moments les plus sanglants furent effacés pour éviter que tu ne recommences. Mais ton esprit refusait de la renier, reprit Serath en se dirigeant vers Vallia. Maintenant qu’elle est à ma portée, je vais enfin y remédier pour que tu nous reviennes! »

Voyant Serath s’approcher de Vallia, Ashron reprit le contrôle de ses jambes chancelantes et s’élança vers eux. En chemin, sa main attrapa Ragnarok qui s’interposa pour contrer la lame avide du cou de Vallia.

« Tu ne lèveras pas la main sur elle !

— Le destin tracé par les Axems est plus fort que ta volonté !

— Tu ne la toucheras pas! »

— Cette eraiéé te mènera à ta perte. Elle t’a enlevé à nous et jamais je ne lui pardonnerai ! A cause d’elle, j’ai du lever ma lame contre toi ! Elle doit mourir ! s’énerva Serath en fixant Vallia d’un regard emplis de rage.

— Il a raison. Elle doit mourir pour t’avoir enlevé à nous, coupa Mayelle qui s’avançait vers Ashron, le regard vidé de l’habituelle vie qui l’animait. «

Sa lame hahudiéé dans la main gauche, elle dessina un sourire forcé sur son visage.

« Ne t’en fais pas, je ne te ferais aucun mal. Seule elle est ma cible et ainsi, tu nous reviendras à jamais. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire lockeff ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0