Chapitre XII.1

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Les gens aiment la violence parce qu’elle leur fait du bien, mais si l’on ôte la satisfaction de l’effet de cette violence, elle devient creuse

Attribué à Alan Turing

Marcy l’héroïque — Un trio agaçant — Le gang des voleurs de portable — Teresa l’impassible — Marcy à la rescousse — Le sort funeste du Nokia — Avertissement sans frais — Star en admiration — Une mauvaise rencontre — Problèmes d’hormones — Le beau parleur et la lionne — Vae victis — Marcy est créative — Vraiment, n’embêtez pas Punzie.

Le récit de Max avait captivé son auditoire, même si Marcy estima qu’il exagérait certains points de l’affaire ! En tout cas, le baromètre émotionnel de Star, qui mesurait — entre autres — son admiration envers l’ainée des Green bondit vers des sommets encore inégalés. Comme Marcy, Star n’avait pas de goût particulier pour la violence, mais détestait l’idée que l’on s’en prenne à plus faible que soi où que l’on touche à sa famille ou à ses amis. Marcy prenait cela très au sérieux et en avait fait un principe auquel elle ne dérogeait jamais ! Certes, Star n’admirait pas le côté bagarreur de l’histoire, mais que la belle Marcy puisse mettre KO une montagne de muscles comme Benny — et d’un seul coup de poing encore — démontrait des qualités de courage, de détermination, de sang-froid et d’esprit de décision qui l’impressionnait bien plus que l’exceptionnelle force physique de la très sculpturale miss Marceline Rutherford Green !

— Tu sais, ajouta Teresa, ce n’est pas le seul fait d’armes de ma très chère sœur ! Il y a quelques années, alors que j’étais encore au lycée, Marcy m’a aidé à récupérer le téléphone portable qu’une bande d’imbéciles m’avait piqué !

— Teresa, répondit doucement Marcy, c’est une vieille histoire sans trop d’importance…

— Tu parles, sans toi j’en aurais été de ma poche pour retrouver un autre smartphone, le plus embêtant dans tout ça c’est que je m’en servais surtout de bloc-notes au cas où une idée particulièrement brillante m’aurait traversé l’esprit !

— Effectivement, de ce point de vue, le monde des lettres aurait eu beaucoup de mal à se remettre d’une perte aussi inestimable !

— La ferme Max ! C’est très, très sérieux ! Je vais tout vous raconter, comme ça, Star, tu jugeras !

Juste après la fin des cours, Teresa avait fini de consulter quelques messages sans grande importance sur son téléphone et s’apprêtait — enfin — à noter les surprenantes fulgurances littéraires jaillies de son esprit alors qu’elle s’ennuyait ferme en cours d’histoire. C’est à ce moment que l’incident avait éclaté, devant les portes du Lycée, quand le trio lui était tombé dessus. C’est bien connu, dans tous les établissements scolaires, il y a toujours un groupe de petits malins qui adorent décider qui est digne d’intérêt et qui l’on doit ostraciser, etc. Max n’y avait jamais prêté attention et, de toute façon, avec sa capacité à se fondre dans le décor il passait largement en dessous du radar de ce genre de types ; Teresa par contre attirait l’attention, mais, toute à son œuvre, elle était totalement imperméable à tout genre de moquerie et, comme ce n’est pas amusant de s’en prendre à une cible qui ne réplique pas, ils se lassèrent rapidement. Quant à Marcy, disons que l’on évite en général de chercher des noises à une jeune fille de sa stature, surtout que lors d’un entraînement — un peu vif — elle éventra un des sacs de frappe du gymnase d’un coup de pied bien placé.

La fille blonde lui avait fait sauter son portable d’un coup sec du revers de la main et sa copine la rousse l’avait rattrapé au vol. Un vol net et sans bavure, mais fort inattendu : Teresa connaissait les coupables, la blonde était dans sa classe et toujours suivie de près par l’autre ; pourtant aucune d’entre elles ne lui avait encore fait de mauvais coups.

Non, le détonateur, c’était ce troisième larron : un type brun, de taille moyenne, mais plutôt costaud, la mâchoire carrée et le sourire en coin ; très exactement le cliché du « joueur-vedette-de-football-à-l’université » dont les scénaristes en mal d’inspiration et voulant copier le modèle américain, peuplent les mauvaises séries pour adolescents — celles avec les rires enregistrés, les pires —. Et visiblement, ce spécimen avait un jour déposé son cerveau au vestiaire, histoire d’être plus à l’aise pour rouler des mécaniques, exercice qui était visiblement plus à sa portée. Son problème venait, sans nul doute, du fait qu’il n’avait jamais pensé à récupérer l’organe en question.

Ses deux groupies lui remirent le téléphone en gloussant bêtement tandis qu’il exhibait fièrement le téléphone volé à Teresa comme un trophée. Teresa pouvait endurer beaucoup de choses, notamment le fait que sa tenue vestimentaire la fasse régulièrement qualifier de « clocharde », « hippie » voire « pouilleuse » et autres épithètes issues de l’imagination de certains camarades — ou mêmes professeurs — qui est toujours inépuisable dans le registre des noms d’oiseaux. Mais autant elle se fichait comme d’une guigne des noms d’oiseaux dont on pouvait l’affubler, et qui glissaient sur sa garde-robe comme des gouttes de pluie sur le dos d’un canard, il était en revanche inadmissible que l’on puisse lui piquer ses affaires, surtout celles où elle notait les idées pour son fameux grand roman — celui que, selon elle, tout le monde attend — ; aussi elle protesta, tempêta, ce qui ne fit qu’attiser les rires du trio.

— T’as pas besoin d’un téléphone aussi classe, vu que t’as même pas de quoi te payer une paire de godasses !

— Maintenant fiche le camp sale petite crasseuse, glapit la fille blonde, avant que je te casse la figure !

— On voit que tu sais vraiment pas à qui tu as affaire, renchérit la rousse.

— Et maintenant, voyons un peu mon nouveau smartphone les filles, ajouta crânement le garçon à la plus grande joie des deux autres.

Que son smartphone — et surtout les précieuses notes qu’il renfermait — tombe dans les pattes de ces trois guignols dont les quotients intellectuels combinés égalaient, selon elle, tout juste celui d’une part de lasagne, ça c’était extrêmement rageant !

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