Café ?

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"Salut toi..." murmure Caro derrière mon épaule.

Je me retourne doucement pour la regarder. Ses cheveux sont en bataille et elle a de petits cernes sous les yeux.

Qu'est-ce qu'elle est belle.

C'est vrai qu'elle est belle, là tout de suite dans ce lit. Le drap remonte jusque sous ses bras et je vois qu'elle a mis un de mes T-shirts et un caleçon.Ça pourrait être un peu tue-l'amour mais c'est comme ça que je la connais le mieux, et je crois qu'elle ne veut pas que ça change.

"C'était vraiment une nuit incroyable... C'était bien." dis-je en caressant sa joue.

Un grand sourire se dessine sur son visage encore un peu endormi. Je sais qu'il faut que je me lève, que je ne peux pas rester au lit toute la journée. Pourtant j'aimerais que cet instant dure toute ma vie.

"Si un jour on m'avait dit que je tomberais amoureuse de toi, franchement je ne l'aurais pas cru..." rigole-t-elle en sortant du lit et en se dirigeant vers la salle de bains.

J'ai l'impression qu'on m'a réveillé le corps. Chaque sensation me semble inhabituelle, comme décuplée. Mon cœur tape si fort contre ma poitrine, je crois que je pourrais exploser.

"Café ? crie-t-elle de l'autre bout du couloir.

_ Avec plaisir" ! répondis-je en souriant, me souvenant de l'autre matin.

Les rôles sont inversés et ça me va très bien. Je n'ai même pas envie de penser à autre chose qu'aux moments que nous allons pouvoir partager. Maintenant que nous avons été honnêtes l'un envers l'autre. Caro est la meilleure amie qu'on puisse avoir. Pas parce qu'elle m'écrit souvent, pas non plus parce qu'elle est très présente. Elle est celle qui voit le meilleur en moi, celle que je peux appeler à 4h du matin même si on ne s'est pas parlé depuis des mois. Elle est toujours là quelque part dans ma vie, et c'est tellement réconfortant. Je suis partagé entre l'envie de garder ça intact et celle de me laisser faire par les sentiments qui naissent en moi. A elle toute seule, elle représente toute la passion qui peut m'animer. Je me sens prêt à déplacer des montagnes pour être près d'elle ne serait-ce qu'une minute. 

Autour d'un petit-déjeuner, elle me parle de son boulot au journal, de Mireille qui cherche un homme à mettre dans sans vie, ou dans son lit. Elle parle mais je ne l'écoute pas vraiment, je la regarde avaler sa tartine en trois bouchées et je ris. Elle a l'impression que je me moque d'elle mais en fait je suis en train de l'aimer de toutes mes forces.

"Quoi? Qu'est-ce qu'il y a, hein ?

_ Je t'aime toute entière, c'est tout."

Je crois qu'elle rougit légèrement. Elle n'a pas besoin de répondre quelque chose, je sais déjà.

Nous décidons finalement de partir à la recherche du lieu indiqué par les coordonnées GPS reçues la veille.

"Prends la carte de John hein... Si je suis seule à bouger ils ne soupçonneront rien."

Elle n'a pas tort, autant couvrir nos arrières. Je m'empare de la carte de John et ferme derrière moi pendant que Caro récupère son téléphone dans son sac.

"Comment on sait où c'est ?

_ Remontre le moi.

_ 36 ? Comme globe 36 ?

_ Ah mais oui, ça doit être ça. Attends, je vais rentrer les coordonnées dans l'application!"

Lorsque nous arrivons au globe 36, nous prenons un bus jusqu'au terminus, en pleine campagne. Un peu perplexes, nous continuons tant bien que mal à suivre le chemin qu'indique le téléphone. On a l'air perdus au milieu des champs mais une forêt se dessine un peu plus loin et la route s'y engouffre.

"Quoi... On est arrivés ? je demande, étonné. 

_ Regarde là-bas. On dirait une sorte de sortie de cave non ?"

Je m'attendais à ce qu'il y ait un cadenas ou au moins une chaîne, mais rien ne bloque l'entrée. Nous descendons dans ce qui semble être une cave près d'une ruine. Nous allumons les flashs de nos téléphones respectifs et tentons de nous acclimater à l'obscurité ambiante.

Sûrs de tomber sur un lieu étroit et poussiéreux, nous ouvrons de grands yeux devant la pièce qui s'étend devant nous. Une sorte de immense hangar aseptisé se cache sous le sol de cette forêt et nous restons quelques secondes abasourdis.

De chaque côté le long des murs, d'énormes armoires diffusent une lumière bleue néon. Nous nous approchons pour essayer d'en décrypter la nature et l'utilité.

"Ce sont des serveurs informatiques Caro. Y'en a dans ma boîte aussi, pour garder les données de nos ordinateurs professionnels.

_ Alors c'est ici ? Le nouveau centre de conservation des datas qu'ils ont construit sans l'avis de personne...

_ Il semblerait oui. T'as vu ? Ils sont classés par thème. Science, Military, Medical... Y'a même Cooking dis donc.

_ Mais qu'est-ce que ça veut dire tout ça ? Ils ont décidé de créer un cerveau géant ?!"

Derrière la porte du fond, j'entends des bruits de pas.

"Caro, je chuchote, il faut qu'on déguerpisse d'ici... Quelque chose me dit qu'on est pas tout seuls!"

Alors que je commence à remonter l'escalier qui mène vers la sortie, Caro prend des photos avec son téléphone et fouille dans les papiers posés sur le bureau dans le coin.

"Dépêche! Pas besoin de gros plans! Je t'attends là-haut, bouge-toi!"

Je retrouve l'air frais du sous-bois et je me sens un peu soulagé d'être sorti de cette grotte trop glauque. J'ai le sentiment d'avoir mis le doigt dans un engrenage qui va peut-être bien me broyer. Je tape frénétiquement mon pied sur le sol et grignote mes ongles, impatient.

Mais qu'est-ce qu'elle fout!

Je m'apprête à redescendre mais je m'arrête net... Un coup de feu retentit.

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