Odin se réveilla en sursaut. Ce n’était pas la première fois que quelques gouttes de sueur commençaient à perler sur son front après ce cauchemar, qui revenait nuit après nuit.

Il était rare, mais aussi inquiétant de voir autant de craintes se dessiner sur le visage très dur du Dieu des Dieux, roi des Ases, le père tout-puissant, le maître d’Asgard.

Inquiétant ? Oui, car en règle générale, Odin est d’une arrogance à en couper le souffle le plus divin, il pense tout contrôler, tout savoir, et rien ne peux l’atteindre, car il est la puissance divine incarnée.

Comment ne pas le croire quand vous êtes le Dieu siégeant sur le trône d’Asgard, et que vous pouvez prendre la forme que vous le souhaitez pour tromper vos ennemis ?
Il regarda sa lance, Gungnir, pensant qu’elle lui servirait certainement tôt ou tard.

— Gardes ! cria Odin de sa voix rauque, ce qui réveilla Frigg, son épouse.
Deux des gardes personnels du roi des Ases ouvrirent la porte de la gigantesque chambre, armés jusqu’aux dents.

— Ordonnez à Tyr et à mon fils Thor de venir tout de suite dans la salle du trône.
Les deux gardes s’éloignèrent, le bruit de leur pas résonnant dans les grands couloirs de la demeure des Ases.

Odin se leva, et une onde le traversa. Au fur et à mesure, des petites écailles dorées parcouraient son corps. Une fois ce sortilège terminé, Odin portait une armure rouge et dorée magnifique qui lui donnait une toute autre carrure. D’un claquement de doigts, il se retrouva dans la grande salle du trône, supportée par des piliers de marbre incrustés d’or et de saphir. On ne pouvait pas distinguer les limites de cette grande salle. Le trône etait supporté par de nombreux blocs de marbres, et il fallait monter des escaliers pour atteindre le siege du roi.

Tyr, le dieu de la guerre, de la justice et de la sagesse et Thor, dieu du tonnerre et fils d’Odin, étaient déjà présents.

— Vous étiez si pressé de me revoir, père ? dit Thor avec un sourire arrogant.

— Garde ce ton pour plus tard Thor, dit Tyr calmement. Si ton père nous a convoqués, c’est qu’il y a une bonne raison.

Thor faisait lentement tourner son marteau Mjöllnir autour de son poignet, sans se départir de son air satisfait .

— Cela fait plusieurs nuits que je fais le même cauchemar. Je vois le Ragnarök, ainsi que plusieurs monstres, et un en particulier attire mon attention, commença Odin.

— Que sont ces monstres ? demanda Tyr.

— Je pense que ce sont les enfants de Loki, et d’une géante. J’ai vu un serpent géant, une fille à deux visages, un cheval à huit pattes, et ... un loup géant. C’est ce dernier qui m’interpelle, je sens qu’il aura un rôle important à jouer lors du Ragnarök.

Thor s’étouffa dans une coupe de vin qu’il venait de se servir.

— Loki, mon frère adoptif ? Des enfants ? S’il y a bien quelque chose qui m’étonnerait, c’est qu’il devienne père, dit Thor, prenant un air plus sérieux.

— En effet, mais je le sais. Et je ne trompe pas, rétorqua Odin.

— Que pouvons-nous faire pour vous, Odin ? demanda Tyr.

— Je veux que vous vous rendiez tous les deux sur Jötunheim, voir si ces monstres sont bel et bien réels. Si c’est le cas, ramenez-les ici pour que je décide de leur sort.

— Si vous avez vu le Ragnarök, nous allons devoir agir vite.

— Allons voir Heimdall de ce pas, Tyr. J’aimerais en finir le plus tôt possible, intervint Thor qui finissait de boire son vin.

Odin eu un rictus. Ce qu’il avait caché à Tyr et Thor, c’est qu’il avait vu ce loup géant le dévorer et l’avaler d’un seul trait. Et, fait rare, la crainte le gagnait, car il sentait que ce cauchemar avait tout d’une vision. Plus il voyait Thor et Tyr quitter la salle du trône pour aller rejoindre Heimdall et le Bifröst, plus il entendait le rire farceur de Loki dans les couloirs de sa demeure…