Chapitre 4: La famille

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Point de vue d'Emma

Quand Kelvin m'avait proposé de me porter, j'avais d'abord refusé, et puis j'avais finis par accepter parce que j'étais vraiment fatiguée. Nous avions fait le tour de la ville comme ça, suscitant les rires de nos amis mais aussi ceux des gens dans la rue qui nous regardait avec un regard empli de tendresse et des murmures comme « ils sont trop mignons ces jeunes », « un nouveau petit couple »,« ils sont amoureux et complice, c'est adorable ». Toutes ces remarques me donnaient le sourire même si quelque part je regrettais que certaines ne soient pas vrais, en effet nous n'étions pas en couple mais on se comportait comme tel. Il m'attirait, ça j'en étais sûre et certaine mais était-ce réciproque ? Je n'en avais aucune idée. Il était presque midi, le temps était passé à une vitesse folle, nous nous étions beaucoup amusé, mais il était temps de retourner auprès des profs et du reste de la classe, et ça ça risquait de ne pas être aussi drôle que l'ambiance qu'il y avait au sein de notre groupe. Est ce que les garçons allaient nous laisser pour aller avec d'autres gens de la classe ? Est ce que la suite de la journée serait aussi joyeuse qu'elle avait pu être avec Kelvin ? Est ce qu'il allait totalement m'oublier une fois avec la classe ? Tant de questions se bousculaient dans ma tête, mais je n'avais la réponse à aucune d'entre elles. Une fois près de l'arrêt de bus pour rejoindre le parc, il me fit descendre de son dos et passa son bras autour de mes épaules, tout les doutes et les questions que j'avais pu avoir quelques secondes avant disparurent aussi vite qu'ils étaient arrivés.

-Ça va, pas de vertiges ? Me demanda-t-il un sourire en coin sur les lèvres.

-Non c'est bon ne t'inquiète pas, et merci de m'avoir porté, lui répondis-je.

-Tu es aussi légère qu'une plume alors aucun problème.

Il me fit son magnifique sourire en coin et on monta dans le bus. Arrivés au parc nous allâmes voir la prof pour lui signaler qu'on était arrivé et avec les filles on alla s'asseoir dans l'herbe.

-Vous pensez qu'ils vont nous rejoindre où qu'ils vont totalement nous zapper ? Dit Jessica en jetant un regard en direction des garçons.

-Franchement j'en sais rien mais j'espère pas on s'amusait tellement bien tous ensemble, dis-je déjà en phase de post dépression.

Quand Kelvin me jeta un coup d'œil, je baissai la tête déçue qu'il choisisse de me laisser après la superbe matinée qu'on venait de passer. Quelqu'un s'approcha de moi, je me doutais que c'était lui mais je ne souhaitais pas lui prêter attention, comme il l'avait fait depuis qu'on était dans ce parc. Il mit sa main sur ma joue, toujours debout. Je me reculai instinctivement, je lui en voulais.

-Emma s'il te plaît je peux te parler, me demanda-t-il tandis que je l'ignorais toujours.

Je secouais la tête pour lui faire comprendre que je ne souhaitais pas l'écouter.

-S'il te plaît Emma, je te parle et tu m'écoutes, dit-il d'une voix faible mais rauque.

Les filles me jetèrent des regards noirs, m'incitant à faire des efforts. Je finis par me lever, il me prit par la main mais je la retirai sur le champs, il semblait attristé et déçu mais je vis qu'il prit sur lui pour ne pas paraître plus mélancolique qu'il ne l'était déjà. On s'éloigna de tout le monde pour se retrouver derrière un buisson où nous étions à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes. Il mit un certain temps avant de parler comme s'il cherchait les mots exacts pour s'exprimer, il soupira un grand coup avant de dire :

-Écoute Emma je suis désolé si je t'ai laissé de côté quand on est arrivé ici, mais je voulais vérifier une hypothèse que je ne voulais pas accepter, et maintenant je me rends compte que je n'aurais pas dû te délaisser comme ça, excuse-moi.

-Et quel est cette hypothèse ?

-Je croyais que je pouvais m'éloigner de toi quelques instants mais en fait je n'y arrive tout simplement pas. Dès que je suis loin de toi, je me sens mal, comme vide de l'intérieur mais quand je suis avec toi je me sens plus moi-même, plus heureux, plus vivant.

Je restais sous le choc devant sa déclaration qui était pour le moins inattendu, malgré tout je réussis à rassembler mes forces et mes idées pour m'exprimer :

-Tu sais quand tu n'es pas venu nous rejoindre je me suis demandée pourquoi tu agissais comme ça après la matinée qu'on venait de passer à rigoler ensemble et à se rapprocher l'un de l'autre. Ça m'a fait mal, mais j'ai compris ce que tu m'as dis, parce que je ressens la même chose que toi, j'arrive pas à rester éloigner de toi, je tiens trop à toi mais je ne sais pas comment l'expliquer.

Je lui fis un grand sourire pour soutenir ce que je venais de lui avouer, qu'il me rendit aussitôt. Il s'approcha de moi, passa une main autour de ma taille, attira ma nuque contre son torse et me fit un câlin tendre et affectueux qui me fit oublier tout ce qu'il pouvait y avoir autour de moi ; le parc, la classe, nos amis ; il n'y avait que nous deux. Je me sentais si bien en sa compagnie. Il s'écarta légèrement de moi pour déposer un baiser sur mon front et me foudroya de ses yeux verts clairs que j'adorais.

-Tu pourrais venir dormir chez moi ce soir, pour que je puisse me faire pardonner, évidemment il n'y aura rien de déplacé, juste deux amis qui passent la soirée ensemble, me dit-il un demi-sourire aux lèvres.

-Bien sur que je veux bien, il faudra juste que je prévienne ma mère dans la journée.

Je lui fis un léger baiser sur la joue et nous retournâmes avec nos amis. Antoine et Corentin avaient rejoint les filles et rigolaient ensemble.

-Alors c'est arrangé entre vous deux ? Nous questionna Antoine.

On se mit à rigoler et on leur dit que c'était bon. On s'éloigna de nos camarades de classe pour aller déjeuner dans un coin plus tranquille. Tout le monde était en train de sortir leur sandwich sauf moi et pour m'amuser un peu, je décidai de piquer celui de Kelvin et partis en courant avec. Je l'entendais rigoler derrière moi tout en essayant de récupérer ce qui lui servirait de repas pour ce midi. J'avais mal au ventre à force de courir et de rigoler. Je sentis soudain ses mains se glisser autour de ma tailler pour me soulever, je rigolais de plus belle tout en essayant de me débattre pour retoucher la terre ferme. Il s'amusait à me chatouiller le ventre et les côtes pour que je lui rende son sandwich ce que je fis après qu'il m'ait déposé au sol. Notre pique-nique se passa dans la rigolade et la bonne humeur, tout le monde se taquinait. Vers 14 heures, les profs nous demandèrent de nous rassembler afin de nous donner les informations sur la suite du déroulement de l'après-midi.

-On va faire un genre de colamaya, afin de savoir si vous arrivez à retenir le physique de quelqu'un avec les yeux bandés, ensuite on fera une activité où vous serez par binôme, une autre où vous serez tous ensemble et on verra si vous êtes coordonnés et on finira par un jeu collectif. On va séparer la classe en deux pour le colamaya se sera plus facile, faites deux groupes de 15.

Évidemment Kelvin me dit de venir avec lui tout comme les garçons proposèrent aux filles, à notre petit groupe s'ajoutèrent d'autres gens qu'on ne connaissait pas encore très bien. Une fois les groupes fait, une fille se proposa pour commencer, la prof avait demandé à un garçon de se mettre devant elle et elle devait trouver qui il était sachant qu'avant de commencer le jeu, nous avions fait un tour pour se souvenir des prénoms de chacun. Elle ne réussit cependant pas à deviner qui c'était et quelqu'un d'autre prit le bandeau pour se cacher les yeux. Une fois que la personne eut trouvée je décidais de passer. Je mis le bout de tissus sur mes yeux et attendit qu'on me dise de commencer mais les seuls sons que j'entendais étaient des gloussements et des murmures. Je me demandais bien ce qu'il pouvait se passer mais je commençais plus à stresser et à m'inquiéter qu'à prendre du plaisir à ce jeu. J'entendis des voix me dirent que je pouvais commencer à toucher la personne en face de moi afin de deviner son identité, je n'avais strictement aucune idée de qui ça pouvait être. Je m'avançai donc à l'aveuglette, les mains devant moi jusqu'à sentir un torse musclé. A travers le tissu des vêtements je réussis à déduire que c'était un garçon puisque je ne sentais pas de fines bretelles sur les épaules qui auraient pu me permettre de penser que c'était une fille. Je posai délicatement mes mains sur son visage, tâtant petit à petit ses joues, son menton, ses yeux, ses oreilles et puis je mis mes mains dans ses cheveux. Je prenais vraiment mon temps, je savais que les autres s'impatientaient car je les entendais soupirer, mais je prenais le temps de le toucher. Je le sentis tressaillir quand je frôlais ses lèvres de mes doigts.

Son contact avait fait naître en moi un tas d'émotions différentes, du désir, de la chaleur, de la tristesse et du bonheur.

Je savais bien avant de commencer que c'était lui, j'avais reconnu son odeur enivrante et le peu de doute que j'avais pu avoir s'était envolé quand j'avais touché son front, lorsque j'avais perçus sous mes doigts la veine qu'il avait au milieu du front et qui était saillante quand on était à proximité.

-Kelvin, dis-je d'une voix enjouée en retirant le bandeau et le voyant en face de moi avec son sourire habituelle.

On retourna avec les autres et une autre personne participa.

-Tu as mis du temps à deviner, me chuchota Kelvin un peu déçu.

-Non je savais avant même de commencer que c'était toi, j'ai reconnu ton odeur et quand j'ai touché ton front j'ai sentis cette veine, dis-je en liant le geste à la parole.

-Alors pourquoi avoir mis presque quinze minutes avant de dire mon prénom ? Demanda-t-il dans l'incompréhension la plus totale.

-Bah en fait c'était pour mieux profité du toucher que j'avais. C'était très agréable.

Il me regarda amusé par mon aveu et me fit encore et toujours son adorable sourire en coin. Une fois le premier jeu terminé on passa à l'activité suivante, on devait se mettre par deux, l'un avait les yeux bandés et il devait remplir un verre avec de l'eau et transvasé le contenu du verre dans une bouteille tout en étant guidé par l'autre personne. Kelvin me proposa de suite qu'on se mette ensemble. Cette fois on était en classe entière mais on était séparé en deux groupes pour la compétition. Tout le monde s'amusait et rigolait, s'était difficile de faire confiance à la personne qui était à côté de nous pour nous guider mais étant donné qu'il était tout près de moi, je ressentis une force surhumaine à accomplir la mission comme il fallait. Tout ce que je faisais en sa compagnie me rendait tellement heureuse, il fallait vraiment qu'on continue à bien s'entendre comme ça, je voulais vraiment savoir si l'effet qu'il me faisait était réciproque, mais ça je ne pouvais le savoir qu'en étant plus proche.

Point de vue de Kelvin

La fin de journée se passa super bien, avec Emma on s'amusait comme des enfants tout les deux, pendant le temps du midi, je lui avais proposé de venir dormir à la maison et à ma grande surprise elle avait accepté. Quand on fut de retour au lycée, on dit au revoir à Corentin, Antoine, Mélanie et Jessica et on monta dans ma voiture, le trajet fut silencieux mais pas pesant, elle me demanda de la déposer chez elle afin de prendre de quoi dormir à la maison, le lendemain vendredi nous n'avions pas cours alors c'était plus pratique. De retour à la maison, je vis ma mère dans la cuisine.

-Salut maman, ça va ? Lui demandais-je en déposant un léger baiser sur sa joue.

-Oh mon chéri, oui ça va, alors cette journée comment ça s'est passé ?

-Vraiment très bien, d'ailleurs j'ai proposé à une amie de dormir ici ce soir, on a pas cours demain...

-Comment elle s'appelle ? Me questionna ma mère.

-Maman, sérieux commence pas c'est juste une amie, enfin c'est ma meilleure amie, elle s'appelle Emma.

-D'accord, d'accord. Tu veux que je fasse quoi à manger pour ce soir du coup ?

Je me mis à réfléchir un instant avant de me rappeler que ma mère avait une recette favorite qu'elle n'avait pas faite depuis longtemps. Je lui proposai mon idée et elle accepta de suite.

-Et dis moi elle est comment cette Emma ?

-Bah euh, elle est de taille normale, les cheveux châtains, les yeux gris, elle est vraiment très sympa, elle est à l'écoute... Tu vas voir tu vas l'aimer, c'est une fille géniale, lui répondis-je tout en pensant à elle.

-Tu es sûre que c'est juste ta meilleure amie ou il y aurait pas autre chose ? Me fit-elle remarquer un grand sourire dessiné sur le visage.

C'est dingue que ma mère sache aussi bien me cerner, je ne réussissais jamais à lui cacher quoique ce soit, pour mon plus grand malheur, mais il y avait des sujets que je ne souhaitais pas aborder avec elle, comme ce que je ressentais pour Emma.

-Maman, m'écriais-je. Je t'ai dis que c'était ma meilleure amie rien de plus.

Ma mère avait tendance à s'imaginer pleins de trucs, mais pour une fois elle avait raison Emma et moi étions bien plus que de simples amis mais pour le moment cela devait s'arrêter là. Je fus retiré à mes rêveries quand la sonnerie de la porte d'entrée retentit, c'était Emma sans aucun doute. Je lançai un regard noir à ma mère pour lui faire comprendre de ne faire aucun commentaire et je me dirigeais vers l'entrée, ma mère sur mes talons, étrangement silencieuse. J'ouvris la porte et la vit avec un petit sac dans les mains ainsi qu'un bouquet de fleurs et une bouteille de vin à la main. Elle était toujours aussi belle que cet après-midi. Elle me fit un sourire.

-Vas-y entre.

Elle s'exécuta, toujours les fleurs à la main. Je tendis la main pour les prendre mais elle me dit :

-Désolé mon chou mais c'est pas pour toi, c'est pour ta maman, dit-elle en jetant un regard derrière moi.

Ma mère était toujours dans mon dos, elle semblait surprise qu'Emma lui fasse un cadeau, même si ce n'était que des fleurs. Emma tendit le bouquet à ma mère et dit :

-Bonjour Madame Alen, je suis Emma Blanchet. Votre fils m'a proposé de venir dormir chez vous et je ne souhaitais pas venir ici les mains vide alors je vous ai apporté ces fleurs et du vin pour votre mari.

-C'est une délicate attention, je te remercie. Tu peux m'appeler Pénélope.

Ma mère prit ce qu'Emma lui tendait et partit à la cuisine. On était là tout les deux dans le couloir, attendant que l'un parle comme si cela faisait des années qu'on ne s'était pas vu.

-Viens on va aller dans ma chambre, lui murmurais-je en lui tendant ma main.

Elle l'a prit et me suivit à l'étage.

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